La province du Sourou dans la région de la Boucle du Mouhoun connaît depuis quelques jours, le déplacement d’un nombre important de populations civiles. Les terroristes font des incursions dans de nombreuses localités de cette partie du pays, provoquant ainsi l’exode de centaines d’âmes vers la ville de Tougan, chef-lieu de la province du Sourou. Le 7 janvier 2023, un habitant de la ville qui a requis l’anonymat confie à Libreinfo.net que la situation est assez « inquiétante».
Les terroristes ont sommé les populations de plusieurs villages de déguerpir. Depuis lors, on assiste à un déplacement massif de personnes des localités situées sur les axes Tougan-Dédougou, Tougan-Di et Tougan-Toéni informe une source locale à Libreinfo.net.
Dans la foulée, explique notre source, qui est un habitant de la ville de Tougan, des gens des villes de Diouroum, de Bassan, de Diaran, de Kouy, de Moara, de Dissi, ont fui.
« La capitale du Sourou, affirme notre témoin, accueille toujours des personnes déplacées. Elles sont issues des localités où les populations ont été récemment sommées, toutes, de déguerpir. Les habitants de Diouroum, village situé à une dizaine de km du chef-lieu de la province, ont fui vers la ville de Tougan le 6 janvier 2023 ».
Cette situation a provoqué une réunion urgente du Comité provincial de secours d’urgence (COPROSUR) du Sourou sous la présidence du Haut-Commissaire, M. Salif Traoré, déclare notre source.
En seulement 72 heures, la situation humanitaire se présente ainsi qu’il suit ce 8 janvier : 170 ménages dénombrés au secteur 7 de Tougan, nombre qui, dit-elle, peut évoluer à tout moment.
Plus de 1520 personnes dont 912 enfants et 258 femmes, sont logées dans des familles d’accueil, certaines en location et la majorité sans abri dans le seul secteur 7 de la ville.
Entre autres recommandations, le comité suggère la mise en place d’une cellule de communication et de veille; l’appel à contribution pour l’assistance des déplacés internes et l’harmonisation des interventions pour plus d’efficacité sur le terrain.
« D’autres personnes déplacées internes sont actuellement logées dans des écoles avec l’accord des responsables de l’éducation en attendant les services de l’action humanitaire. Certaines sont dans des familles d’accueil» ajoute cet habitant qui indique que la situation sécuritaire au niveau du Sourou est assez préoccupante.
Il poursuit que la reprise des « cours initialement prévue pour le 5 janvier 2023, a été repoussée, probablement au lundi 9 janvier 2023.»
Tougan est « la seule localité de la province où l’administration publique fonctionne».
Mais depuis décembre 2022, la zone est en proie à l’insécurité.
« La ville a subi sa première attaque terroriste le 1er décembre 2022. Une attaque repoussée d’ailleurs par nos vaillantes Forces de défense et de sécurité avec comme bilan un soldat tombé et au moins 6 morts côté ennemis» assure notre interlocuteur qui poursuit que « les terroristes ont été mis en déroute très tôt dans la matinée du 31 décembre dernier. Mais la ville entame difficilement la nouvelle année 2023».
La crise sécuritaire a bien évidemment eu un impact sur le plan économique. Les activités commerciales ne fonctionnent plus comme auparavant à cause de la psychose au sein de la population.
« En réalité, à partir de 19h-21h les gens ferment leur boutiques et autres lieux de commerce par peur. Une flambée des prix des produits de première nécessité est constatée. A cela s’ajoute la pénurie de carburant dans la ville suite au détournement de camions citernes à destination de la localité. Seules deux stations d’essence sont fonctionnelles sur les 6 de la ville de Tougan» soutient notre source.
Pour rassurer la population, des FDS et des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) sont visibles un peu partout dans Tougan indique notre témoin.
Selon ce dernier, de gros efforts sont fournis sur le terrain en matière de sécurisation au quotidien pour permettre à la population de vaquer à ses occupations.
La région de la Boucle du Mouhoun a connu, ces derniers jours, une recrudescence des exactions terroristes qui ont coûté la vie à des civils.
Parmi ces civils, l’abbé Jacques Zerbo, un prêtre de 67 ans, enlevé et assassiné le 2 janvier 2023 à Soro ; puis, le lendemain 3 janvier, Adama Kékélé, un enseignant, tué par des hommes armés dans le nord-ouest du Burkina Faso.