L’actualité politique du week-end écoulé en Côte d’Ivoire était des plus bouillonnantes. En effet, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) de Henri Konan Bédié, était réuni en congrès extraordinaire, le 7e du genre depuis l’existence de la formation politique. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la mobilisation était au rendez-vous, comme pour dire que malgré la saignée de cadres, le PDCI-RDA se porte comme un charme. L’on peut d’ailleurs se féliciter du fait que les jeunes loups aux dents longues du parti qui, pour l’instant, n’ont pas cédé aux sirènes du parti au pouvoir, ont mis en berne leurs ambitions pour afficher une unité, ne serait-ce que de façade, autour du président Bédié, pour faire de ce raout politique, un succès. Exit donc le rêve de voir ce congrès tourner la page du Vieux pour laisser la place à la jeune génération. Mais d’ores et déjà, on sait que tous les regards sont tournés vers les élections locales prévues pour fin 2023. C’est d’ailleurs dans cette perspective que s’inscrit le thème du congrès, qui était ainsi libellé : « PDCI-RDA : enjeux et défis nouveaux, attitudes nouvelles, cap sur 2025 ».
La « fête de la renaissance » a tenu toutes ses promesses
Et le président Bédié, à l’occasion de l’ouverture de ce 7ème congrès de son parti, n’a pas manqué de rappeler cet important enjeu dans son discours d’ouverture : « Les prochaines élections locales sont importantes pour remporter la présidentielle de 2025…Je ne le répéterai jamais assez. Les prochaines élections sont déterminantes dans la stratégie de notre pays. Il est donc important que chacune et chacun de nous comprenne qu’il s’agit de réunir tous nos atouts ». C’est donc dire, en un mot comme en mille, que le congrès du PDCI-RDA visait à sonner le rassemblement pour faire échec à l’ambition de maintien au pouvoir du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) du président Alassane Dramane Ouattara avec lequel Bédié et ses compagnons politiques ont rompu les ponts. Et pour renverser la marmite du RHDP au feu, son ex-allié sait compter sur les autres partis de l’opposition qui n’ont pas marchandé leur présence à l’ouverture du congrès, même si, par ailleurs, le RHDP qui est la cible de tirs croisés des aspirants au pouvoir d’Etat, figurait aussi sur la liste des invités présents. Parallèlement au congrès du PDCI-RDA dont les portes se sont refermées dimanche, le Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI) a tenu, le 31 mars 2023, un meeting. Le principal orateur était le patron du parti hilmsef, Laurent Gbagbo. Même si l’on n’a pas retrouvé le tribun hors pair que l’on connaissait, la « fête de la renaissance », comme l’on a baptisé ce rassemblement, a tenu toutes ses promesses. Car, elle a drainé plusieurs milliers de participants. C’est donc devant une foule électrique que l’ancien président est revenu sur ses années de geôle à la Cour pénale internationale de La Haye (CPI) avant d’inviter la Côte d’Ivoire à rechercher, dans la perspective de la construction de la paix, les véritables coupables de la crise électorale de 2010 qui s’est soldée par 3000 morts.
On peut se féliciter du ton bien apaisé lors des deux rassemblements politiques
« Si la Côte d’Ivoire veut être une nation de paix, de justice, de vérité, je conseille à notre cher pays de continuer à chercher les coupables », a-t-il lancé, citant pêle-mêle « l’armée française », « l’armée de l’ONU » ou encore les « rebelles ». Laurent Gbagbo a aussi parlé de l’emploi des jeunes avant d’aboutir à la principale raison du meeting qui est, sans nul doute, la perspective de la présidentielle de 2025. Dans cette optique, il a fait l’état des lieux des possibles alliances politiques que le PPA-CI pourrait nouer pour remporter l’élection. C’est donc dire que si les deux matchs, celui du PDCI-RDA et celui du PPA-CI, se sont joués à distance, l’enjeu était le même : il s’agit de la reconquête du pouvoir en 2025. En attendant le mariage annoncé, chaque parti jauge ses forces dans la perspective d’une alliance qui récompenserait le poids réel de chacun sur le terrain, mais aussi qui occuperait le terrain et ferait peur à l’adversaire. Et pour ce faire, chacun des deux leaders politiques mise sur la jeunesse de son parti même si, par ailleurs, aucun d’eux ne songe à la retraite politique pour favoriser l’émergence d’un jeune leader charismatique. Et c’est en raison de cette incohérence que l’on peut se demander si leur appel à l’endroit de cette frange de la population, sera entendu, d’autant plus que le parti au pouvoir ne restera pas les bras croisés et n’hésitera sans doute pas à faire sortir les espèces sonnantes et trébuchantes pour appâter une jeunesse quelque peu désœuvrée. En attendant, l’on peut se féliciter du ton bien apaisé lors des deux rassemblements politiques ; ce qui pourrait être de bons augures pour les élections à venir. Et c’est déjà cela de gagné pour une scène politique ivoirienne connue pour être l’une des plus effervescentes en Afrique.