Le journaliste indépendant Olivier Dubois vient d'être libéré après 711 jours de captivité aux mains d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), dans le nord du Mali. À son arrivée en France, dans une loge de Villacoublay, il accorde un entretien à RFI. Il évoque ses discussions sur le Coran avec ses ravisseurs, ses conditions de détention, l'otage sud-africain qu'il a côtoyé pendant un an et demi, le programme qu'il s'est inventé pour tenir ou encore ses projets d'écriture. Propos recueillis par David Baché du service Afrique de RFI.
Olivier Dubois : Un immense bonheur ! Moi, j'ai été téléguidé en sortant de l'avion. Je les avais aperçus déjà dans le salon VIP, en atterrissant. Je savais qu'ils étaient là. Et puis voilà, on sort et on est comme aimanté, on est comme attiré. Je rencontre ma mère, je vois mon père, je salue le président et je continue ma route jusqu'à eux et je peux enfin étreindre, mon fils, ma fille, ma compagne, les revoir. Ça fait 2 ans que j'écoute leurs messages sur RFI. Et puis voilà, c'est la fin, c'est effectif : ils sont là, on peut les toucher, c'est à la fois physique. C'est tout ça.
On pense en particulier à vos deux enfants, à votre fils qui a appris à lire et qui a perdu une dent pendant votre absence.
Vous avez l'air étonnamment en forme. Quelques mots sur vos conditions de détention.
Alors les conditions de détention, ce sont des conditions de prisonnier. Vous êtes enchaîné, vous êtes un prisonnier, vous êtes considéré comme un mécréant, un infidèle. Je n'ai pas été maltraité, je dois le dire. Je n'ai pas été frappé, ni humilié. Mais vous êtes un prisonnier, prisonnier dans l'Azawad. Enfin, dans la région de Kidal. L'Azawad comme ils disent. C'est vivre en extérieur tout le temps, qu’il y ait une tempête de sable, sous le soleil, dans le froid ou sous la pluie. C'est se déplacer à moto et en pick-up, c'est manger sur le sol, c'est se laver et faire ses besoins à l'extérieur. C'est vivre à l'extérieur tout le temps. C'est un inconfort qui, au bout d'un moment, devient habituel, mais c'est un inconfort certain.... suite de l'article sur RFI