Le procureur près le Tribunal de grande instance de Ouahigouya, Lamine Kaboré, a annoncé l’ouverture d’une enquête.
Une soixantaine de civils auraient été exécutés, vendredi 21 avril 2023, dans la localité de Karma, dans la province du Yatenga, au Nord du pays, a rapporté le procureur du Faso.
Il a fait cas de blessés pris en charge dans les services de santé. Il a ajouté que les auteurs ont aussi emporté les biens des villageois.
Dans son communiqué, Lamine Kaboré a indiqué que le forfait a été commis par « des personnes arborant des tenues de nos forces armées nationales ».
« Aux environ de 7h30, des centaines d’hommes en tenue militaire ont encerclé le village qui s’étire sur plus de deux kilomètres. Les gens ont commencé à applaudir, car ils les considèrent comme des sauveurs. Mais ces soldats sont venus avec une mission que Dieu seul connaît. Ils ont tué presque la moitié du village.», a confié un habitant à Libération.
Selon le média français, les habitants ont été regroupés dans les cours des concessions, avant d’être abattus «à bout portant» ou parfois dans leurs maisons, dont certaines ont été incendiées. D’autres ont été exécutés alors qu’ils étaient «en train de ramasser des mangues».
Lamine Kaboré a annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire et a aussi lancé un appel à témoin «à toutes personnes qui disposeraient d’informations sur ces faits ».
« Mon Parquet, saisi de ces faits dont la gravité est avérée, a donné les instructions nécessaires à la sous-unité d’enquête de procéder à tous les actes en vue de les élucider et d’interpeller toutes les personnes qui y sont impliquées », a affirmé le procureur du Tribunal de grande instance de Ouahigouya.
L’armée burkinabè a été ces derniers temps au centre d’accusations liées à des exactions contre des civils. Des organisations de défense des droits de l’homme, telle que le Comité de lutte contre la stigmatisation des communautés (CISC) font régulièrement cas d’enlèvements et d’exécutions sommaires.
Le gouvernement a toujours démenti les allégations de violation de droits humains, à l’encontre des Forces de défense et de sécurité (FDS), arguant qu’il s’agit d’une stratégie « de manipulation et de désinformation [des groupes armés terroristes] surtout lorsqu’ils sont mis en difficulté ».