Le Premier ministre, Dr Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla, a accordé une audience à une délégation d’associations féminines du Burkina Faso, conduite par la ministre en charge de la Femme, Nandy Somé/Diallo. Cette rencontre a été une occasion pour la délégation, de réaffirmer son soutien aux autorités de la Transition et de discuter des goulots d’étranglement qui entravent l’épanouissement de la gente féminine, notamment sa faible participation aux sphères de décision.
C’est un entretien franc, riche en enseignements sur la situation nationale et la place de la gente féminine dans la société qui a eu lieu entre le Premier ministre, Dr Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla, et les femmes de la société civile burkinabè.
A l’entame de son propos, la porte-parole de la délégation, Rosalie Ouoba, a salué le leadership du président de la Transition, le Capitaine Ibrahim Traoré, et du Chef du Gouvernement pour les succès engrangés dans la reconquête de notre territoire, favorisant ainsi le retour, à ce jour de plus de 200 000 personnes déplacées dans leurs localités d’origine.
« Malgré les nombreux défis, le Burkina Faso reste debout. En témoigne, la tenue de plusieurs événements, à l’instar de la SNC, du FESPACO, du SIAO, etc. Nous saluons la montée en force de nos FDS, de nos VDP qui se matérialise par la destruction de nombreuses bases terroristes, le retour de l’administration dans certaines localités. Ce sont des indicateurs très encourageants, même si des défis persistent. Les femmes sont sensibles aux efforts des autorités dans la gestion de la crise sécuritaire et humanitaire. Nous encourageons tout ce qui a déjà été entrepris », a-t-elle expliqué.
Du reste, elle a fait savoir que les femmes du Burkina Faso restent engagées, aux côtés des autorités de la Transition, pour toutes les actions qu’elles mènent sur le terrain pour que notre pays retrouve la paix et la quiétude.
« Dans les situations de conflit, les femmes payent un lourd tribut. Néanmoins, elles ont toujours apporté leurs contributions pour la recherche de solutions. Sur le plan traditionnel, par exemple, quand il y a une situation difficile, les femmes sont toujours là. Elles donnent des idées, contribuent aux réflexions et aux actions concrètes sur le terrain. Nous avons assuré le Premier ministre que nous jouons ce rôle et que nous sommes disponibles à accompagner le Gouvernement pour les actions qui pourraient être confiées éventuellement aux femmes, aux associations de femmes », a confié Rosalie Ouoba.
Même si elles ont salué les efforts du Gouvernement pour la promotion de femmes au niveau des postes de responsabilité et de prise de décisions, les femmes ont estimé que cela reste encore timide.
Suite à cette prise de position, le Premier ministre a soutenu que les femmes, notamment l’élite féminine, doivent se battre davantage pour arracher la place qui leur revient dans la société.
« Tout le monde sait que les femmes se battent, mais c’est seulement au niveau de la base. Vers le sommet, elles ne se battent pas réellement. Ce qui intéresse les femmes instruites, c’est faire carrière et elles veulent que les choses changent brusquement », a affirmé le Chef du Gouvernement.
Selon lui, les femmes doivent encourager les jeunes filles à s’engager à tous les niveaux, sinon leurs places seront occupées par les hommes.
« Il vous faut inculquer l’esprit de combat au niveau des jeunes filles, dès leur bas-âge. C’est comme cela qu’elles seront initiées au combat. C’est de cette façon que demain, elles n’auront pas peur d’assumer des postes de responsabilité. On aura alors beaucoup de femmes leaders », a-t-il conseillé.
Pour les femmes, ce combat est difficile, car elles sont confrontées à des pesanteurs sur le plan social, politique et économique, portées par le patriarcat.
Néanmoins, Dr Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla, a estimé que même si ce combat est difficile, il n’est pas impossible et qu’elles doivent faire plus, pour leur épanouissement dans la société.
Et le Premier ministre de poursuivre : « Pour la formation du Gouvernement, j’ai consulté de nombreuses femmes. Plusieurs ont refusé de faire leur entrée dans le Gouvernement. De même, on constate qu’aux niveaux scolaire et universitaire, les filles sont très peu à militer dans les associations, alors que ce sont des écoles qui peuvent les préparer à assumer leur leadership. C’est une lutte personnelle et perpétuelle. Il faut que les femmes trouvent les moyens de se libérer elles-mêmes. Personne ne viendra vous libérer si ce n’est vous-mêmes. Il vous faut identifier les obstacles, les étudier et voir comment les briser. Le Gouvernement est disposé à vous accompagner dans ce sens. On ne cherche que des femmes compétentes à promouvoir ».
La ministre en charge de la Femme, Nandy Somé/Diallo, a abondé dans le même sens que le Chef du Gouvernement, en affirmant qu’au niveau de son département, des femmes ont été consultées pour des nominations de directrices régionales et provinciales, mais nombreuses d'entre elles ont refusé d'assumer ces postes de responsabilité.
Les femmes ont aussi saisi l’opportunité de cette rencontre pour plaider pour une rencontre avec le Chef de l’Etat, à l’instar des autres composantes de notre société. Une requête qui a reçu l’avis favorable du Premier ministre.