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Projet de fédération ou confédération mali-Burkina-Guinée : Ce n’est ni l’idéal ni le moment opportun !

Publié le lundi 27 fevrier 2023  |  netafrique
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© Autre presse par DR
Projet de fédération ou confédération mali-Burkina-Guinée : Ce n’est ni l’idéal ni le moment opportun !
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Le Premier ministre malien, Kokalla Choguel Maïga était en visite officielle de quatre (04) jours au Burkina. Arrivée à Ouagadougou le 23 février, il devait, en principe, regagner Bamako le 26 du même mois. En quatre-vingt-seize (96) heures de présence au Burkina, il a été reçu en audience par le président de la Transition, Ibrahim Traoré, présidé un conseil de ministres conjoints Burkina-Mali et l’ouverture officielle de la 36e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO).

Cette visite conforte l’axe Bamako-Ouagadougou dans la logique de la réunion des ministres des Affaires étrangères des trois (03) pays, Mali, Burkina, Guinée, les 8 et 9 février ; réunion au cours de laquelle, il a été, entre autres, question de réaliser une fédération des trois (03) Etats à la vitesse grand V. Ainsi, il n’en fallait pas plus pour que l’idée de fédération ou de confédération entre les 3 pays mis en avant par certains milieux dits panafricanistes depuis un an enfle sur la toile aidée en cela par le discours volontariste que le Premier ministre Choguel Maïga a tenu au Burkina pendant sa dernière visite. Mais l’idée généreuse des Etats africains qui se regroupent pour surmonter la balkanisation du continent en micro Etats ne saurait s’accommoder des unions qui confondent vitesse et précipitation, idéal et mythe, solidarité entre gouvernements en difficulté et confiscation des destins de leurs peuples. En un mot comme en mille, une fédération entre le Mali, le Burkina et la Guinée n’est pas l’idéal, tout comme une simple confédération Mali/Burkina n’est pas opportune à l’heure actuelle pour deux (02) raisons fondamentales. Primo, le projet d’une fédération des Etats ne peut être porté par des régimes d’exception transitoire, qui plus est, en temps de crise. Secundo, ce micro fédéralisme est un épouvantail agressif et de déchirement de la grande communauté d’Afrique de l’ouest en construction (CEDEAO).

Confédération et fédération, des concepts au contenu lié à la légitimité démocratique

Pour bien comprendre pourquoi les gouvernements actuels du Burkina, de la Guinée et du Mali ne sont pas qualifiés pour conduire un projet de fédération ou de confédération, il faut rappeler la définition basique de ces deux (02) concepts politiques.

Une fédération est une union d’Etats ou d’entités autonomes, sur la base d’une constitution approuvée par leurs populations ou leurs institutions représentatives. Ce statut d’Etats fédérés et d’union fédérale, une fois proclamé ne peut plus être remis en cause de façon unilatérale par l’un des membres. Les Etats-Unis d’Amérique en constituent une bonne illustration.

Une confédération est une association de communautés, de pays indépendants qui, sans aller jusqu’à la forme unitaire de leurs Etats ont délégué certaines de leurs compétences à un pouvoir central, en fait un organe de coordination des politiques communes qui prend ses décisions à l’unanimité des Etats, territoires ou communautés associés. L’exemple le plus connu au monde est la confédération helvétique (Suisse).

Qu’il s’agisse donc de créer une fédération ou une confédération d’Etats, il y a des actes de légitimité et de légalité qui doivent être pris par des pouvoirs représentatifs, démocratiquement élus. C’est un long processus qui exige des renoncements, le consentement des citoyens, une maturation avant sa mise en œuvre. Encore que parmi les trois (03) pays, la Guinée n’est pas particulièrement passionnée par ce projet de fédération.

CEDEAO et UEMOA : certes critiquables mais productrices d’acquis indéniables

Des gouvernements de transition dans des Etats d’exception ne sont donc pas suffisamment représentatifs et non pas non plus le temps pour gérer des projets de fédération et de confédération. A moins que les autorités des deux (02) pays n’aient des agendas cachés non démocratiques se traduisant par un refus de sortir des Etats d’exception actuels. Elles pourraient alors se raidir et s’enfermer logiquement dans des postures de pouvoirs despotiques. Déjà, le saccage de la Maison de la presse au Mali le 20 février dernier par des individus soupçonnés d’être proches du pouvoir malien ne présage rien de bon. Ce raidissement en ajouterait à leur illégitimité à conduire des projets aussi cruciaux pour le destin de leurs peuples.

Par ailleurs, malgré des insuffisances, des regroupements comme l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) sont des espaces d’intégration économique, de coordination politique et de solidarité qui doivent être renforcés. La monnaie unique de l’UEMOA, et celle en projet dans la CEDEAO, la libre circulation des personnes et des biens, l’harmonisation des droits des affaires, etc. sont des acquis indéniables.

Bref, mis au ban de la communauté régionale et internationale, la bonne politique pour le Burkina, la Guinée et le Mali, n’est pas dans une rebuffade souverainiste improductive. Le Burkina et Mali doivent garder à l’esprit que le plus urgent des urgences pour eux, c’est la guerre contre les groupes armés terroristes qui menacent jusqu’à leur existence. Va donc pour une mutualisation du renseignement et des offensives contre l’ennemi pseudo-djihadiste, mais non aux velléités pour un micro fédéralisme de protestation contre la CEDEAO. Ce n’est ni l’idéal ni le moment. L’urgence est ailleurs.

Zéphirin KPODA
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