Burkina : suspension de France 24, «non, nous ne pouvons pas avoir des alliés qui sont les intimes amis de ceux qui nous nuisent, qui nous détruisent » dit Serge Bayala
Depuis l’annonce de la suspension des programmes de France 24 au Burkina Faso, les réactions se multiplient. Pour Serge Bayala, jeune leader de la société civile burkinabè, la décision du gouvernement est « une action de salubrité et d’hygiène publique suffisamment civilisée».
Annoncée par les autorités burkinabè le 27 mars 2023, la suspension de la diffusion des programmes de France 24 défraie toujours la chronique au Burkina Faso.
Selon Serge Bayala, leader de la société civile et secrétaire général du mouvement estudiantin panafricain « Deux heures pour nous, deux heures pour Kamita », la mesure de la suspension est une mesure de salubrité médiatique.
Il juge l’action gouvernementale de « suffisamment civilisée et clémente au nom de la dignité suprême et humaine » à laquelle le Burkina Faso et ses autorités sont attachés.
« C’est une action de salubrité et d’hygiène publique pour permettre aux Burkinabè de ne pas être pollués par une forme de propagande médiatique partielle », a expliqué le secrétaire général. Pour lui, le gouvernement pouvait aller bien au-delà de la simple suspension.
Pour ce faire, il a appelé la chaîne de télévision française France 24 et les autorités françaises à féliciter le gouvernement burkinabè pour sa clémence.
Toujours selon le leader de la société civile, France 24 s’est rendue coupable d’un « crime extrêmement grave » en se livrant « de façon pathétique et ridicule en agence de communication du terrorisme international ».
Serge Bayala a pointé du doigt le double jeu de la France depuis plusieurs années dans sa coopération de lutte contre le terrorisme au Burkina Faso. Selon lui, un toilettage des relations bilatérales s’impose pour la survie du pays.
«Non, nous ne pouvons pas avoir des alliés qui sont les intimes amis de ceux qui nous nuisent, qui nous détruisent », déplore monsieur Bayala
S’agissant de la liberté d’expression, il a par ailleurs appelé à la prudence absolue pour éviter toute propagande.
Pour lui, le Burkina a besoin d’une liberté d’expression qui fait la promotion du droit à la vie et non celle qui fait la promotion des criminels.
«Je pense qu’il ne faut pas tomber dans le piège de vouloir, par le couvert de la liberté d’expression, qui est un droit éthique fondamentalement utile, ouvrir la porte aux charlatans des radios mille collines, des médias à comportement mille collines », a-t-il interpellé.
«Depuis que la loi 49- 3 est passée, il y a formellement comme une sorte de connivence médiatique partagée par l’espace médiatique français qui ne relit pas ce qui se passe. (…) On leur demande s’ils sont désireux d’une liberté d’expression qui rayonne de 1000 feux, qu’ils commencent par éclairer les rues de Paris avec leurs micros et leurs caméras. Cela rendra d’abord service à leur propre peuple avant de nous convaincre », a-t-il indiqué.
Le média France 24 a été suspendu par le gouvernement burkinabè lui reprochant de servir «d’agence de communication » pour l’organisation terroriste Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
À la suite de cette suspension, la direction de la chaîne incriminée a déploré la décision du gouvernement.