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Liberté de la presse :« Le musellement de la presse ne crée pas la sécurité…» dit M. Inoussa Ouédraogo

Publié le vendredi 5 mai 2023  |  Libreinfo.net
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© Autre presse par DR
Liberté de la presse :« Le musellement de la presse ne crée pas la sécurité…» dit M. Inoussa Ouédraogo
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Chaque 3 mai est célébrée la Journée mondiale de la Liberté de la presse. À l’occasion de cette journée, une cérémonie a été organisée le mercredi à Ouagadougou dans la salle salle HS du Centre national de presse Norbert Zongo

Le comité de pilotage du Centre national de presse Norbert Zongo a célébré la Journée mondiale de la liberté de presse sous le thème « le CNP-NZ : 25 ans au service de la liberté de presse et d’expression.»

A l’occasion, la cérémonie commémorative de la Journée a regroupé, entre autres, le lancement de prix , la déclaration du président du CNP-NZ et la tenue d’un panel.

Le lancement des prix
Le CNP-NZ organise des concours pour récompenser les professionnels des médias dans le cadre de ses activités. En marge de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le centre a procédé au lancement de prix.

Ainsi le Prix Marie-Soleil Frère, qui récompense la meilleure journaliste burkinabè, a été lancé. C’est un prix institué en 2010 par le Centre et qui porte désormais ce nom pour rendre hommage à l’enseignante chercheure en journalisme décédée en mars 2021. Mme Mariam Ouédraogo a été la première lauréate de ce prix en 2022.

Le prix africain du journalisme d’investigation Norbert Zongo a été la deuxième compétition lancée par le centre. C’est un prix destiné à récompenser les meilleurs journalistes africains qui ont mené des enquêtes sur la corruption, la gouvernance, la violation des droits de l’homme, etc.

Ce prix rend hommage au journaliste Norbert Zongo assassiné le 13 décembre 1998. Le journaliste Gaston Sawadogo en a été le lauréat en 2022.

Les concours de caricatures et de photos de presse du Festival international de la liberté d’expression et de presse ont aussi été lancés à cette occasion.

La déclaration du président du Comité de pilotage du CNP-NZ
Le Centre national de presse Norbert Zongo a diffusé sa traditionnelle déclaration ce 3 mai 2023 à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse.

Cette célébration intervient dans une période où le Burkina vit une situation sécuritaire préoccupante, celle du terrorisme, de menaces de mort proférées sur des journalistes et des leaders d’opinions.

Selon le président du Comité de pilotage du Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ), M. Inoussa Ouédraogo, s’en prendre aux journalistes n’est pas une solution pour lutter contre le terrorisme.

«S’en prendre aux journalistes pour espérer gagner la guerre contre le terrorisme, c’est se bercer d’illusions comme qui casserait le thermomètre en pensant faire baisser la fièvre. Non, le thermomètre n’est que l’indicateur, il n’est jamais la cause de la fièvre.» affirme M. Inoussa Ouédraogo.

M. Ouédraogo ajoute : « Le musellement de la presse ne crée pas la sécurité ; il génère tout simplement, au plus, le sentiment de sécurité, exactement à l’image de l’autruche qui se croirait en sécurité par le simple fait d’avoir sa tête enfouie dans un tas de sable ».

Selon lui, le journaliste n’est pas la cause du terrorisme, tout comme le thermomètre n’est pas la cause de la fièvre. Le journaliste est un simple indicateur, qui montre à la population les faits, la situation réelle du Burkina Faso.

En dépit des appels aux meurtres incessants des journalistes, M. Inoussa Ouédraogo, président du Comité de pilotage du CNP-NZ, demande aux journalistes de continuer la lutte qu’ils mènent, de rester professionnels et d’informer convenablement le public.

« Les journalistes doivent, en ces moments critiques de l’histoire de notre pays, pousser à son niveau le plus élevé le professionnalisme, y compris l’exigence de vérité, d’honnêteté et de pluralité qui constituent des valeurs cardinales de cette profession.» a-t-il exhorté.

À cet effet, un rapport sur l’état de la liberté de la presse couvrant la période du 1er mars au 31 mars 2023 a été rendu public ce 3 mai. Ce rapport montre un recul du Burkina avec une moyenne de 2,21/4 en 2023 contre 2,25/4 en 2022.

Selon Dr Lassané Yaméogo, enseignant chercheur des universités, plusieurs causes expliquent cette régression, à savoir l’instabilité politique, la crise sécuritaire et la cyber violence.

Il affirme également que les médias sont économiquement précaires. «L’activité journalistique est institutionnelle ; les efforts sont concentrés sur la guerre et les activités menées par les institutions étatiques ne vont pas être menées ; les journalistes n’auront pas de la matière.»

Moussa Sawadogo, formateur dans des écoles de journalisme ajoute que « le rapport montre au total 22 journalistes menacés de mort et 7 médias accusés d’être des médias de propagande.»

Le Centre national de presse Norbert Zongo a 25 ans.
Le Centre national de presse Norbert Zongo commémore ses 25 ans. En effet, c’est le 3 mai 1998 que le centre a vu le jour. Depuis sa naissance, le centre a mené des actions pour asseoir la liberté de presse au Burkina Faso, élargir l’espace de ,la liberté d’expression, l’épanouissement du secteur des médias, pour ne citer que ces aspects.

Panel sur le thème : « Rôle et place du journaliste dans la société en temps de crise»
Trois panélistes ont animé le débat ; il s’agit de M. Christophe Bado, juriste et secrétaire général adjoint du MBDHP (Mouvement Burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples) , de M. Boureima Ouédraogo, directeur de publication de Le Reporter, du Pr Mahamadé Sawadogo et du président du CSC, modérateur.

Boureima Ouédraogo, il est d’accord qu’on peut trouver un consensus entre les autorités du pays et les différents acteurs des médias à travers un dialogue dans le respect et la paix.

Ce consensus ne peut pas se faire sur tout, il y a des éléments qui sont propres à la profession du journalisme sur lesquels les acteurs des médias seront intransigeants.

«Le journaliste qui rencontre des détournements de ressources destinées à l’armée ne peut pas être considéré comme un apatride, au même titre que le militaire ou le fonctionnaire assis dans le bureau et qui fait ce détournement. Les moins patriotes se trouvent aux côtés de ceux qui détournent. Le journaliste qui dénonce est le patriote qui prend des risques pour dénoncer.» a-t-il expliqué.

Selon Pr Mahamadé Sawadogo, enseignant-chercheur en philosophie, la presse doit jouer un très grand rôle en tant qu’instructeur pour la formation des citoyens ; la situation de violence ne doit pas remettre en cause le rôle social du journalisme.

« …dans le métier du journalisme il y a des valeurs qui pointent dont l’attachement à la vérité, le refus de la corruption, le rejet de la pression. N’oubliez pas que le Burkina est le pays de Norbert Zongo, celui qui a payé le prix le plus élevé pour son métier.» a-t -il souligné.

La Journée mondiale de la liberté de presse est célébrée à l’internationale sous le thème « La liberté d’expression comme moteur de tous les autres droits de l’homme»

Par Mahomed Nitiema (Stagiaire)
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