Les attaques djihadistes continuent de susciter la consternation mais aussi des interrogations sur la stratégie mise en place par la junte au pouvoir pour y mettre un terme.
Au Burkina Faso, à la suite de la mort, vendredi dernier, de 51 soldats tués lors d’une attaque djihadiste sur l’axe Déo-Oursi, dans la province de l’Oudalan au Sahel, les Burkinabè sont en deuil. Certains s’interrogent aussi sur la stratégie mise en place par la junte au pouvoir mais personne n’ose émettre des réserves par crainte de représailles. 160 djihadistes auraient par ailleurs été tués selon le bilan actualisé de l’état-major général de l’armée burkinabè et des opérations de ratissages se poursuivraient dans cette zone.
« C’est avec beaucoup de consternation que nous avons appris cet énième attaque contre nos forces de défense et de sécurité. La seule réaction qu’on peut avoir, c’est de prier. Que Dieu puisse donner la force et le courage nécessaire à nos forces de défense et de sécurité de continuer le combat. Nous savons que c’est dur ce qui vient de nous arriver. C’est très douloureux. C’est vrai que la junte au pouvoir a dit que la guerre commence. On ne peut pas dire que la stratégie de la junte soit inefficace. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’on puisse réajuster, comme ce n’est qu’un début, cette stratégie de guerre. Il n’y a pas de stratégie sans faille » explique Moussa Zerbo un membre du Bureau national de l’Union pour le progrès et le changement.
La choix de la prudence
Les experts en stratégie militaire préfèrent ne plus se prononcer lorsque survient une nouvelle attaque terroriste car le sujet est sensible au Burkina Faso. Pour eux, réagir ne ferait qu’aggraver les choses.
Par ailleurs, la junte militaire, avant cette nouvelle attaque, avait demandé aux médias de ne pas publier d’information négatives qui seraient susceptibles de démoraliser les forces armées. D’où la prudence aujourd’hui dans les commentaires.
« C’est vraiment très triste de savoir que nous continuons encore à perdre des soldats en si grand nombre. Ce n’est pas le moment de se décourager et de se laisser abattre par cette tristesse. Nos soldats et nos VDP (Volontaires pour la défense de la patrie, ndlr) font un travail formidable sur le terrain. Et la guerre, elle se mène actuellement non pas à la défensive mais à l’offensive. Et c’est peut-être cela aussi qui pousse nos ennemis, les terroristes, à utiliser toutes les stratégies pour montrer qu’ils existent toujours » assure l’écrivain et sociologue Adama Siguiré.
La question de la stratégie à adopter
Le chef de l’Etat a adressé un message à la nation durant lequel il a déclaré que la détermination de l’armée restera intacte jusqu’à la victoire. Pour Serge Bayala, secrétaire général du mémorial Thomas Sankara, ce message a trouvé le ton juste.
Selon lui « c’est une déclaration suffisamment nécessaire et prompte ». Il estime par ailleurs qu’il ne s’agit pas d’un message « qui trahit la réalité au sein des forces armées nationales ».
Pour Serge Bayala « le Burkinabè, à force de subir de telles attaques, est de plus en plus préparé psychologiquement« .
Il faut rappeler que la semaine passée, la junte au pouvoir a déclaré que « la guerre » a commencé. Et la question qui se pose désormais au sein de l’opinion burkinabé, c’est quelle stratégie pour vaincre le terrorisme ?