La session plénière de l’Assemblée législative de Transition (ALT), du mardi 24 janvier 2023, a été consacrée à deux questions orales sans débats, adressées au gouvernement, relatives à la crise à l’Office national des télécommunications (ONATEL SA) et à la réconciliation nationale.
Une crise sociale oppose le personnel de l’Office national des télécommunications (ONATEL SA) et la direction générale de l’entreprise. Pour mieux comprendre les raisons et les dispositions prises afin de juguler la crise, l’Assemblée législative de Transition a tenu une session plénière, le mardi 24 janvier 2023, à Ouagadougou, au cours de laquelle deux questions orales sans débats ont été adressées au gouvernement.
Les députés, Moussa Koné et Wilfried Prospère Bako, respectivement membres des groupes constitués des Organisations de la société civile(OSC) et partis politiques, ont été les auteurs des deux préoccupations. La première question orale adressée au Premier ministre a été celle du député Moussa Koné, relative à la crise que traverse actuellement l’ONATEL SA ainsi que les solutions envisagées par son gouvernement pour la juguler. En réponse à cette interrogation, le gouvernement, par la voix du ministre de la Transition digitale, des Postes et des Communications électroniques, Aminata Zerbo/Sabane, a reconnu que l’année 2022 a été émaillée de plusieurs mouvements sociaux au niveau de cette société. A l’en croire, la crise qui est constatée actuellement a débuté le 17 novembre 2022 et surviendra à nouveau à la suite de la rupture des négociations entre le Syndicat national des télécommunications (SYNATEL) et la direction générale de l’ONATEL sur la plateforme revendicative. Les 40 points de revendication du personnel, a-t-elle fait savoir, sont relatifs, entre autres, à l’équipement, à la rémunération, à la formation et à des points de la plateforme revendicative de 2018 qui sont restés en suspens. A l’écouter, dès la survenue de la crise, le gouvernement a rencontré à plusieurs reprises les deux parties. Malheureusement, a-t-elle déploré, ces rencontres n’ont pas permis d’avoir une sortie de crise souhaitée mais, les positions ont pu être rapprochées. Parallèlement à cette médiation, a-t-elle renseigné, la Direction générale du travail a entamé suivant ses procédures une médiation qui a abouti sur la base d’une plateforme revendicative réduite à 20 points.
« Actuellement, nous constatons une accalmie, le service a repris mais nous ne pouvons pas parler de fin de crise puisse qu’il n’y a pas eu d’accord », a-t-elle précisé. Néanmoins, elle a assuré que les négociations se poursuivent sur la plateforme minimale qui a été produite et le gouvernement suit de près le dossier pour espérer une sortie de crise dans les meilleurs délais. Concernant les préoccupations du syndicat sur la non-satisfaction des engagements par la société de téléphonie lors de la privation, elle a indiqué qu’une étude chargée de faire le point sur toutes les privatisations qui ont lieu depuis 1990 est en cours. « A l’issue de ce travail, nous aurons le bilan global des privatisations et celui spécifique du cas de l’ONATEL », a-t-elle laissé entendre. Elle a, par ailleurs, précisé que l’ONATEL SA est aujourd’hui une entreprise anonyme. « Donc de ce fait, le gouvernement accompagne les parties lorsqu’il y a des conflits mais, il n’a pas de prérogative sur l’une ou l’autre. Néanmoins, il suit de près ce qui se passe parce qu’il est actionnaire et aussi à cause de l’importance du secteur des télécommunications actuellement », a-t-elle signifié.
Parvenir à la réconciliation nationale
La seconde question orale du député, Wilfried Prospère Bako, adressée au gouvernement, a porté sur les mesures envisagées par l’exécutif en rapport avec la cohésion sociale et le vivre-ensemble. Le ministre des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi, Boubakar Savadogo, représentant sa collègue de la Solidarité, de l’Action humanitaire, de la Réconciliation nationale, du Genre et de la Famille, a assuré que des actions sont entreprises pour renforcer la cohésion sociale et parvenir à la réconciliation nationale. Il a indiqué que dans la feuille de route initiale du processus de la réconciliation nationale, il était prévu l’élaboration de documents de stratégies nationales, à savoir les stratégies nationales de réconciliation, de cohésion sociale, de prévention de la radicalisation et de lutte contre l’extrémisme violent, de pacte de vivre-ensemble. Ce processus, a-t-il poursuivi, devait être scellé officiellement dans le cadre d’un forum qui regroupait les forces vives pour statuer sur les propositions de solutions. A l’entendre, des difficultés, notamment liées à la mauvaise compréhension du processus par certaines couches de la population, les soubresauts politiques et les problèmes d’indemnisation, ont justifié la non-tenue de la rencontre en 2021.
Au regard de ces contraintes, a-t-il préconisé, il est judicieux de travailler à harmoniser les avis et apporter les solutions aux problèmes en instance afin d’accroitre les chances de succès du nouveau processus de la réconciliation. « Le gouvernement est en train d’œuvrer pour satisfaire les accords issus des concertations antérieures afin que ces personnes viennent au forum de bonne foi. C’est pourquoi nous travaillons à prendre en compte les préoccupations justes et acceptées par les uns et les autres », a-t-il déclaré. Il a, par ailleurs, annoncé que dès cette année 2023, l’exécutif a pris l’initiative d’indemniser des victimes pour réduire les frustrations et de mettre en œuvre un plan d’actions, intégré de communication sur le document de stratégie nationale. Pour le ministre Boubakar Savadogo, la prudence du gouvernement est d’éviter de faire les mêmes erreurs que les initiatives précédentes. Les auteurs des questions orales ont félicité le gouvernement pour ses éléments de réponses à leurs préoccupations. Toutefois, le député Wilfried Prospère Bako a invité l’exécutif à accélérer le processus de réconciliation nationale, gage d’une paix durable. Le vice-président de l’ALT, Dafidi Lompo qui a présidé la session plénière, a aussi remercié le gouvernement pour avoir permis d’éclairer la lanterne de la représentation nationale sur ces sujets d’intérêt.