L’augmentation des prix des boissons comme la bière pour soutenir l’effort de guerre au Burkina est acceptée par plusieurs consommateurs. Le vendredi 7 avril 2023, un reporter de Libreinfo.net a rencontré plusieurs consommateurs dans quelques débits de boissons à Ouagadougou, la capitale burkinabè
La hausse des prix des boissons depuis le 21 février 2023 ne dérange visiblement pas les consommateurs. C’est du moins ce qu’ont confié plusieurs consommateurs au reporter de Libreinfo.net.
Vendredi 7 avril 2023. Le soleil est au zénith et il fait très chaud dans la capitale burkinabè. Un bon moment pour se rafraîchir. J’arrive dans un maquis au quartier populaire Wemtenga de Ouagadougou.
Assise, le verre à la main et une bouteille de bière déposée sur une table, Adeline (nom d’emprunt), une dame, me dit qu’elle est venue se remonter le moral et dans le même temps, soutenir l’effort de guerre (Ndlr : en achetant une bière dont la surtaxe alimente le Fonds destiné à la guerre).
C’est une bonne nouvelle, selon elle, d’apprendre que les consommateurs des boissons ont contribué à plus de 3 milliards de F.CFA au Fonds de solidarité patriotique.
Cependant, Adeline trouve que la situation économique du pays est difficile : «Plus rien ne marche. Chacun se cherche. De deux bières auparavant, aujourd’hui nous n’en consommons qu’une puisqu’il n’y a plus rien » a-t-elle soutenu.
Venu pour étancher sa soif, Jérémy a commandé une boisson sucrée. Pour lui, il y a lieu d’encourager la poursuite de l’initiative.
« Je n’ai pas de sou avec cette augmentation. C’est pour un but bien précis. Et ça ne doit même pas se limiter là. Tant que cette guerre est toujours d’actualité cet effort doit perdurer. Si la paix revient, ils peuvent diminuer les prix des boissons » poursuit le gérant Kaboré.
Sous les manguiers de Tanghin (un lieu de détente) M. Désiré (nom d’emprunt) a commandé deux bouteilles de bière. Selon lui, il faut bien contribuer à la lutte contre le terrorisme.
« C’est normal, vu que des gens n’allaient pas contribuer même s’ils en avaient les moyens. Il faut que cet effort continue jusqu’à la fin. Nous allons le supporter » a-t-il expliqué.
M. Ouédraogo et un ami disent être venus se rafraîchir. Tout le monde doit contribuer à l’effort de guerre selon lui. Il a même appelé à mettre en place des coffres de récolte de fonds pour augmenter la contribution.
« L’effort de guerre, il faut que tout le monde le fasse. Et je suis entièrement d’accord. Ça m’étonne même de ne pas voir des boîtes disposées dans les maquis pour récolter des fonds comme dans les pays développés » fait-il savoir.
M. Julien Kaboré, est le gérant d’un maquis. Derrière son comptoir, il attend impatiemment les clients du jour. Il affirme que l’augmentation des prix des boissons n’a nullement eu d’effet sur l’affluence des clients.
« Les clients sont restés constants. Ils ne se sont pas plaints de la hausse des prix. Ils ont compris que tout le monde doit fournir un effort pour soutenir les autorités dans la lutte contre le terrorisme » me confie-t-il.
Après ce maquis, c’est un autre débit de boisson situé à quelques dizaines de mètres que je découvre. Là, M. Pascal Kaboré, le gérant, me montre son frigo à moitié plein.
Très occupé à gérer les commandes et à veiller au règlement des factures des clients du jour, il a déclaré que ses clients lui sont restés fidèles.
«J’ai bien accueilli la mesure. Avec le résultat de cette collecte ainsi organisée, j’étais joyeux parce que ça servirait à quelque chose. Il n’y a plus assez d’argent mais les gens se débrouillent pour répondre à l’appel des autorités » a ajouté M. Kaboré.
Comme d’autres, lui également ne trouve aucun souci quant à la poursuite de cette initiative. « Je pense qu’ils doivent étendre cette cotisation jusqu’à la libération totale du territoire » dit le gérant Kaboré.
Au quartier Tanghin, au bord du barrage, sous les manguiers (Ndlr : un lieu connu de la majorité des Ouagalais) Maimouna, Mlle Juliette (nom d’emprunt), vend presque toutes les marques de boissons. Selon elle, les clients continuent de venir en grand nombre pour s’acheter à boire.
« Je suis heureuse pour les milliards mobilisés. Avec ce point de la somme récoltée qui a été fait, ça encourage à faire plus. Personne ne se plaint tant que c’est pour l’effort de guerre. Nous sommes prêts à les accompagner le plus longtemps possible » lance-t-elle.
Depuis 2023, il n’est pas rare d’entendre des Burkinabè dire : « J’irai contribuer à l’effort de guerre », une façon pour eux de dire qu’ils voudraient aller boire.