93,5 millions de Nigérians prendront d’assaut les isoloirs, ce samedi 25 février 2023 pour élire le président de la République et les sénateurs.
Qui de Bola Tinuby cornac du Congrès des progressistes (APC), le parti au pouvoir, de Atiku Abubakar du Parti démocratique populaire (PDP) de l’opposition, à moins que ce ne soit Peter Obi du Parti travailliste (LP), l’outsider qui l’emportera ?
Muhammadu Buhari, le président sortant ayant épuisé toute sa destinée présidentielle prescrite par la Constitution de 1999, qui limite le nombre de mandat à deux a jeté son dévolu sur Bola Tinuby avec comme colistier Kashim Seltuma, sans pour autant réussir à contenter les partisans du «Zonage», cette loi non écrite qui veut que les candidatures soient tournantes entre le Nord musulman et le Sud chrétien.
En effet, Bola bien qu’il soit musulman comme Buhari est du sud. Le bilan de Buhari sur le plan de la lutte contre Boko Haram et la corruption est partagé, c’est pourquoi le champion du APC n’est pas certain de l’emporter. Mais ces élections se déroulent surtout dans un contexte assez particulier, marqué par une crise aiguë des hydrocarbures, dans ce géant de l’Afrique qui produit pourtant du pétrole. Le Nigéria est le deuxième producteur après l’Angola. Les longues files devant les essenceries à Lagos, Abuja ou Kaduna ont fini par provoquer des quasi-émeutes.
Surtout, les Nigérians sont assaillis par un quotidien très dégradé avec l’introuvable nouveau Naira : Le gouvernement fédéral ayant décidé de remplacer les anciens billets de la monnaie locale par de nouveaux billets dont la procuration s’avère être un parcours du combattant. A travers les différents Etats, les GAB sont soient hors service, soient pris d’assaut par des milliers de personnes, chacune voulant faire un retrait. Sans compter les Banques bondées. Le nouveau naira est devenu une denrée rare, et certains soupçonnent que des gens haut placés les aient gardés pour les élections…
En fait, ces nouveaux billets pourraient peser sur cette élection selon des connaisseurs du landernau politique, car «pas de naira, pas d’achat de voix, donc pas de corruption électorale !». Et ceux qui en détiennent par devers eux pourraient en user à volonté. Mais son absence pourrait aussi faire gagner normalement le vainqueur.
Le PDP, l’opposition incarnée par le vieux briscard Atiku Abubakar 76 ans, qui avait contesté les résultats de 2019, dénonce des manœuvres de APC pour truquer le scrutin. Un Atiku malgré la position délicate de son challenger du pouvoir Bola, n’est pas sûr de gagner car l’opposition aussi s’est émiettée, et surtout voit l’émergence d’une figure jeune : Peter Obi du parti travailliste, 61 ans, chouchou des jeunes, qui pèsent 40% dans le scrutin, ceux qui ont entre 18 ans et 34 ans. Sera-t-il faiseur de roi ou roi lui-même ? Beaucoup lui prédisent un avenir politique radieux. On espère seulement que ce scrutin se déroulera, sans trop d’anicroches, et surtout qu’une crise post-électorale ne naitra pas à l’issue du vote.