Depuis deux mois et demi, la ville de Tougan (région de la Boucle du Mouhoun du Burkina) fait face à une pénurie d’eau. Une panne a été détectée au niveau des installations de la centrale de l’eau de la localité ; elle a sans doute été causée par l’action des groupes armés terroristes qui sévissent dans la localité. De longues files d’attente se forment autour des forages, des châteaux d’eau et des forages, seuls points d’eau fonctionnels. Pour espérer avoir le liquide vital, il faut s’y rendre très tôt le matin et, à défaut, le soir. Le 8 avril 2023, le correspondant de Libreinfo.net dans la région est allé faire le constat sur le terrain.
Se procurer de l’eau dans la ville de Tougan n’est plus chose aisée depuis le mois de février 2023. Il faut, en effet, arriver tôt dans les points d’eau dès les premières heures de la journée pour espérer avoir le liquide vital.
Cette situation, qui perdure depuis plus de deux mois, est due à une panne. Celle-ci a été détectée suite à l’action présumée de groupes armés terroristes sur les installations de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA).
Depuis lors, les châteaux d’eau, les pompes et les forages ainsi que les puits sont les seules sources d’eau pour la population de Tougan.
Mme Bibata Drabo, ménagère, a fait la queue à un forage depuis 5 h du matin. « C’est le problème d’eau qui m’a fait venir ici depuis 5 h du matin. J’ai pu avoir de l’eau, mais difficilement. Il y a même moins d’affluence ce matin puisque les gens ont pu constituer des réserves d’eau hier soir.» dit-elle.
A en croire Mme Sadia Pamousso, il faut se rendre aux premières lueurs de l’aube si l’on veut être servi en eau à temps. Dans le cas contraire, il faudra encore attendre dans la soirée. « Si tu ne viens pas tôt le matin, impossible d’avoir de l’eau ; et il faudra attendre jusqu’au soir. Sans eau, on ne peut rien faire. Le problème est vraiment sérieux» raconte Mme Pamousso.
Mme Safi Karambiri, est gérante d’un poste de distribution d’eau au château d’eau du secteur 6 de Tougan. Elle dit regretter le calvaire que vivent ses clients.
« L’eau ne parvient pas vite au robinet. La plupart du temps, les gens viennent déposer plus de 60 bidons et plus de 40 barriques et puis c’est l’attente. Souvent c’est à 21 heures ou à 22 heures que l’eau commence à être distribuée. Il faut la rationner pour que davantage de clients puissent être servis. C’est vraiment difficile. Très souvent des gens viennent devant notre château à 4 h du matin et beaucoup repartent sans eau» témoigne Mme Karambiri.
Sa sœur, Zalissa, soutient ses propos en ces termes : « Le problème est que les gens viennent en nombre important et certains n’arrivent pas à être satisfaits. Il y en a qui patientent de 18 h. à 21 h. sans obtenir la moindre goûte d’eau. D’autres sont obligés de déposer leurs récipients et d’attendre la reprise de la distribution de l’eau ».
Mme Korotimi Zerbo est aussi gérante d’un château d’eau, au secteur 7 de Tougan. L’infrastructure fonctionne à base de plaques solaires en cas de délestage de l’électricité de la Société nationale.
L’affluence est forte pendant les périodes de rupture en fourniture d’électricité. « Le problème d’eau est crucial. Le jour où nous n’avons pas d’électricité, c’est vraiment difficile. Il faut compter sur le soleil pour alimenter les plaques et pour pouvoir servir les gens. Mais si le courant vient la nuit, l’eau aussi n’est disponible que le lendemain. L’affluence est forte pendant la coupure du courant électrique.» indique-t-elle.
Elle poursuit : « Très souvent, nous sommes incompris ; des gens ne viennent pas au bon moment pendant qu’il y a sommeil. Ils viennent le soir pendant qu’on a tout suspendu. Selon eux, c’est sciemment fait. Pourtant le château fonctionne grâce au soleil.
Nous souhaitons vraiment que la panne soit réparée pour que chacun ait de l’eau chez lui à domicile. »
La pénurie d’eau courante est l’une des plus grosses épines de la ville de Tougan après le blocus terroriste. L’aspiration actuelle de la population est la réparation de la panne technique de l’ONEA afin de rétablir la disponibilité de l’eau courante dans les familles.