Débuté le 8 février dernier, le procès de l’effondrement d’une dalle sur le site de construction de l’aéroport de Donsin ayant causé la mort de sept personnes s’est poursuivi, le mercredi 15 février 2023, au Tribunal de grande instance (TGI) de Ziniaré.
Le procès de l’effondrement d’une dalle sur le site de construction de l’aéroport de Donsin ayant causé la mort de sept personnes, le 30 décembre 2022, n’est pas prêt de connaître son épilogue. Renvoyé le 8 février dernier, le jugement du dossier a, à nouveau, été reporté au 20 février prochain lors de la deuxième audience tenue le mercredi 15 février, au Tribunal de grande instance de Ziniaré.
Et ce, sur demande de Karfa Gnanou, agent judiciaire de l’Etat qui a émis des réserves sur la qualité de prévenu attribué au Directeur général (DG) de la Maîtrise d’ouvrage de l’aéroport de Donsin (MOAD), dans le cadre du dossier. Pour lui, ce n’est pas à la MOAD de répondre, mais plutôt à l’Etat burkinabè à travers l’AJE.
Un argument que le ministère public, à travers le procureur du Faso près le Tribunal de grande instance (TGI) de Ziniaré, Fissouonté Hien, a battu en brèche. Il a, en effet, signifié qu’en tant qu’acteur principal de l’Etat dans la mise en œuvre de l’ouvrage, c’est à la MOAD, à travers son premier responsable, de répondre des faits qui se sont passés le 30 décembre dernier. Sur le sujet, la partie civile tout comme la défense a défilé devant le tribunal pour donner son point de vue.
Pendant que les avocats de la partie civile rappelaient la nécessité d’assurer impérativement les droits de la défense dans ce dossier, ceux de la défense quant à eux, ont trouvé en la demande de renvoi, une nouvelle occasion de plaider pour une liberté provisoire de leurs clients. S’en est suivi alors une guerre d’arguments entre le parquet et la partie civile qui étaient farouchement opposés à cette demande et la défense qui tenait mordicus à ce que leurs clients soient libres de rentrer chez eux jusqu’à la prochaine audience.
Me Ambroise Farama, avocat de la défense a invoqué le droit à un procès équitable et à l’égalité devant la loi pour justifier la demande de liberté des prévenus détenus dont ses clients. Pour lui, l’argument évoqué par le Tribunal pour rejeter la première demande de liberté provisoire à savoir l’atteinte à l’ordre public que cette liberté pourrait engendrer n’est pas fondé.
« J’étais présent sur le site… »
Dans son développement, il a souligné que l’atteinte à l’ordre public ne peut être invoquée que dans trois cas à savoir si la liberté des prévenus peut porter atteinte à leur sécurité, à la tranquillité publique et à la salubrité. Dans ce cas d’espèce, s’est-il voulu ferme, aucun de ces arguments ne peut valoir, car la liberté des prévenus ne peut pas poser, selon lui, des problèmes pour leur sécurité ou celle des populations et encore moins porter atteinte à la tranquillité publique et à la salubrité.
A cet argument développé par Me Ambroise Farama, Me Boama Ouali, un autre avocat de la défense, a ajouté l’impact négatif de la détention sur les activités économiques de certains prévenus dont son client Dieudonné Sodré qui est engagé dans l’exécution de marchés publics de plus de 5 milliards F CFA. Ce développement de la défense a scandalisé le procureur qui s’est dit offusqué que certains prévenus pensent à leurs activités économiques pendant que des gens sont morts.
« J’étais présent sur le site le jour de l’effondrement de la dalle et j’ai encore en mémoire l’image de cette victime qui est restée la tête sous le béton pendant plusieurs heures. Les secouristes étaient obligés de scier le béton afin de reconstituer le corps et le rendre aux familles pour les obsèques.
C’est donc dire à quel point c’était affreux. Maintenant qu’une procédure est engagée pour la manifestation de la vérité dans une telle affaire et que des prévenus qui sont indexés au premier plan se permettent de penser à leurs affaires, c’est scandaleux ! Eux au moins, ils sont encore en vie et c’est leur liberté qui les intéresse. Et ceux qui sont morts ? », a-t-il interrogé laissant l’assistance dans un silence froid.
Christophe Birba, avocat de la partie civile s’est, quant à lui, inquiété de l’impact qu’une liberté provisoire des prévenus peut avoir sur la suite du procès. Il a dit avoir peur qu’il y ait une subornation de témoins qui va empiéter sur la manifestation de la vérité. Plongé dans ce Ping-pong entre partie civile, ministère public et défense, le Tribunal à qui le dernier mot revenait, a décidé du maintien des prévenus en détention. L’audience a alors été suspendue pour être reprise le lundi prochain.