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Ouaga-Inter: déguerpissement forcé, les commerçants dans la désolation

Publié le mercredi 19 avril 2023  |  Libre Info
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© Autre presse par DR
Des fruits et Légumes
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Le déguerpissement du marché à bétail de Ouaga-Inter, au quartier Toyibin de Ouagadougou, dans la capitale du Burkina, le weekend dernier, a occasionné de nombreux dégâts sur un marché ordinaire appelé communément «Pagb-Yaar». Sur place, le reporter de Libreinfo.net a fait le constat des dégâts et des commerçants qui dénoncent un comportement «inhumain» des forces de l’ordre.

Quelques jours après le déguerpissement, l’ancien marché à bétail de Ouaga-Inter présente l’image d’un dépotoir. Sur le site, il est difficile de reconnaître quoi que ce soit ; les hangars et les boutiques ont été démolis ; des pneus brûlés ont laissé des tâches de fumées sur les murs. Plus un seul commerçant de bétail sur les lieux.

Les occupants habituels du lieu ont laissé la place à des badauds à la recherche de fer et de batteries usagées ; ces derniers fouillent les lieux à la recherche de fer et de morceaux de tôles. Des malades mentaux et des personnes démunies occupent également les lieux à la recherche de leur pain quotidien.

Un peu plus loin, sous un grand arbre, un groupe de femmes et d’hommes, comme sous l’arbre à palabres d’un village. Ce sont des commerçants de Pagb-Yaar qui manifestent leur mécontentement vis-à-vis des forces de l’ordre qui n’ont pas fait de distinction entre les deux marchés.

Sous cet arbre, je rencontre un certain Yamba, qui affirme être commerçant sur le site. Il explique que le marché « Pabg-Yaar» est le premier marché aménagé sur le site de Ouaga-Inter par les autorités d’alors, avant même la gare routière et le marché à bétail.

« Nous sommes les premiers occupants des lieux ; venir démolir nos boutiques sans prévenir, sans prévoir de nouveau site pour nous c’est de l’injustice.» dit Yamba.

Selon lui, les autorités du pays changent à tout moment ; mais les faits, les décisions sont dans des archives que l’on peut retrouver.

En effet, pour Yamba, «ils ne se sont pas installés sur le site par hasard. Quand on s’est installés ici, on a été recensé par la mairie et chaque hangar portait un numéro attribué par la mairie. Chaque locataire payait les taxes » ajoute-t-il.

Yamba se dit impuissant face à cette situation qui compliquerait sa vie ; il demande que l’Etat leur trouve un nouveau site pour la poursuite de leurs activités.

Ousmane, ancien délégué du marché se dit découragé par l’attitude des forces de l’ordre qui, dit-il, ont détruit leurs boutiques de force.

«Pour lui, c’est une discrimination de la part des autorités. Les autorités ont trouvé un nouveau site pour le marché à bétail et la gare routière, sans trouver un site pour nous, c’est pas normal.» soutient Ousmane.

Il affirme aussi qu’ils ont entrepris des démarches auprès des autorités qui les ont rassurés qu’ils ne faisaient pas partie du déguerpissement.

« Nous avons entrepris des démarches auprès des autorités communales, qui nous ont rassuré que nous ne faisions pas partie du déguerpissement et que bientôt la mairie va procéder à un nouveau recensement du marché». On demande au Capitaine Ibrahim Traoré de voir notre cas et de trouver une solution rapidement.

Nous avons rencontré également un boutiquier qui affirme avoir perdu beaucoup de choses, des factures, des reçus de paiements et de l’argent. «Je n’ai pas pu sauver ma boutique ; la perte est énorme, j’ai perdu plusieurs sacs de riz et des bidons d’huile.» dit-il.

À en croire ce boutiquier, il encaisse, en outre, l’argent des fidèles chrétiens du marché pour la prière de l’Angélus (Ndlr : prière à Marie qui se dit le matin, à midi et le soir). « J’ai perdu des reçus des contributions financières à la prière de l’Angelus, je ne sais pas comment je pourrais faire le calcul à la fin du mois.» poursuit-il.

À côté des hommes se trouvaient également des femmes. Nous en avons abordé une parmi elles. Elle s’appelle Rosalie, vendeuse de pagnes, de produits de beauté, d’habits pour enfants et de jouets.

Chez elle aussi, elle affirme que les pertes sont démesurées. «Comme la fête de Ramadan est proche, j’ai pris 1 million de F.CFA pour faire des achats de produits de beauté et de prêts à porter pour enfants. Ma grande sœur m’avait dit de ne pas investir autant d’argent ; c’est comme si elle voyait arriver cette situation» raconte Rosalie.

À l’image de Rosalie, Zarata vend des céréales. Selon elle, la perte est colossale à son niveau. «Je n’ai pas pu sauver ma boutique, mais je n’ai pas perdu d’argent liquide. D’autres ont perdu 500.000 F.CFA, 1 million F.CFA ou plus. J’avais pris des sacs de haricot à crédit que je devais rembourser à la fin de ce mois ; maintenant que tout est parti je ne sais pas quoi faire ; je suis écœurée.» soutient-elle.

«Pabg-Yaar», selon les occupants du marché, a été inauguré le 8 avril 2021 pour abriter la nouvelle gare routière appelée Ouaga-Inter.

L’ incident est survenu le 15 avril 2023 lorsque les forces de l’ ordre ont fait une descente musclée au marché de bétail pour déguerpir les vendeurs d’animaux.
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