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Burkina : le procès Vincent Dabilgou prend une nouvelle tournure

Publié le mercredi 21 juin 2023  |  Libreinfo.net
L’ex
© Autre presse par DR
L’ex ministre burkinabè des Transports sous le regime du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), Vincent Dabilgou
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Le procès Vincent Dabilgou s’est poursuivi, ce 20 juin 2023 dans la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance Ouaga I au Burkina Faso. Un incident d’audience a amené le tribunal à renvoyer le dossier au 26 juin.

Par Nicolas Bazié

Le procès Vincent Dabilgou a pris une nouvelle tournure. Dès la reprise de l’audience ce 20 juin, les avocats de l’ancien Directeur des affaires financières ( DAF) du ministère des Transports, Jean Gabriel Séré, ont demandé à ce que les pièces présentées au tribunal par les avocats de la défense et qui accablent leur client soient «purement» écartées sous prétexte qu’elles sont fausses.

«Parmi les pièces présentées par les avocats de M. Dabilgou, il y a du faux M. le président. C’est Dabilgou qui les a falsifiées. Ces éléments doivent être écartés parce qu’il faut que le procès soit sain » a clamé l’un des avocats de Jean Gabriel Séré.

Ce sont des pièces qui montrent à souhait que Jean Gabriel Séré est PDG de plusieurs entreprises. C’est ainsi que le 19 juin, le parquet, après une vérification auprès de la Maison de l’entreprise, a réussi à établir que ces pièces étaient fausses et que Jean Gabriel n’était pas PDG des entreprises citées par les avocats de Vincent Dabilgou.

Cependant, selon les avocats de l’ancien ministre des Transports, tous ces éléments ont été produits par Jean Gabriel Séré, lui-même, qu’il avait présentés au ministre Dabilgou comme une justification de patrimoine avant sa prise de fonction.

A la barre, Jean Gabriel Séré a balayé du revers de la main, la plupart des pièces produites argumentant qu’elles ont été falsifiées donc fausses. Comment se fait-il que l’acte de procédure de divorce de Jean Gabriel Séré se retrouve parmi les pièces ? C’est sans doute la question que le parquet et le tribunal ont posée.

C’est en ce moment que l’ex-DAF du ministère des Transports a fait observer ceci: « Pour la procédure de divorce, c’est le cabinet de Me Ambroise Farama qui se charge du dossier. Je suis surpris de voir une pièce du dossier ici ».

Il a présenté une autre pièce qui selon lui, se retrouve uniquement sur son téléphone portable qui a d’ailleurs été volé. Qui donc a volé le téléphone de Jean Gabriel Séré ? Comment la pièce s’est-elle retrouvée chez les avocats de Vincent Dabilgou? Autant de questions qui taraudent les esprits des membres du Tribunal, du parquet et certainement de l’assistance.

Et ce n’est pas tout. « Il y a d’autres pièces qui sont en lien avec une affaire pénale dans laquelle j’étais impliqué et j’ai été gardé à vue pendant 5 mois à Ziniaré. A l’époque, c’était Me Samuel Bougoum (avocat du NTD dans le présent dossier, ndlr ) qui était mon avocat» explique Jean Gabriel Séré qui semble être perdu.

Ce qui est incontestable, c’est que Me Bougoum a été l’avocat l’ex DAF du ministère des Transports, Jean Gabriel Séré. Il a aussi été stagiaire dans le cabinet de Me Ambroise Farama au moment de la procédure de divorce de Séré. « Ce n’est pas moi qui ai envoyé la pièce de la procédure de divorce de Jean Gabriel Séré» a d’abord lancé Me Bougoum qui ajoute : « Tout ce qui est dit ici est considéré comme non fondé. Je n’ai aucune intention de nuire à Jean Gabriel Séré».

Avec le ministre Dabilgou, c’est le même son de cloche. « J’ai reçu les documents de M. Séré mais, je n’ai pas regardé pour savoir s’il y avait de fausses pièces à l’intérieur » se défend l’ancien ministre des Transports, lorsqu’il s’est attardé sur la justification de patrimoine de Jean Gabriel Séré.

Qu’à cela ne tienne, le procureur a trouvé qu’oser venir présenter de fausses pièces au tribunal est assez gravissime. Il a rassuré qu’il ne laissera pas l’affaire en l’état et qu’il poussera ses enquêtes pour établir la vérité. Déjà, le procureur a maintenu que les pièces présentées sont fausses.

« Le ministère public ne doute aucunement de la fausseté des pièces présentées devant le tribunal par les avocats de la défense. Le ministère public ne compte pas s’arrêter là, il donnera une suite judiciaire à cet acte gravissime» a déclaré le procureur qui a demandé au juge d’écarter simplement ces pièces du procès.

Selon lui, il n’est pas opportun de surseoir totalement au procès. Donc, «il faut les écarter et continuer le procès. Que ce soit les avocats ou Dabilgou lui-même qui a produit les fausses pièces, le parquet se réserve le droit de la suite de ces agissements » insiste le procureur.

Conflit d’intérêt …
Les avocats de Jean Gabriel Séré sont formels qu’il y a un conflit d’intérêt dans le dossier. C’est pourquoi, ils tiennent mordicus à ce que lesdites pièces soient mises à l’écart.

Cependant, le tribunal n’est pas compétent pour dire à Me Bougoum de quitter le procès. Ce que l’un des avocats de Jean Gabriel Séré a rejeté soutenant que si le juge trouve qu’il y a un conflit d’intérêt, il est en droit de demander à Me Bougoum de quitter la salle d’audience, donc le procès.

Les avocats de Vincent Dabilgou répliquent en ces termes : « C’est le Bâtonnier qui est compétent pour affirmer qu’il y a un conflit d’intérêt dans ce cas d’espèce ou pas. Pas le président de ce tribunal ».

Pour le procureur, il n’y a personne d’autre mieux que le tribunal pour se prononcer sur la question. «Il n’y a aucun débat qui doit se poser » sur cet incident d’audience fait-il savoir expliquant que c’est le juge qui apprécie.

Me Samuel Bougoum a indiqué que: « si conflit d’intérêt il y a, je préfère me déporter». Dans cette dynamique, il affirme qu’il entend saisir le Bâtonnier qui est chargé de régler les affaires déontologiques des avocats.

Dès le début du procès, le juge s’était voulu très clair sur un éventuel conflit d’intérêt. « Je vous avais prévenu que je ne veux pas voir de conflit d’intérêt dans ce procès. Je l’avais bien signifié dès le début» a lancé le juge à l’endroit des avocats de la défense.

Après concertation avec ses conseillers, le juge a déclaré qu’il y a bel et bien un conflit dans le procès, ce qui sous-entend que Me Samuel Bougoum ne peut pas assurer la défense du NTD, le Nouveau temps pour la démocratie.

Séance tenante, il a été demandé à Vincent Dabilgou s’il voudrait constituer un nouvel avocat pour le compte du NTD. Le prévenu a accepté et il lui a été donné jusqu’à lundi pour trouver un autre conseil pour défendre son parti. L’audience reprend donc le lundi 26 juin 2023.
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