Le paludisme tue plus de 600 000 personnes dans le monde chaque année dont 96% des africains, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). C’est pour éliminer cette maladie que des chercheurs burkinabè et britannique ont mis en place un vaccin dénommé R21. Pr Halidou Tinto, directeur de recherche en parasitologie au CNRST du Burkina, est la figure emblématique de cette découverte historique dans le monde. Dans cet entretien accordé à Libreinfo.net, il parle de la situation actuelle de ce vaccin et invite les autorités burkinabè à l’homologuer pour sauver des vies.
Libreinfo.net : Comment se positionne le centre de Nanoro (centre-ouest) dans la lutte contre le paludisme au niveau national et international ?
Pr Halidou Tinto : Pour parler de l’unité de recherche de Nanoro et sa position dans l’environnement mondial de la recherche clinique de vaccin, il faut dire que c’est une unité qui a été créée en 2009 pour s’investir dans la recherche de solutions aux problèmes de santé de nos populations mais plus orienté vers le paludisme.
C’est à l’occasion des essais cliniques du premier vaccin RTS,S qui est aujourd’hui homologué par l’OMS, que cette unité a été créée avec le soutien de la fondation Bill et Melinda Gates.
Nous avons participé comme onze autres unités de recherche en Afrique à tester ce vaccin en 2009 et 2014 et les résultats ont abouti à la conduite de l’essai pilote qui s’est déroulé au Ghana, au Malawi et au Kenya. C’est à l’issue de cette implémentation que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé l’utilisation de ce vaccin en 2021.
Après cela, nous avons entrepris depuis 2019 l’essai clinique sur le candidat vaccin R21 qui est un vaccin de deuxième génération, qui a quasiment la même protéine que le RTS,S mais modifié pour le rendre beaucoup plus efficace.
En 2021, nous avons publié les résultats de la phase 2 conduite entièrement et exclusivement à Nanoro dans le Centre-Ouest du Burkina. Ces résultats ont rapporté une efficacité de 77%.
Donc je peux dire que l’unité de recherche clinique de Nanoro est au firmament des recherches de vaccins contre le paludisme en Afrique.
Libreinfo.net : Quelle est la situation de la lutte contre le paludisme au Burkina Faso ces dernières années ?
Pr Halidou Tinto : Comme vous le savez, il y a eu beaucoup d’efforts sur le plan national et avec le soutien des partenaires pour accélérer l’agenda de contrôle et d’élimination du paludisme au Burkina.
Ces dernières années, des interventions ont été introduites notamment la chimio-prévention saisonnière du paludisme pour prévenir cette maladie chez les enfants de moins de 5 ans. Il y a le traitement intermittent chez les femmes et les campagnes de distribution de moustiquaires imprégnées.
Mais il faut reconnaître que malgré tous ces efforts, le paludisme reste quand même le principal problème de santé publique au Burkina. L’année dernière, on a rapporté environ 12 millions de cas de paludisme.
Ce qui est encore très élevé pour un pays comme le Burkina. Malheureusement chaque année on déplore 4000 à 5000 décès. Ce qui veut dire que les outils que nous proposons ne sont pas suffisants et qu’il faut faire plus. C’est en cela que le vaccin R21 peut avoir un grand rôle à jouer dans la perspective de l’élimination de cette maladie.
Libreinfo.net : Est ce qu’au niveau des autorités il y a une politique claire qui donne de l’espoir que le taux de mortalité lié au paludisme pourrait connaître une baisse considérable dans les années à venir ?
Pr Halidou Tinto : Les autorités font beaucoup d’efforts quand on regarde tous les investissements qui sont faits.
Mais il faut comprendre qu’une chose est de proposer des outils aux populations, et une autre est que ces populations s’approprient ces outils et les utilisent de façon optimale.
Lorsqu’on prend par exemple les moustiquaires imprégnées, on se rend compte que malgré les efforts de distribution, l’utilisation effective de ces moustiquaires est moins de 50%.
Quand on prend la chimio-prévention du paludisme, on se rend compte qu’il y a des difficultés d’adhésion aux traitements qui sont distribués. Toutes ces difficultés font qu’on n’arrive pas à atteindre les objectifs en matière de lutte contre le paludisme.
Libreinfo.net : Vous avez mis en place un vaccin contre le paludisme dont l’efficacité est estimée à 77%. Où en est-on avec ce vaccin ?
Pr Halidou Tinto : Avec nos partenaires à savoir l’université d’Oxford qui ont synthétisé la protéine R21, le Serum Institute of India qui est producteur du vaccin et l’Union Européenne qui est le bailleur de fonds, nous avons conduit la phase 2 du vaccin qui a permis de démontrer, pour une première fois dans l’histoire de l’humanité, qu’un vaccin pouvait aller au-delà de 75% d’efficacité.
Cela était un objectif de l’OMS à l’horizon 2030 et nous l’avons atteint en 2021 soit 9 ans avant l’échéance. Ces résultats encourageants ont incité notre partenaire indien (Serum Institute of India) à investir pour qu’on aille vers une phase 3, qui est la phase ultime. Parce que si les résultats de la phase 3 en termes d’efficacité, de tolérance et de sécurité sont confirmés, cela permet la mise sur le marché de ce vaccin. Cette phase 3 est en cours.
Nous l’avons débuté avec la participation de quatre pays : le Burkina, le Malawi, le Kenya et la Tanzanie. Ces pays testent la phase 3 du vaccin avec près de 4 800 enfants vaccinés qui sont suivis. Nous sommes presque à deux ans de suivi. La première année de suivi a déjà confirmé les résultats de la phase 2, c’est-à-dire, une efficacité supérieure à 75% et une sécurité rassurante.
Cela a amené le consortium d’entreprendre des démarches auprès de l’OMS et des pays pour que ce vaccin puisse être adopté et homologué de façon transitoire, le temps qu’on finisse la phase 3.
Je vous rappelle que la phase 3 a été prolongée pour aller jusqu’à 4 ans de suivi afin de tester l’efficacité à long terme du vaccin. Si vous prenez par exemple le vaccin contre la fièvre jaune, c’est dix ans de protection.
Nous nous sommes inspirés de ce qui s’est passé avec la Covid-19 : la communauté scientifique a été capable de développer un vaccin et de le faire homologuer en une année, parce que c’était un scandale sanitaire mondial.
C’est vrai qu’on ne peut pas comparer le paludisme à la Covid-19, mais il faut dire qu’en Afrique, le paludisme tue plus que la Covid-19. Quand on prend le cas du Burkina, en trois ans, on a eu moins de 1000 décès liés à la Covid. Alors qu’avec le paludisme on a près de 5000 décès par an.
Donc nous nous sommes dit : après un an de suivi de la phase 3, est-ce que l’OMS ne pouvait pas recommander ce vaccin, pour qu’on commence à l’utiliser déjà.
Parce qu’une seule minute qui passe, ce sont des décès qu’on enregistre. Le dossier a été soumis à l’OMS qui est en train de l’examiner. Mais certains pays comme le Ghana et le Nigéria ont pris leur responsabilité en homologuant ce vaccin.
Nous pensons que cela pourrait inciter l’OMS a accéléré la cadence. Parce que le dossier est examiné, à mon sens, avec une lourdeur administrative. Ce qui ne permet pas la prise de décision. Nous espérons que le vaccin avec efficacité élevée sera bientôt homologué en entendant qu’on termine le processus de la phase 3.
Libreinfo.net : Dans l’une de vos interviews, il est ressorti que le déploiement de ce vaccin est prévu à partir de 2023. Est-ce cela est toujours d’actualité ?
Pr Halidou Tinto : Oui, cela reste d’actualité. Le Ghana a homologué le vaccin, c’est-à-dire qu’il donne l’autorisation de l’utiliser sur son territoire, de même que le Nigéria. Nous espérons que le Burkina ira dans le même sens. Je trouve que c’est frustrant pour nous chercheurs que la base de la recherche ait été menée au Burkina et un pays comme le Ghana qui n’a pas participé à la recherche récolte les fruits.
C’est pourquoi j’appelle à travers votre micro les autorités burkinabè à prendre leur responsabilité pour que le vaccin soit le plus rapidement homologué, comme l’ont fait les autorités du Ghana et du Nigéria. Sinon cela voudrait dire que nous faisions de la recherche pour d’autres personnes qui l’utilisent alors que des Burkinabè meurent chaque année du paludisme.
Libreinfo.net : Qu’est-ce qui entrave l’homologation du vaccin au niveau de l’OMS selon vous ?
Pr Halidou Tinto : L’OMS a mis en place des procédures pour l’homologation des vaccins. Il y a des procédures pour les vaccins qui concernent les maladies classiques et des procédures mises en place pour des situations d’urgence comme le cas de la Covid.
Celles pour les maladies classiques recommandent un certain nombre d’années de suivi avant l’homologation. Si le paludisme était considéré comme une urgence mondiale, vous verrez que le processus serait plus rapide.
Mais pour nous chercheurs, nous pensons que la dynamique doit changer. Avec Covid, on s’est rendu compte qu’il était possible de mener des recherches et d’homologuer un vaccin en une année.
Donc, on doit tirer des leçons. C’est vrai qu’on considère le paludisme comme une maladie endémique, mais cette maladie fait plus de 600 000 décès par an dans le monde.
Libreinfo.net : Quel est l’intérêt de la recommandation de l’OMS pour un vaccin comme R21 ?
Pr Halidou Tinto : Il faut savoir que la recommandation de l’OMS est importante pour les pays. Nous avons les bailleurs de fonds, ce qu’on appelle le GAVI qui achètent les vaccins pour les donner gratuitement aux pays. Ces bailleurs n’achètent un vaccin qui n’est pas homologué par l’OMS.
Cependant, si le Burkina décide d’homologuer ce vaccin en dehors de l’OMS, comme les autres pays, des partenaires pourront mettre de l’argent à la disposition du pays pour qu’il puisse acquérir ce vaccin auprès de la firme pharmaceutique Serum Institute of India. Le gouvernement burkinabè peut décider aussi de façon souveraine d’acheter ce vaccin.
Libreinfo.net : Est-ce que vous pensez avec certaines personnes que des lobbies des firmes pharmaceutiques voudraient entraver ce processus pour garder leurs chiffres d’affaires ?
Je peux comprendre que des gens pensent à des populations, mais ce qui est intéressant en science, ce sont les résultats qui parlent. Si vous avez bien suivi, nos résultats de la phase ont été publiés dans le Lancet.
Libreinfo.net : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la mise en œuvre de ce vaccin ?
Pr Halidou Tinto : Sur le plan pratique, nous n’avons pas eu de difficultés. Ce qui nous a permis de passer de la phase 2 à la phase 3.
Sur le plan financier, nous avons bénéficié du financement de l’Union Européenne pour la phase 2 et du financement de Serum Institute of India pour la phase 3.
Sur le plan de l’engagement communautaire, nous avons constaté un fort engagement des populations à participer à nos essais cliniques. C’est pourquoi nous avons moins de 10% d’abandon des populations que nous avons sélectionnées pour faire le suivi.
Libreinfo.net : Avez-vous déjà une idée sur l’impact que pourrait avoir ce vaccin sur les cas de paludisme au Burkina et de façon générale sur l’Afrique ?
Pr Halidou Tinto : Son impact sera très important, parce que si vous prenez le paludisme au Burkina, ce sont 70% des 12 millions de paludisme qui concerne les enfants de moins de 5 ans.
Imaginez si on arrivait à réduire le nombre de cas de paludisme à 75% sur les 12 millions de cas. C’est énorme.
Sur le plan économique, cela aura un impact important. Parce que si vous prenez le traitement moyen du paludisme qui est à 3000 FCFA et vous ajoutez les paracétamols, les perfusions, etc, on pourra réduire de plusieurs milliards au profit des familles et la nation.
Aujourd’hui, il y a la gratuité des soins pour les enfants, cela veut dire que l’Etat va économiser des milliards qui pourront être investis sur d’autres secteurs de développement.
Déjà, nous sommes en train de réfléchir sur des approches pour un déploiement plus efficace de ce vaccin. Parce que vous pouvez avoir un bon outil, mais la façon de déployer peut déterminer son impact.
Libreinfo.net : Vous êtes en collaboration avec l’Université d’Oxford et Serum Institut of India pour la production du vaccin. Finalement, qui produit le vaccin ?
Pr Halidou Tinto : Il faut savoir qu’en matière de recherche, le chercheur fait ses recherches et les mettent à la disposition de la Communauté.
Le chercheur n’est pas un acteur pour commercialiser son produit de recherche. La recherche a été menée par l’Université d’Oxford en Angleterre en collaboration avec l’Unité de recherche clinique de Nanoro du Burkina.
Le rôle de l’université d’Oxford, c’est d’avoir travaillé sur le plan de la biotechnologie à modifier cette protéine (RTS,S) sur laquelle nous avons travaillé initialement. L’université nous a approché pour voir comment nous pouvions nouer un partenariat.
Notre compétence ce sont les essais cliniques. C’est-à-dire, prendre un produit, concevoir un protocole, le tester, collecter toutes les informations (sur son efficacité, sa tolérance, sa sécurité) et dire enfin si le produit est bon ou pas.
Une fois que cela est fait, entre en jeu un second acteur très important : celui qui va produire et commercialiser le produit. Il faut savoir que même dans la conception de la protéine vaccinale RTS,S, il y a un autre acteur qui est intervenu à savoir Novavax.
Novavax est une firme américaine qui produit l’adjuvant. L’adjuvant est un véhicule qui va transporter la protéine vaccinale dans l’organisme. Parce que la protéine vaccinale à elle seule ne peut pas être injectée.
Il faut alors un adjuvant. C’est ce même adjuvant appartenant à Novavax qui a été utilisé pour le vaccin Astracageneca contre la Covid-19 par exemple.
Donc, c’est un consortium qui met en place le produit. Une fois que le produit est prêt, il y a une convention signée avec le Serum Institute of India. C’est cette firme indienne qui fabrique presque tous les vaccins du programme élargi de vaccination de l’Unicef.
À cette phase de commercialisation, le Serum Institute of India rachète le Brevet et se charge de la production et de la vente du vaccin. En ce moment, le chercheur n’est plus acteur. Et si vous suivez le mécanisme de financement pour la recherche de ce vaccin, ce sont des fonds publics.
Ce n’est pas un prêt qu’on doit rembourser. Cela participe à rendre le coût du vaccin plus accessible. Par exemple, l’objectif présentement est de pouvoir vendre ce vaccin entre 3 et 4 dollars (environ 1800 à 2400 FCFA) la dose.
Libreinfo.net : Quelles seront les retombées de ce vaccin pour le Burkina Faso ?
Pr Halidou Tinto : Nous sommes en discussion avec Serum Institute of India pour que nous puissions bénéficier de doses gratuites lorsque le vaccin sera homologué.
Par exemple, nous négocions un million de doses gratuites pour les mettre à la disposition du ministère de la Santé afin que les enfants burkinabè puissent en bénéficier gratuitement. Ce qui fera plus de 4 milliards de FCFA si on allait acheter.
Après cela, il faut un plaidoyer entre le Ministère de la Santé et Serum Institute of India pour que ce vaccin puisse être vendu au Burkina Faso a un coût relativement bas pour permettre l’acquisition des millions de doses par l’État burkinabè.
Notre objectif est que ce vaccin soit subventionné par la suite par l’État burkinabè pour que nos mamans n’aient pas à payer pour faire vacciner leurs enfants.
Libreinfo.net : Donc le vaccin sera produit en Inde ?
Pr Halidou Tinto : Tout à fait. Parce qu’ils ont la capacité de cette production. Prenons par exemple le vaccin RTS,S homologué par L’OMS. La production annuelle est de 6 millions de doses. Ce qui est insignifiant vu la demande en Afrique par exemple. Le Burkina a souscrit pour acquérir ce vaccin mais il ne peut espérer qu’un million de doses pour vacciner seulement 250 000 enfants, quand on considère qu’il faut quatre doses par enfant pour avoir une efficacité.
Pourtant, le Serum Institute of India s’engage à produire 200 millions de doses par an. Cela veut dire qu’il a la capacité de produire le vaccin en grande quantité pour satisfaire la forte demande. Il n’existe pas pour le moment une firme pharmaceutique au Burkina et en Afrique capable de produire 200 millions de doses par an.
À l’heure actuelle, c’est Serum Institute of India qui peut le faire et nous sommes en partenariat avec cet institut. Nous sommes contents de ce partenariat parce que cela nous rassure que nous n’aurons pas de difficultés d’accès liées à la capacité de production lorsque ce vaccin sera homologué.
Libreinfo.net : Pourquoi le paludisme est plus répandu en Afrique que dans les autres parties du monde ?
Pr Halidou Tinto : Le paludisme est plus répandu en Afrique parce que le climat est favorable pour le développement du vecteur qui est le moustique. C’est pourquoi on parle de maladies tropicales.
L’autre élément est qu’en Afrique, nous n’avons pas encore gagné la guerre de l’assainissement. Pour arriver à contrôler le paludisme, il faut qu’on aille vers une maîtrise de nos conditions de vie, surtout l’assainissement. Donc, il y a le facteur climatique et le facteur de l’assainissement.
Libreinfo.net : On a l’impression que les grandes firmes pharmaceutiques ne s’investissent pas assez dans la recherche du vaccin, pourquoi cela ?
Pr Halidou Tinto : Vous savez que les firmes pharmaceutiques sont à la recherche du gain : « Je n’investis pas si je n’ai pas une garantie de gain ».
Ces dernières années le leadership en matière de recherche sur les vaccins contre le paludisme est mené par les instituts de recherche.
Les firmes pharmaceutiques interviennent au moment où nous avons des produits qui promettent. C’est le cas du vaccin R21. Le produit a été synthétisé par l’université d’Oxford qui a bénéficié des fonds du gouvernement anglais. En ce moment, il n’y a pas de risques, puisque les fonds sont donnés sous forme de dons.
Aujourd’hui, les firmes pharmaceutiques pensent qu’investir dans la recherche sur le vaccin est un risque à ne pas prendre.
Elles peuvent avoir raison parce que le parasite qui est la cause des maladies est très complexe. Investir pour faire des recherches sur quelque-chose sans garantie de gain, vous conviendrez avec moi que peu d’entreprises peuvent prendre ce risque.
Mais dès qu’il y a des recherches qui aboutissent à des candidats vaccins comme le R21, les firmes pharmaceutiques s’engagent.
Libreinfo.net : C’est quoi le programme GAVI ?
Pr Halidou Tinto : Le programme GAVI est un mécanisme de financement mondial qui permet de mobiliser des ressources financières pour mettre à la disposition des pays en voie de développement des vaccins à zéro franc.
Ce sont des mécènes qui mettent de l’argent sans attendre un retour sur investissement. Il y a par exemple la fondation Bill and Melinda Gates qui est le plus grand investisseur dans le programme GAVI. Il y a aussi la Banque mondiale par exemple. Les vaccins que les bébés reçoivent gratuitement dans le cadre du programme élargi de vaccination sont fournis par GAVI.
Libreinfo.net : Pourquoi le Burkina Faso ne fait pas partie des pays pilotes ?
Pr Halidou Tinto : Parlant des pays qui font l’objet de l’implémentation pilote du vaccin RTS,S, la raison est simple. En son temps, nous avons beaucoup discuté.
Ils ont estimé qu’au Burkina, nous avons la stratégie de prévention du paludisme pendant la saison pluvieuse avec la méthode chimiothérapie de paludisme saisonnier. Avec cette méthode, il était difficile de déterminer la part du vaccin et celle de la chimiothérapie.
C’est pourquoi le Ghana, le Malawi et le Kenya ont été choisis pour l’implémentation pilote parce qu’ils n’ont pas cette stratégie de prévention à travers la chimiothérapie. Donc c’est une raison purement scientifique pour déterminer l’effet réel du vaccin sur les sujets.
Libreinfo.net : En attendant l’homologation du vaccin, quels conseils avez-vous à donner à la population en cette veille de l’hivernage?
Pr Halidou Tinto : Pour le moment, nous sommes en train de nous battre pour que le vaccin R21 soit homologué au Burkina Faso et partout en Afrique.
C’est bientôt la saison pluvieuse et je voudrais dire aux populations qu’il est important de respecter les recommandations faites par le secrétariat permanent pour l’élimination du paludisme, en attendant l’homologation du vaccin.
Il s’agit entre autres de l’utilisation des moustiquaires imprégnées, de la pratique de la chimiothérapie qui est très efficace pour prévenir le paludisme.