L’année 2022 a été marquée par le bouleversement du secteur économique au Burkina Faso. De la fermeture de sites miniers à l’inflation galopante en passant par la flambée des prix des produits de première nécessité et des engrais, les Burkinabè ont été suffisamment éprouvés. Libreinfo.net fait un récapitulatif des faits économiques saillants de l’année 2022.
Le contexte sécuritaire difficile au Burkina et la guerre en Ukraine ont eu des impacts négatifs sur la situation économique des populations. Les Burkinabè ont ainsi assisté à l’augmentation fulgurante des prix des produits de première nécessité.
C’est dans ce contexte de vie chère que le gouvernement avait autorisé, le 11 mai 2022, l’augmentation des prix des hydrocarbures. Cette première hausse était de 100 FCFA sur le litre d’essence et de gasoil.
Dans le sillage du prix du carburant, les prix des produits dérivés de l’essence et du gasoil comme ceux des transports en commun ont augmenté.
Les gérants des boulangeries ont également augmenté le prix de la baguette de pain qui est passé de 125 FCFA à 150 FCFA. Ce qui était une première du genre depuis 5 ans.
Pour soulager les producteurs confrontés à une flambée des prix des engrais à cause de la crise en Ukraine, le gouvernement a subventionné à plus de 72 milliards F CFA l’engrais pour la culture du coton au titre de la campagne agricole 2022-2023.
Selon le ministre en charge du Commerce d’alors, M. Abdoulaye Tall, hors subvention, le prix de 50 kg de l’engrais NPK serait d’environ 35 000 FCFA ; le gouvernement a décidé de le subventionner pour que le sac soit vendu aux cotonculteurs à crédit à 16 000 F CFA.
Trois mois après, une nouvelle hausse avait été appliquée sur le litre du carburant. Le super 91 passait de 715 F CFA à 750 F CFA, soit un bond de 35 F CFA, et le gasoil passait de 645 F CFA à 675 F CFA, soit 30 F CFA d’augmentation.
« En l’espace de trois mois, une augmentation de 135 FCFA sur les prix des hydrocarbures avait été constatée, « l’une des plus importantes en l’Afrique de l’Ouest», s’indignait M. Adama Bayala, Président du Réseau national des consommateurs du Faso (RENCOF).
Le Burkina exclu du programme américain MCC
Suite au coup d’Etat perpétré le 24 janvier 2022 par le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba contre le président élu Roch Kaboré, le gouvernement américain avait mis un coup d’arrêt au deuxième programme de développement en faveur du Burkina Faso, le Millenium Challenge Corporation (MCC).
Ce second compact était doté d’une enveloppe de 450 millions de dollars (environ 278 milliards de FCFA) et devait changer le visage du secteur de l’énergie, à terme, avec pour objectifs, entre autres, : la réduction du coût du service de l’électricité et l’accroissement de l’offre.
Suspension du Burkina de l’AGOA
Un mois après le second putsch du 30 septembre 2022, mené par le capitaine Ibrahim Traoré, une seconde sanction des Etats-Unis tombait : le Burkina Faso avait été suspendu de l’AGOA (African Growth Opportunities Act).
Il s’agit d’un accord commercial et économique qui lie les pays africains aux Etats-Unis et qui vise à faciliter l’exportation des produits africains vers les Etats-Unis. La décision avait été prise le 2 octobre 2022 et est entrée en vigueur dès le 1er janvier 2023.
« J’ai pris cette décision car j’ai déterminé que le gouvernement du Burkina Faso n’a pas mis en place, ou fait des progrès continus en vue d’établir le respect de l’Etat de droit et du pluralisme politique », avait justifié le président américain M. Joe Biden.
La production minière en baisse de 15,3% en 2022
Le secteur minier, principale sève nourricière de l’économie du pays depuis 2009, est l’un des plus touchés par la crise sécuritaire actuelle.
Le pays avait enregistré une production annuelle de 62 tonnes d’or en 2020 et 66 tonnes en 2021. Ces résultats reluisants ont été mis à rude épreuve en 2022, car la production annuelle a connu un recul de 8,504 tonnes soit une baisse de 15,3% par rapport à 2021.
En plus de cela, sur 17 mines industrielles que possède le pays, seulement 9 sont fonctionnelles. 4 mines sont définitivement fermées et 4 autres sont en arrêt ou en difficultés d’approvisionnement.
Pourtant, le secteur a contribué à 16,2 % au Produit intérieur brut (PIB) et à 83,90% aux recettes d’exportation du pays, selon le président de la chambre des mines M. Adama Soro. Ce secteur crée environ 10.000 emplois directs et 51.000 emplois indirects.
Le budget de l’Etat exercice 2023 a été adopté à l’unanimité, le 24 décembre 2022, à Ouagadougou, par les 71 députés de l’Assemblée législative de Transition.
Les prévisions de dépenses sont évaluées à 3 235,9 milliards de F CFA avec 2 074,6 milliards de F CFA de dépenses ordinaires et 1 161,3 milliards de F CFA de dépenses. Le déficit budgétaire s’élève à 604,7 milliards de F CFA.
C’est dire que la crise semble s’enraciner au Burkina à cause des menaces terroristes. D’ailleurs, la part du budget allouée au secteur de la défense et de la sécurité est de 28,42%.