Les ressortissants du village de Karma à Ouahigouya dans la province du Yatenga ont organisé une conférence de presse ce samedi 29 avril 2023 au siège du Mouvement Burkinabè des Droits de l‘Homme et des Peuples (MBDHP) à Ouahigouya, chef-lieu de la région du Nord. Ils ont voulu apporter des éléments d’éclaircissement sur le drame survenu à Karma et les villages environnants le 20 avril 2023.
Par Zackiss Ouédraogo, correspondance
Karma, un village de la commune de Barga, situé à 15 kilomètres de la ville de Ouahigouya, a vécu une situation dramatique le 20 avril 2023. Des hommes armés ont tué des dizaines de populations civiles.
Dans ce massacre, l’armée Burkinabè est pointée du doigt accusateur selon les témoignages des rescapés que les conférenciers ont rapporté à la presse ce samedi.
Les ressortissants de Karma à Ouahigouya ont communiqué un autre bilan contraire à ceux du Procureur qui a évoqué une soixantaine de morts et le CISC qui a donné 136 morts. Selon eux, le nombre de personnes tuées à Karma est de 147 dont 28 femmes 45 enfants âgés de 9 jours à 14 ans et 9 blessés.
Selon Daouda Belem, l’un des ressortissants de Karma, présent à la conférence de presse, « Le village de Karma a été encerclé très tôt le matin du 20 avril 2023 par des hommes en tenues militaires Burkinabè, lourdement armés et à bord des motos, de pick-up et des véhicules blindés».
Il explique que «grâce à la générosité de certains soldats, une vingtaine de personnes ont eu la vie sauve. La fusion de sang a duré pratiquement 6 heures de temps avant que les soldats ne s’en aillent pour d’autres localités», raconte Daouda Belem
«Nous n’avons pas été à Karma le jour du massacre, mais à travers nos sources bien introduites, les rescapés et les survivants, nous pouvons dire que ce sont nos soldats qui sont les auteurs de ces crimes », insiste Adama Belem, ressortissant de Karma.
«Ils ont négocié avec les enfants de leur montrer où se trouve les armes de leurs parents. Ce fut un échec, car, disent-ils que leurs parents n’ont pas d’armes. Ces criminelles étaient en tenues militaires burkinabè, ils avaient beaucoup d’éléments identifiables. La plupart de ces gens parlaient la langue Mooré et le Djoula. Et, certaines personnes de Karma ont même servi d’interprète», racontent les conférenciers face la presse
En plus de la perte en vies humaines,« des hangars et des greniers ont été incendiés, des animaux tués, de la volaille emportée, des téléphones portables et une somme comprise entre 4 à 5 millions ont été retirés », ajoute-t-il
Les conférenciers ont tenu à rétablir les faits. Selon eux, le massacre a eu lieu le 20 avril 2023 contrairement à la date du 21 avril mentionnée par le gouvernement dans son communiqué.
Les ressortissants de Karma sont catégoriques « Notre village n’a jamais été de mèche avec les terroristes et les populations ne savent même pas ce que c’est que le terrorisme, la preuve est qu’aucune arme n’a été retrouvée dans une quelconque habitation à Karma» précise Daouda Belem
Il ajoute que « nous avons nos frères inscrits comme VDP et qui ont même péri dans la récente attaque de Ouahigouya (près de Ouahigouya, le 15 avril 2023 ndlr). Nos rescapés et nos survivants sont prêts à s’enrôler comme VDP. Mais, il faudra toute la lumière sur cette affaire. Donc nous demandons que cette barbarie soit élucidée par les services compétents afin que nous évitions un autre Karma »
Le 26 avril 2023, les ressortissants de Karma ont été reçus par Raymond David Valentin Ouédraogo, Gouverneur de la région du Nord sur son invitation.
Celui-ci a présenté ses condoléances aux familles éplorées et promis d’accompagner ladite population pour l’enterrement des corps. Chose faite le 27 avril 2023 en présence des Forces de défense et de sécurité (FDS) et du Préfet du département de Barga.
Le Procureur du Faso près le Tribunal de Grande Instance de Ouahigouya a ouvert une enquête judiciaire sur ces évènements tragiques du 20 avril 2023 à Karma.
Le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) à travers son représentant à Ouahigouya, Salif Daniel Gnienhoun martèle que « Nous le CISC, nous allons tout mettre en œuvre pour que la lumière soit faite sur cette effusion de sang qui s’est produite à Karma et environnants ».
En marge de cette conférence, le collectif a offert une tonne de vivre et une somme de 200.000f CFA aux blessés et prévoit accompagner les blessés et les rescapés.