«Un Gabonais a 2 pays : le Gabon et la France», affirmait Léon M’Ba, le premier président gabonais et son successeur du palais du bord de mer renchérissait quelques années plus tard que «la France sans l’Afrique est comme une voiture sans chauffeur». Entre la France et cette éponge pétrolière, la relation était si intime que certains n’ont pas eu tort d’affirmer que le Gabon était un DOM-TOM.
Et sous Omar Bongo Ondimba, elle fut tellement fusionnelle que la politique en France était scrutée, sinon coachée par OBO, qui selon plusieurs témoignages, distribuait le nerf de la guerre à tire-larigot aux différents candidats.
Un OBO qui tutoyait les locataires de l’Elysée, qui le recevaient à tout moment. Selon plusieurs témoins et analystes, la disparition du pater familia en 2009, a créé une onde de choc tant du côté de la Seine et de celle du Haut-Ogoué !
Certes, le légataire naturel, OBO a rempilé mais, soit il voulait s’émanciper de la tutelle française, soit la France trouvait qu’il ne défendait pas bien ses intérêts, en tout cas, après et bien avant son second bail, les relations se sont tendues entre les 2 pays. Passe encore peut-être que le dircab, d’Ali Bongo soit arrêté à l’aéroport en septembre 2015, mais le jeune locataire du palais du bord de mer a eu l’impression d’un lâchage de la part de la France, à l’issue de la présidentielle du 27 août 2016.
Accusé d’avoir falsifié les résultats de son fief le haut-Ogoué, acculé par Jean-Ping qui réclame «sa» victoire, octroyée par la «Tour de pise» surnom de la Cour constitutionnelle, OBO s’est senti seul, surtout encore plus après son AVC survenu le mercredi 24 octobre 2018.
Mais de tout cela, il n’en sera pas question ces 1er et 2 mars 2023 entre Macron et Ali Bongo. Du restes, la veille lors de son grand oral à Paris, avant cette tournée en Afrique, Macron a clarifié les choses : «ce n’est pas une visite électoraliste», malgré le semestre qui sépare la présidentielle avec ce séjour de Jupiter.
La «cause commune», c’est le One forest summit, pour trouver des solutions pour préserver et valoriser les forêts du bassin du fleuve Congo. A l’heure des problèmes climatiques, de l’environnement et des COP, c’est un sujet porteur qui mérite bien une halte au Gabon, et dans les 2 Congo d’ailleurs. Ces 3 pays constituent un des poumons verts de la planète (le premier étant l’Amazonie), et l’esprit de lucre des marchands du bois, et de déforestations sauvages sont autant de problématiques qui seront au cœur de cette visite du président français au Gabon. Même si encore une fois, on ne peut empêcher de voir la politique se profiler derrière ce séjour, et dans le secret de l’aparté du palais du bord de mer, ce qui ressemble à une vitre craquelée sera évoqué. Pourra-t-on recoller les morceaux ?