Rien ne les arrête et la vie humaine pèse peu dans leur furie meurtrière. Car si c’était au nom d’Allah qu’ils tuaient, certaines victimes auraient été épargnées. Quid de ces femmes qu’on tue ou viole, ou de ces innocents enfants massacrés ? Mais voilà depuis ce 8 février, les terroristes s’en sont pris à 2 travailleurs de l’ONG Médecins sans frontières (MSF), tués sur la jonction de la bretelle Tougan-Dédougou. En route de la ville des «Samo» où ils venaient d’accomplir une action humanitaire, vers Dédougou, les 2 victimes, tous des Burkinabè, quasi trentenaires (39 et 34 ans) ont vu leur véhicule, bien que estampillé MSF être canardé par des hommes armés. Des 4 passagers, 2 furent mortellement atteints, les autres ont pu s’échapper. En sauvant la vie d’autres personnes, ils ont perdu la leur. Il s’agit de chauffeurs de MSF laquelle a fait un communiqué signé de sa présidente, Dr Isabelle Defourny : «Nous sommes bouleversés et indignés par cet assassinat délibéré et intentionnel sur une équipe humanitaire clairement identifiée dans le cadre de sa mission médicale…». Tout en apportant sa compassion aux familles des victimes, MSF estime qu’elle échangera avec tous les protagonistes pour éclaircir ce drame de la Boucle du Mouhoun. Une région d’ailleurs où MSF n’opérera plus ayant suspendu ses activités pour voir clair d’abord avant d’aviser.
Ce qui signifie donc que blessés et autres malades de cette partie du Burkina, sont laissés à eux-mêmes quand on sait que l’Administration y est absente, corps médical et éducatif burkinabè ont déserté ces lieux. Alors que MSF a effectué entre juillet et décembre 2022 dans les 4 régions où elle présente, 400 000 consultations de santé primaire et pratique la maïeutique sur 4 300 femmes.
Avec cette tuerie des 2 employés de MSF dans la Boucle du Mouhoun, qui est sous quasi-blocus en dépit des opérations de desserrement des FDS et VDP, en dépit des actions de sécurisation, cette zone demeure dangereuse, et avec cet assassinat, les terroristes viennent de franchir un autre palier, gravissime s’il en est. Car lorsqu’on commence à s’en prendre aux humanitaires, cela signifie qu’on veut une guerre à huis-clos : pas de témoins, pas de sources, rien sur les blessés et les tués. C’est une voie qui engonce davantage le Burkina, dans le terrorisme crasse, car lorsqu’une région est «hors d’atteinte» de l’Etat et des humanitaires, c’est la totale. Et les Burkinabè attendent avec impatience, pour ne pas dire qu’ils rongent leurs freins pour que débute la grande offensive dont parle la Capitaine IB. Rien qu’hier, à la rencontre avec les policiers, il leur a tenu un langage martial et de vérité : il faut s’engager hic and nunc (ici et maintenant) ou mentionner son nom sur les non-partants à la guerre c’est-à-dire démissionner ! Or, selon le président de la Transition, si des civils se sont enrôlés pour cette guerre asymétrique, comment expliquer qu’un corps habillé fasse marche arrière ?
Maintenant, reste à enclencher la bataille généralisée, car rien qu’avec ces 4 mois déjà, la situation s’est dégradée par endroits en dépit de zones libérées et ravitaillées.