La vente de la bouillie, des galettes et du « zoom-koom » (jus de farine de mil) est un petit « business » (affaire) qui se développe pendant le mois de jeûne (Ramadan). Dans les rues de Ouagadougou, la capitale, on trouve assez de commerçantes dans les après-midi avant l’heure de la rupture. Comment ces vendeuses pratiquent ce commerce? Qui sont leurs clients? est-ce un business qui rapporte assez d’argent? Libreinfo.net a interrogé quelques vendeuses?
À 18h à Ouagadougou, comme partout ailleurs dans les autres villes du Burkina, aux abords des voies de circulation, certaines femmes vendent des galettes, d’autres, assises devant de grosses marmites, proposent de la bouillie sans oublier celles qui vendent le « zoom-koom ».
Elles vendent de quoi permettre aux musulmans de rompre leur jeûne avec des fruits, de la bouillie ou d’autres aliments légers.
Je suis au quartier Kalgondin de la capitale Ouagadougou. Juste avant la Brigade des Sapeurs pompiers, quelques personnes entourent une commerçante qui vend de la bouillie. Il s’agit de Roukiatou, une musulmane voilée, qui m’informe qu’elle s’adonne à ce commerce depuis une vingtaine d’années. Très occupée visiblement, il est difficile de lui arracher un mot. Je m’adresse d’abord à certains de ses clients.
Marc, un de ses nombreux clients, me répond : « Chaque mois de jeûne, c’est ici seulement j’achète de la bouillie pour la rupture de jeûne ; elle prépare bien sa bouillie au gingembre».
Marc n’est pas le seul à apprécier la bouillie de cette dame, Kadidja est aussi parmi les nombreux clients qui attendent d’être servis : « C’est son travail bien fait qui encourage les clients à venir massivement ; c’est sur recommandation que j’ai connu le coin et depuis lors c’est ici que je viens acheter de la bouillie pour mes enfants».
C’est après avoir fini de servir ses clients que Roukiatou , la vendeuse, échange avec moi. Elle me montre sa recette; la bouillie faite à base de mil et de gingembre : à partir de 50 F CFA sans sucre et 100 F CFA avec du sucre.
Elle m’explique que le marché est morose en ce mois de jeûne ; c’est pour cela qu’ elle affirme avoir diminué la quantité de bouillie préparée cette année. « Je pouvais moudre 4 à 5 plats de mil pour préparer la bouillie l’année passée ; mais cette année, j’utilise 2 à 3 plats de mil pour la préparation.» dit-elle.
Roukiatou explique que son gain journalier a baissé. « L’an passé, pendant le mois de jeûne, je vendais de la bouillie pour 30.000 F. CFA ou plus chaque jour ; mais cette année, je peux gagner 17.000 F. CFA par jour». Malgré tout, elle dit remercier Dieu car elle se contente de ce qu’elle gagne.
La vente de galettes
Dans le quartier Karpala de Ouagadougou, près d’un château d’eau , sous un hangar, une vendeuse de galettes, voilée, chaussettes aux pieds, est assise au bord de la chaussée. Son prénom ? Zalissa, me répond-elle. Elle vend des galettes faites à base du petit mil et de riz. Sa galette coûte 25 F. CFA l’unité.
Elle reconnaît que les galettes sont chères à cause, selon elle, de l’augmentation des prix des céréales. Le plat de petit mil coûte 1100 F CFA au marché m’informe-t-elle.
Le peu de clients autour d’elle traduit la morosité du marché. Zalissa soutient qu’elle « a commencé la vente des galettes cette année mais le marché n’est pas satisfaisant ; c’est difficile ». Elle ajoute qu’elle vend chaque jour entre 12.000 F. CFA et 18.000 F. CFA de galettes.
La vente du «zoom-koom»
Après Karpala, je me rends au quartier Sin Yiri. Au bord de la voie, j’aborde une dame, elle s’appelle Balkissa . Elle vend des jus locaux depuis huit ans : «zoom- koom» (jus de farine de mil), bissap (jus de fleurs d’oseille) et jus de gingembre. Le gobelet de chaque jus coûte 50 F.CFA et le bidon 500 F. CFA.
Chez elle également, c’est le même refrain, il n’y a pas de marché. « Constatez vous-mêmes, je n’ai pas de clients, le marché n’est pas bon» m’a-t-elle confié.
Selon ses propos, le mois de jeûne passé (2022) était plus bénéfique par rapport à la même période cette année. «Je vendais au moins 15.000 F. CFA par jour l’an passé avec un bénéfice d’environ 3000 F. CFA. Cette année, ce n’est pas le cas ; je vends 7.500 F. CFA par jour.»
Après quelque temps d’échanges, je vois arriver un homme qui veut du « zoom-koom». Interrogé, il affirme que Balkissa « vend du bon jus naturel, surtout son zoom-koom; c’est moins cher aussi.»
Que ce soit les femmes qui vendent la bouillie, les galettes ou celles qui vendent les jus que j’ai rencontrées, elles sont unanimes sur un point : cette année, le marché est morose en période du jeûne qui a débuté le 23 mars 2023 au Burkina.