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Ouagadougou : incendie et fermeture de Sankar Yaaré, voici comment vivent au quotidien les commerçants victimes de ce sinistre

Publié le mardi 7 fevrier 2023  |  Libre Info
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© aOuaga.com par DR
Incendie du marché de Sankar Yaaré : Plusieurs centaines de boutiques parties en fumée, une enquête ouverte
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L’incendie du 29 janvier 2023 du marché de Sankar Yaaré (Ouagadougou) a ravagé plus de 70% des boutiques. Les commerçants, propriétaires de ces boutiques vivent, aujourd’hui, dans des conditions déplorables. Sans travail, ils passent leurs journées au bord du marché en attendant une décision du gouvernement concernant ce sinistre.

Depuis l’avènement de ce malheureux incendie le 29 janvier 2023, le calvaire des commerçants se poursuit.

Parmi eux, les plus persévérants se réunissent chaque matin aux portes du marché avec les délégués pour trouver des pistes de sortie de cette impasse.

D’autres, par ailleurs, traumatisés par les évènements, peinent toujours à franchir le seuil des portes du marché.

Sur la place de rassemblement, sans voix, ils scrutent les mouvements des agents chargés d’enquêter et ceux chargés de nettoyer.

Dans un hangar non loin de cet attroupement, Mme Eulalie Nouktara, la responsable des femmes du marché, demeure sans voix, le regard plongé dans le vide, le menton dans les mains, le visage crispé.

Depuis l’incendie, témoigne-t-elle, les conditions des femmes sont devenues difficiles.

Quelques-unes se sont rabattues aux abords des voies pour leur commerce, vu qu’elles doivent prendre soin de leurs familles.

« À l’heure-là, assure Mme Nouktara, les femmes souffrent. Elles sont partout au bord de la chaussée goudronnée, exposées au soleil et à tous les risques pour vendre le restant de leurs marchandises et prendre soin de leurs familles ».

À part les délégués et quelques commerçants, la majorité n’ont toujours pas accès au marché pour constater l’état de leurs boutiques, explique Mme Eulalie Nouktara.

Pour sa part, elle dit éviter les lieux du sinistre : « Mon courage ne me permet pas d’y entrer parce que je sais que je ne peux pas supporter.»

Ses affaires n’ont pas été touchées par les flammes, mais Mme Nouktara reste sensible au quotidien de ses collègues victimes.

Elle plaide pour l’ouverture rapide du marché : « On demande seulement aux autorités de nous aider. Qu’il nous aide à retourner dans le marché le plus tôt possible. Nous voulons utiliser la partie épargnée par l’incendie pour exercer notre commerce en attendant qu’ils terminent la réfection.»

Sur la question de la présence de dynamite au sein du marché, Mme Nouktara a relevé que des communiqués ont maintes fois été diffusés pour sensibiliser les commerçants afin qu’ils ne stockent plus les produits explosifs dans le marché ; mais les délégués, en plus d’être insultés, n’ont jamais été écoutés.

« Nous, on ne connaît pas ceux qui stockent les explosifs. On ne peut pas toujours être au courant.

Mais, maintes fois le délégué a fait diffuser des communiqués pour demander qu’on fasse sortir du marché les contenus explosifs comme la dynamite .

Ils n’ont pas écouté et pire, ils n’ont fait qu’insulter les initiateurs. Le jour J est venu et ils ont vu. Voici, aujourd’hui, nous sommes au chômage.» se lamente Mme Nouktara.

En sa qualité de représentante des femmes du marché, elle affirme que les concertations, toujours en cours, ont déjà abouti à quelque chose, sans donner plus de détail.

M. Séni Sawadogo, commerçant de chaussures, présent le jour des explosions, dit avoir cru à une attaque terroriste à la première explosion survenue non loin de sa boutique.

« On pensait que c’étaient les djihadistes qui étaient dans le marché. Nous avons commencé à plier bagages. La seconde explosion a accru la panique ; nous nous sommes sauvés. » raconte-t-il.

Dans sa fuite, M. Sawadogo se rappelle avoir chuté plusieurs fois.
Ce commerçant traîne aujourd’hui, en plus de la perte d’une partie de ses marchandises, des séquelles physiques avec une entorse au pied et un problème à la hanche.

Selon lui, ses conditions de vie deviennent de plus en plus dures vu qu’il n’exerce plus son travail.

« La vie est devenue difficile. Je n’ai pu me sauver qu’avec la somme de 3 000 F. CFA. Je n’ai plus rien sur moi. Ce sont les autres qui nous achètent à manger. »

Selon lui, des discussions sont en cours pour demander aux autorités la réouverture partielle du marché, du côté de l’espace épargné par l’incendie en attendant la suite des travaux de réfection.

« S’ils veulent fermer tout le marché pour tout reconstruire, ce sera dur.» lance-t-il.

Pour M. Issouf Kanazoé, vendeur de téléphones cellulaires, c’est une catastrophe.

Assis sur sa moto, il se demande comment sera son futur avec la perte de son budget : « Ma perte minimum vaut les 20 millions F. CFA en plus des 300 000 F. CFA de mon petit.»

Abattu, M. Kanazoé a déclaré passer les jours à tourner sans savoir où aller ni quoi faire.

La question des explosifs entreposés dans le marché a été posée à plusieurs reprises selon lui. « C’était avec les étrangers qu’on voyait cela. On parlait, mais les gens n’écoutaient pas. ».

Son souhait est la réouverture partielle du marché : « Si on gagnait, qu’ils ferment le côté détruit et qu’ils ouvrent l’autre côté pour que les gens se débrouillent un peu un peu, ça nous arrangerait. C’est mieux que la fermeture totale. »

Quant à M. Salif Raogo, commerçant de produits pour femmes, tout est devenu compliqué pour lui.

Avec sa boutique partie en fumée, sa « vie n’a plus de sens » assure-t-il ; M. Raogo raconte : « Mon argent dans le coffre était de 200 000 F. CFA. Mais le matériel avait une valeur d’environ 3 millions F. CFA. »

Impossible désormais pour lui de déposer même l’argent de la popote ; il se dit déjà inquiet de l’avenir de ses enfants.

Concernant la présence de produits explosifs dans le marché, M. Raogo a dit ne rien en savoir.

Chez M. Boukaré Kaboré, commerçant de fruits, tout est aux arrêts. Selon lui, le désordre était total dans le marché : « En tout cas, dans ce marché, on ne peut pas le nier ; les marchandises étaient exposées sur les voies de passage ; Les gens avaient ajouté des hangars à leurs boutiques qui occupaient ainsi les allées.»

Dès 8 h le matin, en pleine affluence, se déplacer dans le marché était pénible voire, à certains endroits, quasi-impossible.

Les étals débordaient sur les allées, les tas ordures également. »
Selon M. Kaboré, l’entrée des explosifs a été favorisée par l’entrée frauduleuse des produits dans la nuit.

« Les affaires du marché sont les affaires du marché. Lorsque le marché ferme, il y a des gens qui peuvent venir rouvrir et faire entrer leurs effets. Ça fait qu’on ne sait pas ce qui se passe…» indique-t-il.

Les commerçants de Sankar Yaaré rêvent de voir leur marché rouvrir le plus tôt possible pour leur permettre de continuer à exercer leurs activités.
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