« Nous avons un devoir de mémoire à l’égard de cet illustre combattant »
(ANEB)
Ce 19 mai marque marque le 33e anniversaire de l’assassinat de notre camarade Dabo Boukary alors étudiant en 7e année de médecine à l’université de Ouagadougou. A l’occasion, l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB) invite ses camarades à prendre part aux activités commémoratives car, malgré les tortures «nous avons ainsi un devoir de mémoire à l’égard de cet illustre combattant ».
Camarades étudiantes et étudiants,
Le 19 mai 2023 marquera le 33e anniversaire de l’assassinat de notre camarade DABO Boukary alors étudiant en 7e année de médecine à l’université de Ouagadougou. De mémoire, ce forfait lâche et crapuleux a été perpétré sous le magistère du Front populaire avec à sa tête le capitaine Blaise COMPAORE dans un contexte où les étudiants étaient en lutte pour l’amélioration de leurs conditions de vie et d’étude.
Partie de l’Institut des Sciences de la Nature/ Institut du Développement Rural (ISN/IDR), actuelle UFR/SVT, la lutte va se généraliser à tous les établissements de l’université suite à la décision des autorités d’exclure 25 étudiants dont le bureau de la corporation de l’institut, le comité exécutif de l’ANEB et deux autres étudiants. A la détermination des étudiants dans la lutte, l’administration opposera une répression barbare avec l’intervention d’un commando militaire sur le campus. L’escalade répressive culminera par l’enlèvement de plusieurs étudiants dont DABO Boukary le 19 mai 1990 au quartier 1200 logements, puis à son assassinat à la suite de tortures au sein des locaux du tristement célèbre Conseil de l’entente.
Depuis cet acte ignoble, les étudiants épris de justice des différentes générations ont maintenu haut le flambeau de la lutte afin d’exiger toute la lumière sur l’assassinat de DABO. Cette lutte, quoique vilipendée et traitée de tous les qualificatifs par les adeptes du régime putschiste du Front populaire, aura résisté au temps et porté fruit au grand dam de ces derniers. En effet, aux lendemains de la commission du crime en 1990, les autorités politiques avaient tenté de faire croire que DABO Boukary s’était évadé du conseil de l’entente.
Ce n’est que sept ans plus tard qu’elles reconnaitront officiellement sa mort et ce sous la pression des manifestations engendrées par la crise qui a secoué l’université à l’époque. Après la plainte posée contre X en 2000 par la famille DABO et le MBDHP (Mouvement Burkinabé des Droits de l’Homme et des Peuples), c’est en 2017 qu’une présumée tombe de notre défunt camarade sera indiquée aux encablures de Pô. La pression continue des étudiants permettra en fin 2018 l’inculpation de trois sérieux suspects qui sont Gilbert DIENDERE, responsable du centre de torture (le CNEC qui deviendra plus tard le RSP), Victor Magloire YOUBARE, membre du commando qui enlevait les étudiants dans les quartiers et BAMBA Mamadou, responsable du bureau comité révolutionnaire de l’université de Ouagadougou (CR-UO) et indique du commando de répression. Ces suspects avaient espoir suite au renvoi du dossier en instruction en 2019 qu’ils échapperaient à la justice. Mais ils seront finalement jugés du 19 au 21 septembre 2022 et condamnés pour leur forfait à 10 ans de prison ferme avec une amende d’un million pour BAMBA Mamadou, 20 ans de prison ferme avec une amende d’un million pour Gilbert DIENDERE et 30 ans de prison ferme avec une amende de cinq millions pour Victor Magloire YOUGBARE.
Camarades étudiantes et étudiants,
C’est le lieu pour le comité exécutif de l’ANEB/Ouaga de féliciter les étudiants pour leur engagement et leur constance dans la lutte pour cette noble cause depuis 1990 jusqu’à ce dénouement. Ce jugement aura été également le fruit de concours de patriotes, de démocrates et de révolutionnaires issus de différentes couches du peuple burkinabè par-delà celle estudiantine. Ceci dit, nous devons demeurer vigilants car ce jugement n’est qu’une victoire d’étape dans la lutte pour l’élargissement des espaces de libertés et contre l’impunité.
Plus qu’hier, nous devons aujourd’hui être plus que jamais déterminés dans cette lutte qui était également celle de DABO Boukary, la lutte pour l’amélioration des conditions de vie et d’études et pour les libertés individuelles et collectives. En effet, le comportement de certaines autorités universitaires zélées, nostalgiques des pouvoirs fascistes, faisant intervenir la police dans les espaces universitaires à la moindre manifestation des étudiants contre les mauvaises conditions de vie et d’études qu’ils subissent actuellement nous prouve à souhait que les espaces de liberté sont toujours menacées. Par ailleurs, le retour à la mode des régimes d’exception augure de lendemains sombres pour la liberté d’organisation et de manifestation pour les étudiants. C’est dans cette logique qu’à l’Université Joseph KI-ZERBO (UJKZ) tout comme à l’Université Thomas SANKARA (UTS) la police viole allègrement l’intégrité des espaces universitaires le plus souvent sous le fallacieux prétexte de la protection de la communauté universitaire.
Camarades étudiantes et étudiants,
Le sacrifice suprême consenti par DABO Boukary nous a permis de conserver notre arme de lutte qu’est l’ANEB afin de continuer à nous battre et à engranger des acquis dans le sens de l’amélioration de nos conditions de vie et d’étude. En effet, malgré les tortures, il a refusé de livrer le comité exécutif de l’ANEB qui était recherché pour être liquidé.
Nous avons ainsi un devoir de mémoire à l’égard de cet illustre combattant. Notre génération, tout comme celles à venir doivent connaitre son histoire afin de s’inspirer de son exemple d’engagement. Par ailleurs, il faut remarquer que le jugement tenu en septembre dernier n’aura pas permis d’entendre tous les acteurs impliqués dans cette forfaiture dont certains sont encore bien vivants. Ces derniers doivent donc savoir que tout comme certains de leurs compagnons ont répondu 32 ans après ce crime, ils devront tôt ou tard faire face à la justice. Cette 33e commémoration s’inscrit également dans la dynamique de l’interpellation des différents régimes qui se succèderont à la tête de notre Etat afin que les assassins déjà reconnus coupables purgent en intégralité leur peine et que de telle sale besogne ne soit plus jamais commise. Ainsi, le comité exécutif invite les étudiants de la ville de Ouagadougou à demeurer vigilants et les appelle à se mobiliser massivement pour prendre part aux activités commémoratives pour la réussite de cette 33e journée de l’étudiant burkinabé. Cette commémoration se déroulera comme suit :
Dans les universités publiques de la ville de Ouagadougou, un mot d’ordre de grève de 24 heures est décrété pour la journée du 19 mai.
A l’UTS le 17 mai 2023 :
-Commentaire de tableaux, exposition photo et prestation de la chorale 9h à 12h à la cité UTS ;
-Prestation de la troupe théâtrale de 13h30 à 15h30 dans l’université ;
-Prestation du club Taekwondo de 16h à17h sur le plateau de sport de la cité ;
-Nuit Maracaña à partir de 17h sur le plateau de sport de la cité.
A l’UJKZ le 19 mai 2023 :
-Meeting à 8h00 sur le terrain DABO ;
-Commentaire de tableaux, exposition photo et prestation de la chorale à 10h sous le hall des amphis A600 et C300 ;
-Prestation de la troupe théâtrale à 13h sous le hall des amphis A600 et C300 ;
-Finale du tournoi de football DABO Boukary à 16h sur le terrain DABO Boukary.
-Plein succès aux activités de la 33e commémoration de l’anniversaire de l’assassinat de DABO Boukary !
En avant contre la restriction des espaces de liberté !