OUAGADOUGOU - Des députés français de gauche réclament une enquête parlementaire en France sur le rôle éventuel de leur pays dans l'assassinat de l'ancien président burkinabè Thomas Sankara il y a 25 ans, le 15 octobre 1987, a indiqué lundi à Ouagadougou une de leurs représentantes.
"Le Front de gauche a demandé le 5 octobre dernier la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire pour la vérité dans l'assassinat du président Thomas Sankara (1983-1987). On veut savoir s'il y a eu implication ou non de la France", a déclaré lors d'une conférence de presse Sylvie Jan, responsable Afrique au Parti communiste français (PCF), l'un des partis de ce "front" de la gauche radicale.
Arrivé aux affaires par un putsch, Sankara, le "père" de la révolution "démocratique et populaire" au Burkina Faso, a été tué lors du coup d'Etat qui le même jour a porté l'actuel président Blaise Compaoré au pouvoir.
"Si le président (français François) Hollande et son nouveau gouvernement veulent mettre fin à la +Françafrique+, cela passe par regarder notre histoire en face", a estimé Mme Jan en référence à ces réseaux d'influence mêlant politique, affaires et affairisme dans les relations entre Paris et ses anciennes colonies africaines.
Me Bénéwendé Stanislas Sankara, avocat dans le dossier Sankara et opposant,
a dénoncé une procédure judiciaire "bloquée par le président Compaoré", qu'il
a accusé d'être responsable de la mort de l'ancien chef de l'Etat.
Plusieurs associations, parmi lesquelles l'ONG Survie, ont participé à la
conférence de presse.
Par ailleurs, quelques dizaines de personnes se sont rassemblés lundi au
cimetière de Dag Noën (est de Ouagadougou) pour une cérémonie devant la tombe
de Sankara, marquée par des chants révolutionnaires et le dépôt de gerbes de
fleurs.
Dans un message lu au cimetière, Mariam Sankara, la veuve de l'ancien
président, qui vit en exil en France, a appelé le peuple burkinabè à rster
"uni, mobilisé et déterminé" pour mettre fin au pouvoir "impopulaire" de
Blaise Compaoré.
Des conférences et projections de films sur la vie de Sankara ont été
programmées dans la capitale et dans des villes de l'intérieur du pays pour ce
25e anniversaire.
roh/tmo/sba