Situation sécuritaire dégradante à Nouna : « Le silence et l’indifférence des gouvernants sur la question frisent le mépris envers les citoyens » (Ressortissants)
Tueries, enlèvements, exécutions, viols, bastonnades, humiliations, pillage du bétail et des biens matériels, prélèvement de la Zakat, déplacements en masse de personnes, destructions de biens, blocus, contrôles et menaces sur des personnes innocentes… Telle est la situation, horrible, que les forces vives de la commune de Nouna (Boucle du Mouhoun) ont présenté samedi lors d’une conférence de presse sur la crise sécuritaire dans la Kossi. Impuissantes face à cette terreur, ils ont demandé aux dirigeants de sortir « de leur silence » pour sauver leur localité. Ci-dessous leur déclaration liminaire.
« Mesdames et messieurs les journalistes,
Soyez les bienvenus dans la nouvelle salle de la mairie de Nouna.
Nous vous remercions pour l’honneur que vous faites à notre invitation par votre présence.
Les forces vives ont pris l’engagement de donner sa lecture de la recrudescence de l’insécurité dans la Kossi et la présente conférence de presse s’inscrit dans ce contexte.
Mesdames et messieurs les journalistes,
Permettez-nous de nous incliner sur la mémoire de l’ensemble des victimes FDS, VDP et civiles tombés du fait d’actes terroristes que subit notre pays depuis 2015 et d’exprimer notre entière solidarité à l’endroit de plusieurs milliers de déplacés internes qui vivent une situation dégradante et humiliante dans leur propre pays.
Chers journalistes
L’heure est très grave.
En effet, la situation sécuritaire de la province va de mal en pis à cause de la pression terroriste subit par les habitants de certains villages.
En rappel, le14 mars 2022, des individus armés ont sommé les habitants de plusieurs de quitter sous peine de représailles. À nos jours, nous comptons plusieurs villages qui ont déguerpi. Des chefs-lieux des communes de Sono et de Bourasso sont assiégés par les terroristes qui y règnent sans foi ni loi.
L’insécurité continue alors de rythmer l’actualité provinciale avec chaque jour son lot de désolation : des tueries, des enlèvements, des exécutions, des viols, des bastonnades, des humiliations, du pillage du bétail, des biens matériels, le prélèvement de la Zakat, des déplacements en masse de personnes, des destructions de biens, du blocus, des contrôles et des menaces sur des personnes innocentes.
Mesdames et messieurs de la presse.
La dégradation sécuritaire est alarmante.
Les populations assistent impuissantes à l’installation de ce nouvel ordre de terreur dont les conséquences sociales sont déjà nettement déjà redoutables.
Cette situation impacte considérablement le développement de la province et compromet gravement la cohésion sociale et le vivre ensemble.
Ainsi par exemple, de nombreuses personnes ont été empêchées de mener des activités agricoles en cette saison sèche et pluvieuse, avec en perspective l’accroissement de l’insécurité alimentaire dans ces zones.
Pour cette rentrée scolaire 2022-2023, le nombre d’établissements qui resteront fermés s’est également accru. Sept (7) communes sur 10 ont vu leurs écoles hermétiquement fermées.
L’administration publique inexistante et des institutions fermées, hypothéquant l’avenir de milliers d’enfants qui deviennent un appât facile pour l’extrémisme violent.
Des ambulances des centres de santé et les véhicules appartenant aux ONG sont retirés sans aucune autre forme du procès.
Les installations téléphoniques ont été saccagées et sabotées, des bâtiments administratifs incendiés et dynamités, malgré les efforts consentis par les FDS qui sont débordées par ce déferlement terroriste sans précédent.
Des forêts de plusieurs villages sont devenues les sanctuaires de ces terroristes.
Malgré ces perspectives inquiétantes, les autorités en charge des départements directement concernés demeurent muettes sur d’éventuelles stratégies à mettre en œuvre afin de parer à toute éventualité.
Les nouveaux dirigeants se murent dans un silence assourdissant.
Il est peu de le dire, cette gestion calamiteuse de la crise sécuritaire n’est ni plus ni moins qu’un abandon des populations à leur triste sort.
Au-delà des quelques aspects dépeints plus haut, nous nous posons beaucoup de questions sur la mission réelle des nouvelles autorités qui ont promis de libérer le pays et acter le retour des déplacés internes afin qu’ils puissent mener leurs activités socio-économiques.
C’est dans ce contexte que les forces vives de la Kossi, usant de son droit légitime de demander des comptes à ceux qui ont en charge de garantir la sécurité à tous les Burkinabè.
Mesdames et messieurs les journalistes
Au demeurant, le silence et l’indifférence des gouvernants sur la question frisent le mépris envers les citoyens.
Mesdames et messieurs les journalistes,
Telle est la lecture des forces vives sur quelques points sur la situation provinciale.
Nous restons à votre disposition pour des questions spécifiques.