« Vous, Burkinabè, je vous déteste ! Comment pouvez-vous délaisser ainsi la tombe d’un homme tel que Thomas Sankara ? » Ceci est l’indignation d’une jeune africaine revenue les larmes aux yeux du cimetière de Dagnoen où elle est allée s’incliner sur la tombe du père de la révolution burkinabè. Et elle n’est pas la seule à l’étranger qui fustige les « Hommes intègres » pour l’état de la dernière demeure de « Thom Sank ». Cependant, il y a des raisons à cette situation.
Avant 2010, le cimetière de Dagnoen, où repose (ou est censé se reposer, c’est selon), le président Thomas Sankara, ressemblait à un dépotoir. Il a fallu un vigoureux coup de reins de la municipalité pour lui trouver un mur de clôture et il a fallu deux profanations de la tombe de l’ancien président pour que les forces de l’ordre et de sécurité soient déployées sur le lieu.
Les « pèlerins » se posent des questions
La question du « design » de la déclarée dernière demeure de Thomas Sankara n’en reste pas moins posée. Les personnes, de plus en plus nombreuses, qui effectuent comme un pèlerinage pour venir s’incliner sur la tombe s’offusquent de plus en plus de son état et se demandent pourquoi les Burkinabè n’observent pas plus d’égard pour la dernière maison de cet homme dont le nom est scandé aux quatre coins du monde.
Quand les plaintes contre « X » pullulent…
Pour tenter de répondre à cette question, il y a sans doute le contexte politique. Thomas Sankara se promène toujours dans les salons du tabou et dans les couloirs des questions qui fâchent et très sérieusement. Un mausolée ou même l’aménagement d’un cadre plus « soft » de la tombe ne peut se faire sans l’accord du politique au pouvoir et il n’est pas besoin de dire que le sujet est plutôt délicat. Surtout quand les « X » contre qui pèsent des plaintes n’ont de « X » que le nom !
Le Premier ministre Luc Adolphe Tiao avait bien solennellement et avec conviction, aux lendemains des susdites profanations, déclaré que tout serait mis en œuvre pour donner plus de dignité au président défunt. Mais ces belles paroles n’ont encore rien eu de plus concret que leur prononciation.
Mausolée d’accord, mais sépulture d’abord !
Ensuite, et c’est peut-être la raison la plus plausible, c’est ce doute tenace, troublant et crié d’ailleurs haut et fort par la première et la plus directement concernée des défenseurs du célèbre capitaine, Mariam Sankara. Il s’agit bien de ce doute qui demande si c’est bien le corps de Thomas Sankara qui git sous cet amoncellement de briques et de béton.
La dernière action en justice se demandait même si le président n’était pas plutôt séquestré quelque part puisque sa famille affirme ne l’avoir plus vu depuis un certain 15 octobre 1987. Un mausolée peut-il alors décemment et longtemps rester debout sur une telle incertitude ?
Dilemme, dilemme !
La situation se caricature comme suit : On veut bien donner une dernière demeure plus digne à Thomas Sankara, mais il faudrait qu’on soit certain qu’il habite réellement cette demeure. Ce qui suppose qu’on sache tout sur le chemin qu’il a suivi pour arriver là. Et là, apparemment, demain 16 octobre n’est semble-t-il pas la veille du jour où toute cette lumière illuminera le Faso et le monde entier !
Telle est donc la complexe et abracadabrante sauce collante dans laquelle baigne la tombe du renommé président burkinabè. Pour combien de temps ? On n’a sans doute pas besoin de Dieu pour répondre à cette question !