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Pr Joseph Assi-Kaudjhis, DG du Centre africain de management et de perfectionnement des cadres : « le CAMPC est un centre panafricain au profit des administrations africaines »

Publié le vendredi 13 janvier 2023  |  Sidwaya
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© Abidjan.net par DR
Pr Joseph Assi-Kaudjhis, DG du Centre africain de management et de perfectionnement des cadres : « le CAMPC est un centre panafricain au profit des administrations africaines »
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Le Centre africain de management et de perfectionnement des cadres (CAMPC) créé en 1975 est une institution panafricaine inter-Etats basée à Abidjan en Côte d’Ivoire. Plongé dans une léthargie absolue à un certain moment, aujourd’hui, il fait la fierté des administrations africaines à travers la formation professionnelle des cadres. En séjour au Burkina Faso, le Directeur général (DG) du CAMPC, Pr Joseph Assi-Kaudjhis, reconduit pour quatre nouvelles années à la tête de l’institution, revient, entre autres, sur les opportunités de formation offertes par le Centre, les conditions d’accès et sa position en matière de formation professionnelle dans la sous-région et en Afrique.

Sidwaya (S) : Présentez-nous le Centre africain de management et de perfectionnement des cadres (CAMPC)

Joseph Assi-Kaudjhis (J.A-K.) : Merci de l’opportunité que le quotidien Sidwaya me donne pour m’exprimer sur le Centre africain de management et de perfectionnement des cadres (CAMPC). Le CAMPC est une institution inter-Etats créée en 1975 à l’initiative des chefs d’Etat et de gouvernement des pays de l’Organisation commune africaine et malgache (OCAM). Depuis 1975, ce Centre, qui a son siège à Abidjan, forme dans divers domaines de la vie économique. Son Conseil d’administration est, depuis sa 37e session qui s’est tenue à Abidjan le 14 décembre 2022, dirigé par le Burkina Faso, à travers le ministre des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi. Il faut rappeler que le CAMPC regroupe six pays africains à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Togo et le Niger qui ont chacun deux administrateurs en son sein. L’un, au titre du secteur privé et l’autre, au titre du gouvernement.

S : Pouvez-vous revenir sur les divers domaines économiques que vous avez tantôt évoqués ?

J.A-K. : Les formations dispensées par le CAMPC, comme je l’ai indiqué, précédemment, concernent tous les domaines de la vie économique à savoir le secteur primaire, le secteur tertiaire en passant par celui du secondaire et même le secteur de pointe. Le CAMPC dispose d’une équipe de plus de 380 consultants-formateurs à travers le monde, spécialisés dans le leadership, le management, l’économie, le droit, l’industrie, l’agriculture, l’informatique, etc. Ils forment les professionnels aussi bien dans des programmes diplômants que dans des programmes qualifiants, certifiants et des séminaires de courte durée. En plus de la formation, le CAMPC a pour, entre autres, missions l’assistance-conseil et la recherche.

S : Vous avez été reconduit à la tête du CAMPC pour quatre nouvelles années. Quel bilan pouvez-vous dresser de vos quatre premières années ?

J.A-K. : Ces quatre premières années ont été celles de la relance et de la redynamisation du CAMPC. Il faut dire qu’à notre prise de fonction en 2018, nous avions trouvé un centre dans une léthargie absolue. Il était complètement à terre, presque fermé puisque les activités ne se déroulaient quasiment plus à cause d’une crise de gouvernance et de financement. C’est face à ce tableau complètement noir de la situation que le Conseil d’administration nous a missionnés pour remettre en selle cette prestigieuse institution de formation. Dès notre prise de fonction, il fallait mettre en place une boussole pour permettre à ce Centre de fonctionner. Un plan stratégique sur la période 2018-2022 a donc été élaboré. Il était structuré autour de cinq grands axes : l’amélioration de la formation, le renforcement de la recherche, la relance de l’assistance-conseil, l’amélioration de l’administration et des finances et le renforcement du rôle du CAMPC dans la société. Plusieurs activités ont été définies autour de ces axes pour permettre au CAMPC de fonctionner à nouveau. Avec mon équipe, nous avons commencé par la révision des curricula qui a permis de basculer dans le système LMD (Licence-Master-Doctorat) qui est une réalité aujourd’hui au CAMPC. Toutes les maquettes pédagogiques ont donc été revues et améliorées pour nous adapter aux standards internationaux. Les principales innovations à ce niveau ont porté sur l’implémentation de la digitalisation dans la formation, le renforcement de l’apprentissage des langues et la création de nouvelles filières adaptées au marché du travail. L’implémentation de la formation à distance a aussi constitué un volet important de cette réforme de la formation. Compte tenu de la dimension sous régionale du CAMPC, il était en effet important d’engager cette réforme pour rapprocher nos programmes des pays membres et même non membres. Aujourd’hui vous pouvez être partout dans le monde et suivre les formations du CAMPC. Nous avons également procédé à la réhabilitation des infrastructures pour donner un visage plus approprié à ce Centre panafricain. Nous avons, en plus, acquis du matériel de bureau, de travail, de formation, des engins roulants. Un autre point majeur de cette réforme a été l’instauration du dialogue social qui a permis de renouer la confiance entre la Direction générale et le personnel. Les finances du Centre ont été assainies. Les réunions statutaires, notamment le Conseil d’administration, le Comité de contrôle et de gestion et le Conseil pédagogique et scientifique ont repris et ont été programmés suivant les textes du CAMPC. Enfin, nous nous sommes engagés à ouvrir le CAMPC sur notre société. A cet effet, nous avons organisé plusieurs conférences et séminaires publics et des activités sociales et caritatives.

S : Comment faire pour accéder au CAMPC ?

J.A-K. : Le CAMPC est un centre qui est ouvert aux professionnels. Il faut que j’insiste là-dessus. Il faut être en situation d’emploi avant de bénéficier d’une formation au CAMPC. En ce qui concerne les formations de courte durée, notamment les séminaires et les certificats, dont la durée est comprise entre une semaine et trois mois, il faut juste être un travailleur. Ici, on n’a pas besoin d’une expérience professionnelle particulière ou d’un nombre d’années d’expérience dans la carrière. Tout le monde peut y accéder. Même si vous venez à peine de commencer à travailler, vous pouvez bénéficier d’une formation de courte durée. Car, cela vous donne des qualifications pour vous permettre d’être plus opérationnel dans votre travail. S’agissant par contre des formations diplômantes, il faut justifier d’une expérience professionnelle d’au moins deux ans avant d’accéder à un programme de formation. Pour les Licences, il faut en plus être titulaire d’un niveau BAC+2, pour le Master I, BAC+3 au moins et BAC+4 au moins pour le Master II. Pour le Doctorat, il faut être titulaire d’un niveau BAC+5 au moins. Ce sont les conditions d’accès aux programmes du CAMPC.

S: Comment positionnez-vous le CAMPC dans le milieu de la formation professionnelle en Afrique ?

J.A-K.: Le CAMPC produisait à l’époque la plupart des cadres des administrations africaines. Déjà, à l’origine, ce qui a d’ailleurs justifié sa création, c’était un Centre prestigieux de formation professionnelle des cadres africains. Aujourd’hui, cette renommée n’a pas tari parce que le Centre a relancé ses activités et nous nous repositionnions au cœur de la formation professionnelle. C’est un centre africain et on encourage vivement les Africains à venir bénéficier de tout ce qu’on a comme expérience.

S : Quels sont vos plus grands défis et ambitions pour les quatre prochaines années ?

J.A-K. : Comme je l’ai déjà dit, à notre prise de fonction, nous avons trouvé le Centre dans une situation délétère. Aujourd’hui, cette situation s’est stabilisée et le CAMPC doit maintenant faire face aux nombreuses sollicitations induites par ce succès. Les demandes de formation sont de plus en plus importantes et nous devons répondre à ces besoins exprimés par les populations. Donc, le premier grand projet à mettre en œuvre dans les quatre prochaines années, sera l’extension des infrastructures du Centre. Il faut dire qu’à l’origine, le CAMPC a été créé pour recevoir une centaine d’auditeurs. Cela se justifie puisqu’à l’époque, nos Etats n’avaient pas suffisamment de cadres. Aujourd’hui, la donne n’est plus la même. Chaque année, ce sont plus de 800 auditeurs toutes formations confondues, qui suivent une formation au CAMPC. C’est vrai que les réhabilitations effectuées ont permis, un tant soit peu, d’accroître les capacités d’accueil, mais il est important que l’on étende les infrastructures afin d’offrir un cadre beaucoup plus adapté et plus accueillant à tous ceux qui viennent se former. La deuxième innovation va porter sur l’ouverture des représentations du CAMPC dans les pays membres. Il y a en effet des formations qui peuvent se faire in situ et on n’a toujours pas besoin de se déplacer pour bénéficier d’une formation. Il est important de faire vivre le CAMPC dans les pays membres et à renforcer ainsi la visibilité de ses programmes. A ce sujet, il y a des démarches qui ont déjà été engagées et c’est ce qui justifie notre présence au Burkina Faso, à cette période (22 au 23 décembre 2022, Ndlr) pour discuter de l’implantation de la représentation du CAMPC de Ouagadougou. Nous allons, par ailleurs, poursuivre les projets de révision des programmes. Vous savez qu’aujourd’hui, le monde évolue et est en perpétuel changement, la formation aussi. On doit pouvoir s’adapter chaque fois aux besoins du marché du travail. Nous sommes en train de réfléchir sur les différents programmes durant les quatre années à venir. Enfin, l’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel figure au chapitre des grandes réformes pour les quatre années à venir.

S : Quel argument mettez-vous en avant en vue d’obtenir l’adhésion de nouveaux pays ?

J.A-K. : Au début, le CAMPC comptait 25 pays. Pour nous, ils ne sont pas partis. Ils sont toujours avec nous puisque des institutions de ces pays continuent de prendre part aux programmes de formation du CAMPC. C’est aussi leur institution qui a mûri et gagné en expérience. Et aujourd’hui, nous avons un dispositif de formation à la pointe. Nos formations sont de qualité. Nous n’avons plus besoin d’aller loin hors de notre continent pour bénéficier d’une formation de qualité. Le CAMPC est bel et bien là et les auditeurs gagnent doublement avec la proximité et la coopération sous régionale qui se noue à travers nos formations. Ceux qui viennent se former sont dans un cadre agréable et ont accès aux consultants-formateurs qui proviennent du milieu professionnel en grande majorité et de celui de l’enseignement supérieur. Tous les pays africains ont tout ce dispositif à leur portée. Ils peuvent nous consulter à tout moment et les actions seront mises en œuvre pour satisfaire leurs besoins en matière de formation, d’assistance-conseil et de recherche. Par sa proximité et l’intégration sous régionale qu’il valorise, le CAMPC est l’institution la mieux indiquée pour le renforcement des capacités des professionnels des administrations et organisations africaines. Nous encourageons donc vivement tous nos États à revenir dans la maison qu’ils n’ont jamais quittée.

S : Est-ce que vous pouvez citer quelques-uns des 25 pays qui ont constitué au départ le CAMPC ?

J.A-K. : Au départ, il y avait, en plus des Etats membres, le Mali, le Sénégal, le Rwanda, le Congo, le Cameroun, la Guinée, la Centrafrique, Maurice, Madagascar, etc. Plusieurs cadres de ces pays ont même travaillé au CAMPC pendant des années. A la suite de la dissolution de l’OCAM en 1985, le CAMPC, qui était sa structure technique, a été par contre maintenu. A l’origine, c’était le Centre africain et mauricien de perfectionnement des cadres (CAMPC). Mais, quand Maurice est parti, c’est devenu le Centre africain de management et de perfectionnement des cadres (CAMPC). Le sigle est resté, mais la définition a changé. Tous ces pays qui ont fait partie du CAMPC ont vraiment profité de ses formations. Les choses n’ont pas changé, bien au contraire, elles ont évolué. Il est important que dans la communication que nous faisons, l’on puisse informer ces Etats que le CAMPC est toujours là. Ceux qui ont bâti le Centre sont là. Ils ont occupé de hautes fonctions dans leurs pays respectifs. Il y a eu des ministres, des ambassadeurs, des directeurs généraux, des présidents de Conseil d’administration, etc. Ils sont tous passés par ce centre qui a accumulé beaucoup d’expériences et nous sommes prêts à en partager avec les pays africains.

S : Il y a des perspectives pour aller vers d’autres pays africains. Est-ce qu’il y a des initiatives dans ce sens ?

J.A-K. : Nous avons engagé quelques actions auprès de certaines chancelleries directement ou par des personnes interposées qui ont fait le CAMPC et qui sont aujourd’hui fières de voir ce renouveau. Lors de leur passage à Abidjan, ils ont été émerveillés par tout ce qu’ils ont vu. Ils nous accompagnent dans ce retour de leurs Etats au CAMPC. Depuis 2018, nous avons donc engagé ces initiatives auprès des chancelleries à Abidjan et de ces cadres de bonne volonté.

S : Qu’est-ce qui diffère le CAMPC des autres centres de formation ?

J.A-K. : Dans un premier temps, il y a son statut. Le CAMPC est une institution des Etats pour les Etats. Donc, nous n’avons pas la même situation que certaines écoles ou universités qui forment également des professionnels. Deuxièmement, il y a l’aspect intégration sous-régionale. Nous travaillons de sorte que les problèmes qui se posent à l’Afrique aient leurs solutions au CAMPC. Troisièmement, il y a les programmes. Ce sont des programmes qui sont adaptés à nos situations africaines. Nous répondons à des préoccupations à partir des cas africains et sur des solutions africaines. Autre élément, c’est le collège de formateurs du CAMPC qui est issu essentiellement du milieu professionnel. Ce sont des personnes qui ont une longue expérience dans nos administrations et qui viennent partager leurs compétences avec le CAMPC. Plus de 80% de nos consultants-formateurs sont issus du milieu professionnel et nous avons quelques enseignants qui proviennent des universités, mais qui sont plus sur les aspects méthodologiques de la formation. C’est vrai qu’il nous arrive quelquefois de recourir aux expertises hors Afrique pour des problématiques que nous ne retrouvons pas dans nos pays ou par manque de consultants-formateurs. Mais, la grande majorité des enseignants au CAMPC sont des Africains. Voilà ce qui fait l’originalité du CAMPC avec ses programmes qui ont montré leur grande viabilité dans nos administrations. Nous avons une grande satisfaction sur les retours des diplômés au sein de leurs entreprises.

S : Au regard de l’importance du CAMPC dans la formation professionnelle des cadres africains, comptez-vous ouvrir des antennes dans les différents pays membres ?

J.A-K. : Il y a déjà des actions en cours en termes d’ouverture de représentation du CAMPC dans les pays membres. Nous avons déjà engagé la procédure au niveau du Burkina Faso avec Mme Ahoua Sawadogo/Coulibaly, représentante du CAMPC au Burkina Faso, qui va piloter l’antenne du pays. Les actions ont déjà été engagées avec les plus hautes autorités du pays pour bénéficier de l’accord de siège et commencer à installer le bureau qui va coordonner toutes les activités du CAMPC au Burkina Faso. Au récent Conseil d’administration, le ministre des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi du Burkina Faso qui en est le président du Conseil d’administration et qui a fait preuve d’un grand leadership tout au long du conseil, a proposé que nous ayons des points focaux du CAMPC dans les pays membres pour que les programmes soient mieux défendus auprès des administrations. Donc, nous avons en projet de mettre en place ces points focaux qui vont après être transformés en représentations dans les autres pays membres.

S : A l’issue, justement, de la 37e session du Conseil d’administration de l’institution, le Burkina Faso a été porté à la tête de cette instance pour deux ans. Qu’attendez-vous concrètement de cette présidence du Burkina Faso ?

J.A-K. : D’abord, il faut rappeler le contexte de l’élection du Burkina Faso à la tête du Conseil d’administration du CAMPC. C’est premièrement le leadership qui a prévalu tout au long des travaux du Conseil d’administration et qui a été beaucoup apprécié. C’est à la suite de cela que les autres membres du Conseil d’administration ont jugé bon de donner la présidence à celui qui incarnait le mieux cette vision pendant cette session. C’est une vision de redynamisation du CAMPC. Nous nous engageons dans cette vision du président du Conseil d’administration qui a pour ambition de faire en sorte que le CAMPC soit le plus grand centre de formation professionnelle en Afrique et dans le monde. Il l’a clairement exprimé et nous attendons que les actions qui doivent accompagner cette vision de repositionnement du CAMPC à l’échelle internationale soient engagées. C’est ce qui nous a amenés en terre burkinabè. Hier (jeudi 22 décembre 2022, Ndlr), nous avons eu une séance de travail avec plusieurs cadres du Burkina Faso pour présenter les programmes du CAMPC. De nombreuses actions seront donc menées dans le pays pour faire connaître le CAMPC par les professionnels d’ici comme d’ailleurs.

S : Quel appel avez-vous à lancer aux administrations des pays africains ?

J. A-K. : Je tiens déjà à vous remercier et dire également merci au président du Conseil d’administration du CAMPC, le ministre burkinabè des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi pour toutes les facilités qui ont été mises en place lors de cette mission du CAMPC au Burkina Faso. Je dis merci aussi à toutes celles et tous ceux qui se sont mobilisés pour faire en sorte que cette mission soit une réussite. J’invite les Africains à faire confiance aux institutions africaines. C’est par leur confiance que ces institutions pourront se développer et vivre. Nous n’avons pas à rougir face aux institutions des autres pays ou continents. Nous avons dans nos Etats, des institutions qui peuvent répondre efficacement à nos besoins en matière de formation. Faisons donc confiance à ces institutions. Le CAMPC en fait partie et je les invite à venir bénéficier de son expérience en formation professionnelle et en renforcement de capacités.

Interview réalisée par

Boukary BONKOUNGOU
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