Dr Harouna Kaboré, expert en intelligence économique : « Après l’adoption de l’Etude nationale prospective Burkina 2050, il va falloir élaborer immédiatement des études sectorielles… »
Dans cette interview accordée au journal de tous les Burkinabè, Sidwaya, l’expert en intelligence économique, chef d’entreprises, Dr Harouna Kaboré, analyse les enjeux et défis actuels et futurs du développement socioéconomique du pays des Hommes intègres, fait des propositions pour le succès de la future « Etude nationale prospective Burkina 2050 », mais aussi pour la stabilisation et la sécurisation des politiques publiques de développement. Il revient également sur le contenu de son récent ouvrage.
Sidwaya (S) : Quel est le quotidien de l’ancien ministre en charge du Commerce qu’est Dr Harouna Kaboré ?
Dr Harouna Kaboré (H.K) : Mes journées sont celles d’un père de famille, d’un chef d’entreprise, d’un responsable associatif. Je manage les entreprises que j’ai créées au Burkina Faso et dans la sous-région. Comme tout entrepreneur, je suis au quotidien à la recherche de débouchés pour mes entreprises. Je m’occupe également à travers des activités de consultance internationale pour des organismes internationaux, principalement dans les domaines du développement des chaines de valeur agricoles, des filières porteuses, et qui m’amènent dans plusieurs capitales africaines, européennes et autres. Sur le plan associatif, avec mes camarades, nous travaillons sur les sujets d’éducation citoyenne, d’entreprenariat social, à travers l’association Endogène que nous avons mise en place. En plus de tout cela, je m’occupe au quotidien des miens.
Notre ambition est de contribuer au développement de notre pays qui se pose en termes politique, économique, social et culturel. Chaque acteur doit y apporter sa touche, en fonction de ses compétences, pour ainsi contribuer à faire grandir la nation, faire prospérer l’intérêt général. Personnellement, nous nous investissons dans l’entreprenariat, la création d’emplois, des richesses nationales mais aussi dans l’éducation citoyenne, car sans un capital humain façonné par rapport aux besoins du pays, il est difficile d’atteindre des résultats.
S : Vous avez écrit un livre sur l’influence de l’intelligence économique (IE) sur la prospective dont la dédicace a eu lieu le mardi 16 mai 2023, à Ouagadougou. De quoi est-il exactement question dans cet ouvrage ?
H.K : Le livre comporte trois parties. Les deux premières parties, au-delà des champs définitionnels, montrent l’articulation entre l’IE et la prospective, en faisant un zoom sur les études nationales prospectives dans la sous-région et en Afrique. La troisième partie est consacrée à des préconisations qui traitent à la fois des questions économiques, des secteurs productifs, des infrastructures, de l’éducation, des langues nationales, de l’intelligence artificielle, de la diplomatie ; tout ce qui devrait permettre de faire du Burkina une nation forte, prospère, une puissance économique sous-régionale. Nous abordons aussi l’ensemble des chocs qui peuvent advenir, ce qui se fait ailleurs, notamment en Afrique avec l’Agenda 63. L’objectif principal étant de contribuer à la co-construction d’une intelligence collective, d’un avenir partagé en remettant le « système Burkina » sur une trajectoire vertueuse, gage d’une prospérité sociale et économique pour tous les Burkinabè.
S : Pouvez-vous expliciter davantage ces concepts d’intelligence économique et de prospective ?
H.K : L’intelligence économique relève de la science de gestion, de management. Elle est un outil de gouvernance de l’information qui, elle-même, est considérée comme une matière première utile aux États et aux entreprises, c’est-à-dire aux organisations en général. L’IE, à travers ses outils, permet à tout dirigeant public, privé ou d’organisation, de collecter, traiter, analyser et utiliser l’information en fonction de ses objectifs : identifier des secteurs d’investissement, faire face à la concurrence, connaitre les innovations, développer son projet. A l’échelle d’un pays, l’IE permet d’organiser sa production, de structurer ses secteurs porteurs, de collecter suffisamment d’informations pour anticiper sur certains chocs ; mais aussi pour rayonner, avoir de l’influence dans sa sphère d’action. L’IE peut être donc une politique publique conduite par un pays. Mon souhait est que notre pays élabore sa politique publique d’IE. Quand j’étais ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, j’avais pris un arrêté en 2019, créant une cellule d’intelligence économique au sein du ministère qui a été fort utile à mes collaborateurs et moi dans l’anticipation et dans la prise de solutions de mitigations pour faire face à des chocs ou à des crises dans le cadre des missions confiées au département.
La prospective, quant à elle, permet de travailler à la fois pour définir des avenirs possibles, pour un pays, une entreprise privée, ou une organisation. Etant donné que nous évoluons dans un environnement concurrentiel et d’incertitude, avec beaucoup de chocs endogènes et exogènes, il n’y a pas de trajectoire toute faite pour une nation ou une entreprise. Il y a donc lieu de s’interroger sur l’avenir, de se projeter, d’anticiper les évènements. A cet effet, l’étude prospective constitue un outil majeur. Il peut s’agir d’une étude nationale prospective où l’on travaille sur la base des aspirations de la population en définissant différents scenarii d’avenirs possibles (bons ou mauvais) pour le pays, dans une temporalité bien définie, de 20, 25 ou 30 ans. Lorsque l’on souhaite que le meilleur scenario se produise, on se donne les moyens pour développer des politiques publiques (éducatives sanitaires, économiques, industrielles, etc.) devant permettre l’avènement du futur souhaité. Mais, il faut savoir que la prospective ne prédit pas l’avenir ; elle définit différentes possibilités de ce qui peut advenir au pays, en fonction des réalités bien analysées, bien étudiées.
S : Quel lien existe-t-il entre l’IE et la prospective ?
H.K : L’intelligence économique est une politique publique qui permet de faire des études stratégiques, prospectives. Elle emprunte à la prospective ses outils, notamment de scenarii, veille stratégique, de collecte d’informations stratégiques. Ce sont donc deux démarches sécantes dont la combinaison peut contribuer à produire des résultats assez probants. A titre d’exemple, si un pays décide de développer une industrie pharmaceutique, il aura besoin de réaliser une étude prospective pour bien analyser l’environnement, de structurer les actions à mener, d’avoir de l’information sur l’état de la concurrence, les normes, les exigences, les contraintes du secteur. Pour cela, vous avez besoin de collecter l’information, l’analyser, la conceptualiser pour pourvoir prendre des décisions. L’intelligence économique intervient en ce moment à travers ses outils de veille stratégique, de protection des données stratégiques et d’influence. Une fois que les activités du secteur sont lancées et des projets mis en œuvre, vous avez besoin d’être régulièrement dans l’anticipation, en faisant de la veille, en influençant les autres marchés, à travers les instruments de l’IE. La veille, un des instruments de l’IE, s’invite ainsi en amont de la prospective et en aval de celle-ci.
S : L’IE occupe donc une place importante dans la gouvernance d’un Etat et le management d’une entreprise ?
H.K : Toute entreprise a besoin aujourd’hui de prendre des décisions sur son secteur d’activité, son marché. Pour le faire, elle a besoin d’avoir la bonne information, de savoir quels produits développer, pour quels types de clients, quelle stratégie marketing mettre en place. Aujourd’hui, avec le développement de l’espionnage industriel, une bonne démarche d’IE permet à votre entreprise d’organiser, d’utiliser et de sécuriser ses informations stratégiques. Lorsque vous souhaitez investir à l’international, vous aurez nécessairement besoin d’informations sur le potentiel du marché, le client, les normes, sanitaires. En plus, si vous voulez faire sortir un produit et rester durablement sur le marché, l’IE vous permet de vous projeter.
En matière de politiques publiques, pour développer une région, un territoire, il est nécessaire de connaitre son potentiel, les aspirations des populations qui y vivent, ce qui se passe dans les autres régions afin de définir une trajectoire à garder sur une ligne droite en agissant régulièrement contre les adversités qui tendront à faire dévier cette trajectoire. Cela exige une capacité d’anticipation pour pourvoir, à chaque fois, faire face aux chocs, aux mutations, etc. L’IE permet à une entreprise, une organisation de la société civile, un Etat d’avancer dans les environnements incertains et complexes. Dans un monde en perpétuel changement, de concurrence féroce, où tout est interconnecté, il est impossible de fonctionner le jour le jour.
Sur le plan de l’emploi par exemple, avec l’avènement des TICs, de l’intelligence artificielle qui modifient totalement et au fur et à mesure le marché du travail, nous devrions nous poser la question de savoir si, dans 5, 10 ans, nous aurions besoin des types de profils que nos universités forment aujourd’hui. Autrement, nous aurions dépenser de l’argent pour former notre jeunesse qui ne serait pas utile sur le marché de l’emploi dans quelques années ! Une bonne politique d’IE, une bonne étude prospective, vous aide à savoir ce qu’il vous faut dans 10 ans par exemple. C’est pour cela nous pensons que le Burkina Faso doit mettre en place une politique publique d’IE.
S : En tant expert de l’IE, quel est le niveau de connaissance et de pratique de l’IE au Burkina Faso ?
H.K : Notre pays dispose d’un ministère en charge de la prospective. Pour le peu que je sais, le choix d’adopter une stratégie nationale d’intelligence économique, existe, et je crois que le ministère en charge des Finances y travaille. Mais, il faut continuer accélérer, car les choses changent, le monde évolue. De plus en plus, dans notre pays, il y a des universités qui proposent des Master en IE, notamment l’Université Thomas Sankara. Il y a de plus en plus de Burkinabè du secteur privé ou de l’administration publique qui font des diplômes en la matière. Le concept n’est donc pas nouveau pour nombre de Burkinabè, peut-être qu’il n’est pas suffisamment popularisé. Au niveau de la Chambre de commerce et d’industrie, à travers l’académie de formation, AIGLE, je pense que l’IE est pris en compte dans les curricula.
A titre personnel, comme je l’ai dit plus haut, la cellule d’intelligence économique au ministère en charge du Commerce, créé en 2019, me permettait de mettre sur la table certains sujets, de demander à mon équipe de collecter des informations afin que nous puissions anticiper sur un certain nombre de projets, de reformes structurantes et de mieux agir pour que notre pays reste compétitif. Au niveau du secteur privé, sans que cela ne soit définit comme une pratique formelle d’IE, beaucoup d’entreprises ont des directions de recherche et de développement, de marketing qui utilisent des outils de l’IE. Dans notre pays par exemple, avec l’effort de changement de paradigmes, il y a des formes d’offensives, pour promouvoir les investissements, renforcer son influence au niveau de la CEDEAO, de l’UA, sans pour autant que cela ne soit inscrit dans une stratégie formelle d’IE. On devrait franchir le cap et structurer davantage cela dans une politique publique d’IE.
S : Que faire pour davantage ancrer la culture IE aussi bien dans les secteurs privés que publics burkinabè ?
H.K : Il nous faut adopter une politique publique d’IE. Comme on développe des stratégies dans les secteurs de la santé, de l’éducation, etc., notre pays doit se doter d’une stratégie nationale d’IE.
S : L’IE peut-elle être un instrument de lutte contre le terrorisme ?
H.K : La lutte contre le terroriste engage beaucoup de choses, notamment le renseignement ; qui dit renseignement, dit la collecte et le traitement de données. Ce processus de traitement de données jusqu’à l’obtention de l’information pour prendre une décision est similaire à une démarche d’IE. En conclusion, pour lutter contre le terrorisme, il faut maîtriser l’information afin de prendre de bonnes décisions. Il y a aussi la question de l’influence. Quand on analyse le terrorisme, avec l’ensemble des acteurs qui y interviennent, il y a forcément une démarche d’influence ou de contre-influence à opérer. Je suppose que cela se fait.
S : Est-ce qu’on peut dire que si notre pays disposait d’une véritable politique d’IE, il aurait pu éviter ce qui lui arrive aujourd’hui ?
H.K : Mais pas l’IE seulement. Dans mon livre, je traite de l’articulation entre l’IE et la prospective ; ce qui permet d’anticiper, de se projeter sur les différents scénarii. Quand j’analyse, l’Etude nationale prospective (ENP) Burkina, 2025, qui a abordé les questions sociales, je n’ai pas vu une étude sectorielle prospective sur la sécurité et la défense, assortie d’un cadre opérationnel. Si bien qu’on ne sait pas, ce qui a pu être prévu sur le plan sécuritaire à la suite de l’ENP. Une chose est sûre, le terroriste n’est pas venu de très loin, on avait des pays comme le Niger, le Mali qui étaient déjà affectés par le phénomène. Je reste convaincu que s’il y avait eu une étude prospective dans le secteur de la sécurité, et que l’administration se l’était appropriée, en la transformant en une politique publique, en actions clairement définies sur le terrain, nous aurions pu anticiper sur certains aspects. Cela ne veut pas dire qu’on aurait pu éviter que les terroristes s’en prennent à notre pays, mais qu’on aurait pu avoir plus de réussites, prendre le dessus très tôt. Car, on aurait peut-être pu se donner les moyens d’anticipation. Il faut le reconnaitre, à partir de 2016, la propagation du terrorisme a été quelque peu fulgurante. Cela s’expliquerait par le fait qu’on ne s’était pas préparé à y faire face.
S : Comme vous l’évoquiez tantôt, notre pays s’est doté d’une Etude nationale prospective (ENP) Burkina 2025 qui, au bilan, ne semble pas avoir été suffisamment appropriée, efficacement mise en œuvre ? Comment expliquez-vous cette situation ?
H.K : On constate que les référentiels nationaux de développement qui ont suivi l’ENP Burkina 2025 étaient battus sur deux pieds : le programme du président élu et ladite étude nationale prospective qui étaient systématiquement cité dans les documents de planification du développement. Mais en même temps, dans la pratique, dans l’administration, en fonction des gouvernements, des ministres qui arrivaient, on se mettait à développer de nouvelles stratégies dans tous les secteurs : l’éducation, la santé, etc. C’est une bonne chose certes, mais si cela avait été fait sur la base de l’éclairage d’études prospectives sectorielles dans les domaines concernés après l’adoption de l’ENP 2025 elle-même, on aurait eu plus de succès dans l’atteinte des objectifs poursuivis et dans la coordination des actions de développement en termes de complémentarité et d’optimisation des ressources et du temps. Il y a eu moins d’appropriation de l’ENP 2025 par l’administration, c’est un fait !
En somme, pour qu’il y ait une appropriation d’une Etude nationale prospective comme celle-ci, il aurait fallu, à sa suite, réaliser des études sectorielles sur les thématiques vitales au moins. En dehors des secteurs du SIDA, du coton, il n’y en pas eu d’autres à ma connaissance ! Même à ce niveau, je ne sais si on en a fait une bonne exploitation. C’est pour cela que nous pensons qu’après l’adoption de l’ENP Burkina 2050, il va falloir élaborer immédiatement des études sectorielles, thématiques, afin de permettre à l’administration publique de disposer d’outils de référence dans tous les segments, pour mieux bâtir des référentiels de développement, des stratégies etc…
S : En dehors des études sectorielles, y a-t-il d’autres garde-fous pour garantir les succès de l’ENP Burkina 2050 ?
H.K : D’abord, il y a les conditions préalables de succès. Il faudrait déjà que la constitution de la base prospective pour réaliser l’ENP soit bien menée pour bien comprendre le « système Burkina » dont on veut mener l’étude prospective, afin de comprendre les différents facteurs qui conditionnent la dynamique du système ; de mettre à l’évidence les forces, les faiblesses, les opportunités, les menaces à l’avenir du système. La prise en compte sérieuse des aspirations profondes des populations va conditionner la qualité de l’ENP 2050. Il faudrait aussi qu’on soit convergent sur l’identisation des faits porteurs d’avenir qui sont susceptibles d’entrainer des changements importants à moyen ou long terme. Il est bon que l’on puisse associer les principaux acteurs et entrepreneurs du changement pour que la prospective se cristallise en action efficace et s’inscrive dans un projet collectif. Il ne faudrait pas que ce soit une affaire de groupes de techniciens, car on doit sortir une vision qui est effectivement partagée par l’ensemble des Burkinabè, un scénario tendanciel sur l’avenir souhaitable voulu par tous.
Mais pendant qu’on est en train de préparer l’ENP Burkina 2050, il y a des réponses à apporter à des questions conjoncturelles. Par exemple, aujourd’hui, il nous faut un dialogue social, une stabilité politique, en finir avec le terrorisme, maitriser l’inflation… La première garantie de succès réside donc dans la prise en charge efficace de toutes ces questions urgentes du moment. Nous devons donc ensemble faire converger nos actions pour soutenir les FDS et les VDP dans la reconquête du territoire et poser des actes de solidarités envers les Personnes déplacées internes (PDI)
S : Vous avez parlé dans votre livre du « nouveau système Burkina » à l’horizon 2050. Quel serait, selon vous, le spécimen du Burkina qu’il nous faut en 2050 ?
H.K : Si l’on pose la question tout de suite aux Burkinabè, il est clair que tout le monde répondra que la paix et la sécurité est le souhait prioritaire aujourd’hui. Mais comme je l’ai dit, la prospective n’est pas une science prédictive, seule une étude, en tenant compte de l’ensemble des aspirations, de la vision partagée, permet de dégager l’avenir souhaité. Il est donc évident que les Burkinabè aspirent à un pays stable qui se développe davantage, qui est prospère sur le plan social et économique ! Maintenant, comment on y arrive ? Certains pensent qu’il faut passer par l’éducation pour enclencher le développement. D’autres vont estimer que c’est en développant l’industrie qui crée des emplois. Vous ne pouvez donc pas, à l’avance, le savoir. C’est seulement en constituant une bonne base prospective, avec de bonnes analyses qui prennent en compte les différentes aspirations des populations qu’on arrive à définir les différents scénarii d’avenirs possibles, pour enfin définir l’avenir souhaitable et décliner la vision à long terme puis des actions pour y arriver.
S : Comme vous l’avez souligné, l’un des problèmes majeurs de notre développement réside dans l’instabilité de nos référentiels nationaux de développement, du fait qu’ils sont soumis aux aléas des changements institutionnels, politiques. Que faire pour mieux sécuriser, stabiliser durablement nos politiques publiques de développement ?
H.K : Le Burkina a adopté, en 2018, une loi sur la planification du développement. Cette loi a fixé des horizons : 30 ans pour les études prospectives nationales, 10 ans pour les études prospectives sectorielles et 5 ans pour les référentiels de développement. La première garantie est que nous acceptions d’appliquer la loi. Si par exemple, on adopte une politique sectorielle de 10 ans dans l’éducation, tout gouvernement ou régime qui arrive devrait s’y conformer, en développer une série d’actions, de stratégies pour rester dans la trajectoire qu’on s’est fixée. Maintenant, si l’on vient et si l’on s’en écarte, il y aura forcément du désordre. Si cette étude a associé les entrepreneurs du changement de ce secteur on devrait avoir pris en compte les vraies aspirations et les bons signaux relatifs à ce secteur pour se projeter. On ne devrait plus être dans une situation où chacun vient faire selon ses seules convictions mais plutôt selon l’avenir partagé. Ce qui peut changer, selon que vous êtes un gouvernement de gauche ou de droite ou toute autre idéologie ou orientation, ce sont les priorités et non la vision partagée. Si la priorité d’un gouvernement donné est l’éducation, il devrait venir trouver une étude prospective sectorielle qui a déjà tracé les grandes lignes dont il ne peut s’en écarter et tout recommencer à zéro. Si un autre pouvoir a tout autre secteur comme priorité, il en fera autant ! Mais tout ceci en veillant à une articulation intelligente des secteurs de planification, des politiques publiques pour atteindre l’objectif à long terme fixé par l’ENP. Il faudra aussi une certaine forme de veille citoyenne pour qu’on ne s’écarte pas de la trajectoire partagée, qu’on maintienne à chaque fois le « système Burkina » sur une trajectoire vertueuse, car le plus important, c’est le Faso d’abord.