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Burkina Faso : Procès Marcel Tankoano et autres, un vaste complot déjoué

Publié le vendredi 23 juin 2023  |  Libre Info
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© Autre presse par DR
Le président du M21, Marcel Tankoano
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Les prévenus Marcel Tankoano, Pascal Zaïda, Désiré Guinko, Souleymane Boukari Conombo, Boukari Tapsoba, Alain Alain, Lookman Sawadogo et Abdoul Karim Baguian dit Lota ont comparu ce 22 juin 2023, au Tribunal de grande instance Ouaga I au Burkina. A cette audience, ils ont levé un coin de voile sur l’affaire appel à incendier le palais du Mogho Naaba.

Lorsqu’il a été appelé à la barre, Désiré Guinko, ex-chargé de mission à la présidence du Faso sous le président Roch Kaboré a rejeté les déclarations selon lesquelles il était au courant d’un appel à incendier le palais du Mogho Naaba.

« Je ne me rappelle pas d’une réunion qui s’est tenue le 23 avril. C’est Zackaria Tagnan seul qui sait qu’il y a eu une réunion le 23 avril. C’est son opinion à lui. Même la rencontre qui a eu lieu, dans le cadre des activités du Front uni pour le Faso, nulle part, il n’a été question de faire des audios appelant à incendier le palais du Mogho Naaba » a-t-il dit.

Une réponse qui ne semble pas convaincre le juge. « Mais M. Guinko, avez-vous participé à la réunion du début jusqu’à la fin? » interroge-t-il. « Non, M. le président, j’ai pris la réunion en cours » répond Désiré Guinko. « Mais pourquoi déclarez-vous que l’affaire des audios n’a pas été évoquée lors de la réunion » ajoute le juge.

A son tour, Pascal Zaïda a nié à la barre avoir eu connaissance de l’enregistrement d’audios. « Je n’ai pas participé à l’élaboration d’un plan M. le président. Je reconnais seulement que je suis celui qui a mobilisé les autres (Marcel Tankoano, Désiré Guinko, etc) pour la création du Front uni pour le Faso (…) Au Front, il n’a jamais été question d’aller brûler le palais du Mogho Naaba.» a dit Zaïda.

Cependant, ce qui est surprenant, c’est que devant le procureur du Faso, le prévenu Marcel Tankoano avait signifié que tous les membres du Front uni pour le Faso étaient au courant du plan.

Les liens de Pascal Zaïda avec l’activiste Aminata Rachow (une Burkinabè résident en Allemagne, ndlr) ont été évoqués. «L’activiste Aminata Rachow est une sœur» a indiqué Pascal Zaïda répondant à une question du juge qui a cherché à savoir s’il connaissait Aminata Rachow « Est-ce que vous échangez souvent ?» poursuit le juge. « Oui par WhatsApp. Nous échangeons sur la situation nationale. Il y a des informations que j’envoie à Aminata Rachow ou à Naïm Touré pour qu’ils vérifient l’authenticité. Je discute avec Aminata presque tous les jours.» a déclaré Pascal Zaïda.

Boukari Conombo, membre du mouvement Brassard noir affirme avoir reçu les audios en question, sans pour autant savoir qui les a produits.

« J’ai reçu les audios de la part de Désiré Guinko. Mais, M. le président, je ne les ai pas pris au sérieux. Parce que personne ne peut penser à aller brûler le palais du Mogho Naaba. Désiré m’a fait comprendre que c’est le Directeur général de l’Agence nationale de renseignement (ANR), le capitaine Oumarou Yabré qui l’a envoyé les audios » explique à la barre, Boukari Conombo.

Le témoin Tagnan…
Zacharia Tagnan persiste et signe que lors d’une réunion, il a été décidé de faire les audios et que lui et Mamadou Zigui étaient chargés de mobiliser les gens autour du palais du Mogho Naaba. « J’ai refusé de mobiliser les gens pour aller brûler le palais du Mogho Naaba parce que je n’aime pas la violence. Marcel Tankoano a trouvé que je suis un traître et que si c’était dans l’armée, je devrais être exécuté» a fait comprendre Zacharia Tagnan.

« Pourquoi n’avez-vous pas empêché Marcel Tankoano de faire les audios ? » a voulu savoir l’avocat de Pascal Zaïda Me Isaac N’Dolimana. « Qui suis-je moi, pour l’empêcher de faire cela? Je n’étais pas compétent pour empêcher Marcel Tankoano de faire ces audios. Tout ce que j’ai pu faire, c’est la dénonciation à la police nationale » répond Zacharia Tagnan.

Lota et le lancement de l’assaut

Abdoul Karim Baguian dit Lota est un leader d’opinion. Il est fortement soupçonné par la justice de faire partie des cerveaux du plan « appel à incendier le palais du Mogho Naaba».

Selon le juge, Lota a écrit à l’activiste Aminata Rachow et voici la teneur de l’écrit : « Salut, il est temps qu’on agisse». Et Aminata de répondre : « Eh Oui! Je t’appelle après ».

« Abdoul Karim dit Lota m’a écrit et m’a fait comprendre qu’il faut maintenant lancer l’assaut» a fait observer l’animateur Alain Traoré alias Alain Alain. « J’ai cru que c’était dans le cadre des activités du Collectif des journalistes et leaders d’opinion victimes de menaces. C’est lorsqu’il a parlé de financement que je me suis rendu compte qu’on ne parlait pas de la même chose. Puisque je me suis dit qu’on n’a pas besoin de financement pour parler, pour exprimer son point de vue. C’est Lota seul qui sait ce qu’il a voulu dire par lancer l’assaut» poursuit Alain Alain.

Selon lui, il échange avec l’activiste Naïm Touré. « Nous discutions de la situation nationale. Il est très critique sur la situation nationale (…) C’est bien possible que je lui ai dit qu’il faut que le régime tombe. J’ai aussi eu à discuter avec Aminata Rachow une seule fois et c’est à Naïm Touré que j’avais demandé son numéro» a déclaré l’animateur.

Ce n’est pas tout. Le juge va plus loin en donnant lecture des messages émis et reçus par Lota. Il aurait écrit à Pascal Zaïda pour lui dire qu’il faut lancer l’assaut. Et Pascal Zaïda répond : « Oui il le faut. Je vais en parler à Zeph. Il pourrait être le président de la Transition et c’est l’occasion pour lui de corriger ses erreurs de 2014».

Lota aurait aussi écrit au journaliste Abdoulaye Barry pour lui dire qu’il faut lancer l’assaut. « On ne peut plus attendre» a-t-il dit dans la conversation. Le même message aurait été aussi envoyé à l’activiste Aminata Rachow.

Toujours dans ses échanges avec Zaïda, que le juge a lus, Lota aurait affirmé avoir fait signe à Ablassé Ouédraogo, le président du parti « Le Faso Autrement » qui lui a fait comprendre que Clément Sawadogo du MPP, ancien parti au pouvoir a désisté.

A la barre, le journaliste Lookman Sawadogo, lui, ne se souvient de rien. Il déclare même avoir été assez traumatisé. « Je ne me souviens pas avoir entendu Abdoul Karim Baguian dit Lota me parler d’assaut. Je ne me souviens de rien. Avant que je ne sois arrêté, j’étais traumatisé et après, à la MACO, j’ai été aussi traumatisé. Je fais un effort pour vous rejoindre M. le président» a dit Lookman Sawadogo.

Cependant, selon le juge, Lookman Sawadogo aurait déclaré qu’il faut agir vite en brûlant des pneus dans des marchés et yaars, sur des voies publiques et agiter les populations. « Je ne me reconnais pas dans ses propos» a clamé le journaliste Sawadogo. L’audience reprend demain vendredi 23 Juin 2023, dans la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance Ouaga I.
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