Le Premier ministre, Me Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela, a accordé une audience, dans la soirée de ce vendredi 17 février 2023, à la Société des Éditeurs de la Presse Privée (SEP). Les échanges ont porté sur plusieurs points, notamment les difficultés économiques que traversent les entreprises de presse, les vélléités de remise en cause de la liberté de presse et d’expression. A ses hôtes, le Premier ministre a réitéré la disponibilité de son Gouvernement à accompagner les entreprises de presse et à promouvoir la liberté de presse et d’expression.
Plusieurs points étaient à l’ordre du jour de la rencontre entre le Premier ministre, Me Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela, et la Société des Éditeurs de la Presse Privée (SEP). Il s’agit de la présentation du nouveau Bureau de la SEP, des difficultés économiques des entreprises de presse, des vélléités de remise en cause de la liberté de presse et d’expression, etc.
Sur le premier point, il est ressorti que Inoussa Ouédraogo a été porté aux commandes du nouveau Bureau de la SEP, pour un mandat de trois ans, lors de l’Assemblée générale de cette organisation, tenue à Koudougou, le 17 décembre 2022.
Abordant le deuxième point, la SEP a révélé que les entreprises de presse privées traversent des difficultés économiques, dues à l’inadaptation de la fiscalité, à l’absence d’intrants, etc.
De ce fait, cette organisation a plaidé pour une exonération de la fiscalité, en vue de permettre à la presse privée, de souffler et de mieux mener ses activités.
En réponse, le Chef du Gouvernement a indiqué que ces difficultés sont liées au contexte international. Selon lui, il appartient à la presse, de mener la réflexion, afin de trouver les meilleurs instruments pour son modèle économique.
Saisissant la perche, la SEP a fait savoir qu’elle compte organiser, dans les semaines à venir, un Forum économique des médias, au cours duquel cette question sera débattue. Une initiative fortement saluée par le Premier ministre.
A l’occasion de cette audience, la SEP s’est aussi inquiétée des vélléités de remise en cause de la liberté de presse et d’expression observées, ces derniers temps.
Face à cette inquiétude, Me Kyelem de Tambela a été catégorique :"Le Gouvernement burkinabè n’est ni contre la liberté de presse, ni contre la liberté d’expression".
"Nous sommes beaucoup attachés à la liberté de presse et d’expression. Moi-même, j’ai toujours bénéficié des colonnes de la presse pour mes publications. J’ai toujours été sur des plateaux télé et radio pour discuter de la situation de notre pays. Donc, ce n’est pas moi qui vais travailler à empêcher la liberté de presse et d’expression. Je ne serai pas le fossoyeur de la presse burkinabè", a-t-il expliqué.
Pour lui, le vrai problème se situe au niveau des réseaux sociaux et des émissions interactives audiovisuelles.
"Nous sommes dans un contexte de lutte contre le terrorisme. On ne peut pas accepter que des plateformes soient utilisées pour fournir des informations aux terroristes. Cela est un danger qui peut disloquer notre tissu social et mettre à mal notre cohésion sociale. C’est vous les professionnels. Vous êtes le quatrième pouvoir. Vous êtes formés pour cela. C’est à vous de recadrer les dérives. Il n’y a pas de raison qu’un analphabète vous dame le pion. C’est ce que nous attendons de vous. Il appartient aux médias classiques, de travailler à occuper l’espace public, pour continuer à éduquer nos populations et à leur donner une information saine et crédible", a-t-il déclaré.
Du reste, il a profité de cet entretien avec la SEP pour donner sa lecture de la notion de la liberté de presse.
"La liberté de presse n’est pas une donnée vide. Elle s’apprécie toujours en fonction d’un contexte sociopolitique et historique. Elle n’est pas une donnée absolue. La liberté de presse s’exerce toujours dans la mesure de la cohésion sociale. Elle s’entend toujours dans le cadre d’un contexte de cohésion sociale et de maintien de la paix sociale. La situation du pays est extrêmement difficile. Il faut aussi que vous, en tant que médias, puissiez tenir compte de la situation du pays et contextualiser cette liberté de presse, de sorte à ne pas fournir des informations assez stratégiques et capitales à nos ennemis", a exprimé le Premier ministre.
La SEP a aussi plaidé pour une augmentation de la subvention à la presse privée qui est de 400 millions de francs CFA l’année qu’elle juge insuffisante, au regard du nombre élevé d’organes de presse.
A cette demande, le Chef du Gouvernement a répondu que la priorité, à l’heure actuelle, est la lutte contre le terrorisme.
Et le Premier ministre d’indiquer :"Notre priorité, c’est d’acheter des armes et des munitions pour nos FDS et nos VDP. Nos priorités vont dans ce sens. Il nous faut restaurer notre territoire et préserver notre vivre-ensemble".
Néanmoins, il a salué le rôle de la presse burkinabè dans son ensemble, "en matière de contributions et de réflexions assez riches" et qui "tient la dragée haute à celle de la sous-région".
Lors des échanges, le Premier ministre est revenu sur une certaine opinion, généralement relayée par la presse et les réseaux sociaux, tendant à faire croire qu’il y a une discrimination orientée vers une ethnie au Burkina Faso.
De son avis, "il n’y a qu’une seule ethnie au Burkina Faso" et "c’est l’ethnie burkinabè". Donc, il est "inconcevable" de parler de discrimination d’une ethnie dans notre pays.
A l’issue de cette audience, le président de la SEP, Inoussa Ouédraogo, s’est dit satisfait des échanges avec le Premier ministre, car son organisation a eu une oreille attentive à ses préoccupations.
"Nous sommes satisfaits, parce que le Gouvernement est disponible à accompagner les entreprises de presse. Nous ressortons satisfaits de la vision que le Chef du Gouvernement a de la liberté de presse et d’expression. Nous sommes disponibles et disposés à travailler au renforcement de la liberté de presse dans notre pays", a soutenu le président de la SEP.
Séance tenante, le Premier ministre a fait virer à la SEP la somme de 10 millions dédiée à une activité de la Direction en charge de la Communication de la Primature en vue de lui permettre de bien mener ses missions.
Pour rappel, la SEP est une organisation qui regroupe les promoteurs ou responsables d’entreprises de presse écrite et en ligne au Burkina Faso.