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Burkina Faso / ASCE-LC : Démission du Contrôleur général Philippe Nion : Est-ce opportune ?

Publié le mardi 9 mai 2023  |  Libreinfo.net
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© Autre presse par DR
Burkina Faso / ASCE-LC : Démission du Contrôleur général Philippe Nion : Est-ce opportune ?
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Au Burkina Faso, la démission du Contrôleur général d’Etat de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), M. Philippe Nion est attendue dans les prochains jours. Il est appelé à occuper d’autres fonctions à la Cour des comptes de l’UEMOA. Il démissionne au moment où l’institution de lutte contre la corruption a engagé des audits dans plusieurs institutions du pays. En outre les autorités de la Transition annoncent également une lutte sans merci contre la corruption.

Les autorités du Burkina se sont lancées dans une lutte acharnée contre la corruption. C’est ainsi qu’un audit des institutions publiques a été engagé par l’Autorité supérieure du contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC).

Le rapport d’audit de trois grandes institutions que sont la Présidence du Faso, l’Assemblée nationale et la Primature a été présenté le 9 mars 2023 par l’ASCE-LC au cours d’une conférence de presse. Des dizaines de milliards de F.CFA d’irrégularités financières ont été relevées par l’autorité de contrôle dans la gestion de ces trois structures étatiques.

C’est d’ailleurs la première fois que l’Assemblée nationale fait l’objet d’un audit. Cet audit a concerné la période de gestion 2018-2021 de la structure parlementaire.

Dans la foulée, l’audit de l’armée burkinabè a été annoncé par l’ASCE-LC. Le rapport de cet audit est très attendu par la population.

Plusieurs fois, des journaux d’investigation burkinabè ont révélé des cas de détournements de fonds au sein de l’institution militaire.

Lors d’une rencontre avec les syndicats, le chef du gouvernement a affirmé qu’il reçoit des correspondances anonymes qui dénoncent soit des dysfonctionnements soit des actes de malversations.

«Certaines de ces correspondances sont transmises à l’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC)» avait affirmé le Premier ministre, M. Apollinaire Kyélem. C’est-à-dire, jusqu’où les autorités et les populations sont engagées à lutter contre la corruption.

C’est dans ce contexte où les autorités mettent les bouchées doubles pour combattre ce fléau que le Contrôleur général d’Etat, M. Philippe Nion a annoncé son départ pour d’autres horizons. Il devrait déposer ses valises à la Cour des comptes de l’UEMOA.

Quelle sera la suite des dossiers de lutte contre la corruption engagés par l’ASCE-LC ?

Quand on connaît le processus de nomination d’un contrôleur général d’Etat, l’on peut s’attendre à un ralentissement de l’élan de la lutte actuelle contre la corruption. En effet, le contrôleur général d’Etat est recruté à la suite d’un appel à candidature.

Le candidat retenu est ensuite nommé par le chef de l’État avant sa prestation de serment devant le Conseil constitutionnel. C’est donc un processus qui pourrait porter un coupau fonctionnement de l’institution de contrôle.

En outre, l’on peut s’interroger sur les raisons qui ont poussé M. Philippe Nion à la démission, lui, qui avait déjà déclaré « la guerre contre les délinquants économiques ».

Il avait notamment affirmé que : «L’autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption ne reculera pas. Oui ! Nous ne reculerons pas. Mieux, nous irons en guerre contre ces délinquants économiques qui nuisent au développement de notre chère patrie ».

Il s’exprimait lors de la conférence régionale sur la participation des citoyens aux initiatives de transparence et de responsabilité financières dans le secteur de la sécurité tenue les 14 et 15 mars 2023 à Ouagadougou.

Par ailleurs, le contrôleur général d’Etat, M. Nion et ses collaborateurs ont fait l objet de menaces récurrentes. Une plainte avait du reste été déposée contre X.

Faut-il dire que les menaces de morts contre les membres de l’ASCE-LC ont eu raison du Contrôleur général d’Etat?

L’on attendait beaucoup de monsieur Nion sur les audits annoncés de l’armée nationale.

Le gouvernement, dans un communiqué en date du 10 février 2023, avait mis en garde contre ces personnes qui « caressent le projet diabolique et morbide d’emprunter les chemins tortueux de l’assassinat et du meurtre pour faire taire la voix de l’intégrité qui s’élève du cœur des Burkinabè ».

L’ASCE-LC a contribué à l’arrestation et au jugement de personnalités au Burkina dont des anciens ministres du pouvoir du Président Roch Kaboré. Ainsi, suite à une interpellation des enquêteurs de l’ASCE-LC, M. Ousmane Nacro, ancien ministre de l’Eau et de l’assainissement et M. Vincent Dabilgou, ancien ministre des Transports ont été déposés à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou. Ces personnes bénéficient, depuis quelque temps, de la liberté provisoire mais leurs dossiers sont toujours en justice.

Le 2 mars 2023, l’ancien directeur général de la Loterie nationale burkinabè (LONAB), M. Emmanuel Désiré Thiamobiga a été condamné à quatre ans de prison ferme et à plus de 750 millions de F. CFA d’amende. Il avait également été entendu par l’ASCE-LC.

En plus de ces acquis, le 9 janvier 2023, l’ASCE-LC invitait les députés des 7ᵉ législature (2015-2020) et 8e législature (2020-2025) à venir rembourser les prêts qui leur ont été consentis par l’Assemblée nationale pour leur faciliter l’acquisition de véhicules. Cette interpellation avait fait couler beaucoup d’encre et de salive.

Malgré tout, l’autorité de contrôle a pu recouvrer plus de 70 millions de F.CFA auprès certains députés à la date du 9 mars 2023.

Par Daouda Kiekieta
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