Les troupes de danse traditionnelle et bien d’autres artistes comme la slameuse Adèle Zehon se relaient sur scène pour le Grand Prix National des Arts et des Lettres (GPNAL) en pool Adulte, à l’occasion de la Semaine nationale de la Culture (SNC) à Bobo Dioulasso, au Burkina. Originaire de la province du Bazèga, elle a fait de fortes sensations lors de sa prestation sur l’immigration clandestine, le 1er mai 2023.
Les festivaliers ne regardent sans doute pas l’heure avant de se rendre à la Maison de la Culture Mgr Anselme Titianma Sanon de Bobo-Dioulasso.
Même à 22h passées, ils se présentent dans la grande salle de cette maison imposante de la culture. Et ce, dans l’unique but de suivre la création des différents artistes qui se succèdent sur scène.
L’artiste slameuse Adèle Zehon est originaire de la province du Bazèga, dans la région du Centre-Sud du Burkina. Depuis toute petite, à l’école primaire, elle a dit avoir commencé à slamer et a pris conscience de son don, précisément en 2003.
Adèle Zehon est actuellement en lice pour le Grand Prix National des Arts et des Lettres (GPNAL) en pool Adulte. Dans la nuit du 1er mai, elle a forcé l’admiration lors de sa prestation.
Habillée en tenue traditionnelle, elle a réussi à attirer l’attention de tous dans la salle. « Hormis le prix que je convoite, ma participation à la SNC est à saluer» affirme l’artiste qui estime que cela pourrait la révéler davantage au grand public.
En venant à la SNC, la slameuse dit avoir un thème au fond d’elle qu’elle voulait livrer comme message aux leaders africains. Il s’agit de l’immigration clandestine qui se solde, le plus souvent, par la disparition de plusieurs centaines d’Africains dans les profondeurs des eaux de l’océan.
Lorsqu’elle a été annoncée pour sa prestation, le micro à la main, Adèle est montée sur le podium à pas de caméléon, comme pour montrer qu’elle est dans une grande tristesse. Elle a même fondu en larmes, quelques minutes après. Un moment pendant lequel le public est resté silencieux pour mieux comprendre les mots de la slameuse.
L’artiste trouve que l’immigration clandestine est un sérieux problème et qu’il faut agir pour sauver des vies. « Chaque jour, nos frères africains meurent » en voulant se trouver une vie meilleure en Europe.
Dans le même temps, certains sont réduits en esclavage dans des pays africains et «cela est pathétique». « L’heure n’est plus aux discours, il faut poser des actes concrets pour empêcher les gens de mettre leurs vies en danger» a déclaré l’artiste slameuse Adèle Zehon s’adressant aux décideurs politiques africains.
« Mes thèmes s’adressent aux leaders. Aujourd’hui, j’ai eu la chance de leur parler directement » conclut-elle.
Jacqueline, une festivalière, ne cache pas son admiration pour Adèle : « Lorsqu’elle chantait, j’essayais d’imaginer la souffrance des immigrants. Cela fait pitié. Sincèrement, j’ai beaucoup apprécié. Demain (Ndlr : 2 mai) je reviendrai encore.»
Hamidou, lui, dit avoir aussi apprécié les différentes prestations qui mettent, en valeur, selon lui, les talents «de nos artistes». «Ce sont des gens qu’il faut accompagner parce qu’ils savent créer. Je serai ici jusqu’à la fin de la SNC, le 6 mai prochain » assure-t-il.
Le Grand Prix National des Arts et des Lettres (GPNAL) est l’un des événements phares de la Semaine nationale de la culture (SNC) qui réunit des artistes de toutes les 13 régions du Burkina Faso pour présenter leurs créations.
Il se déroule dans 5 grandes catégories. C’est une compétition qui met en valeur des variétés d’arts, allant des arts du spectacle aux sports traditionnels en passant par les arts plastiques et l’art culinaire.
Les arts du spectacle comprennent deux pools et sont répartis en neuf disciplines. Il s’agit du pool Adulte qui comporte la danse traditionnelle, la musique traditionnelle instrumentale, les chœurs populaires, la vedette de la chanson traditionnelle, la création chorégraphique, l’orchestre et le slam ; le pool Jeune qui regroupe la danse traditionnelle et le ballet.