C’est une huitième audience de Dadis qui fut chaude, point de vue réponses, et surtout intonation de la voix de Dadis. Alors que depuis la 1ère audience, l’ex-patron du CNDD vitupérait, gesticulait et même toisait les avocats voire le président du Tribunal, hier, c’est un capitaine Dadis qui n’avait plus ce punch, balbutiait et commence à perdre le fil de ses idées, souvent agacé, ennuyant et ennuyeux. Non seulement l’interrogatoire des avocats des parties civiles énerve l’ubuesque ex-maître de Guinée, mais sa ligne de défense qui se borne à faire dans l’ignorance ou à se défausser sur Toumba ou Tiegboro, cette défense s’effiloche, et Dadis perd ses idées à force de tourner en rond.
Le principal accusé dans ce massacre du stade du 28-Septembre, hier 10 janvier a commencé à chercher des arguments car à force de servir les mêmes, il n’en possède plus. A l’exemple de l’avocate Halimatou Camara, qui lui demanda si en pareil cas n’était-il pas normal que le gouvernement ouvre une enquête, Dadis banalisera en répondant : «je n’en avais pas besoin». Et sur cette enquête, lorsque l’avocate revient à la charge, la moutarde monte au nez de Dadis qui demande que la question soit précise.
Il aura même fallu que le président du Tribunal rappelle le célèbre accusé à l’ordre, lequel très volubile, parle avant même les questions. C’est clair, si Dadis trépignait d’impatience depuis son exil ouagalais d’aller répondre devant la justice sur ce massacre, vieux de 13 ans, il a d’abord été désarçonné d’être mis aux arrêts, mais a cru qu’il pourrait «amuser» le Tribunal ou tourner les avocats de la partie civile en bourrique.
Malheureusement, il oublie que ce procès hors norme et historique n’a rien de ludique, et Dadis sent qu’il ne fait plus rire, peut-être des rires jaunes, mais ce sont plutôt des rictus qu’il provoque. Il sent que ses arguments, les victimes parlent d’arguties volent au ras des pâquerettes du fleuve Kontouré
Dadis est conscient qu’à minima, s’il n’est pas coupable, s’il n’a pas donné l’ordre d’aller tuer des opposants et violer des femmes, il est responsable de ces actes inqualifiables. Et du coup, il prend conscient que ce n’est pas du jeu, qu’il n’est plus le président, grand imprécateur des Occidentaux, humiliant fonctionnaires et collaborateurs en public ! Non, il est devant un tribunal qui le juge pour des massacres perpétrés par des sicaires dont personne ne veut ni dire qu’il en était, ni avouer qu’il a été l’envoyeur.
L’ex-président du CNDD a pris conscience qu’il risque sous réserve que la parole qui sera à la défense d’ici là puisse le disculper. En tout cas, à cette 8e audience, c’est un Dadis transis, gagné par la colère qui se débattait devant les avocats et le tribunal. Grandeur et misère du pouvoir, lequel pouvoir doit être exercé avec droiture et probité, car la roue tourne.