Bref séjour au Mali de Faure Gnassingbé, président du Togo et médiateur officiel dans le brûlant dossier des 46 militaires ivoiriens à Bamako, hier 4 janvier 2023 après que le couperet judiciaire tombé sur la tête de ces derniers, et même des 3 soldates libérées en septembre, avec respectivement 20 ans de prison et la peine de mort par contumace.
Courte visite mais qui revêt un caractère capital, car c’est depuis le 10 juillet dernier une affaire étatique sur laquelle calent les relations ivoiro-maliennes. Après moult négociations, déplacements, de tentatives de chantage, on avait vu dans l’accord signé la veille de Noël, une embellie, du moins, un grand pas dans la levée d’écrou de ces 46 militaires ivoiriens qui rongent leurs freins en prison depuis 6 mois. D’aucuns s’étaient même mis à ébaucher une possibilité qu’ils puissent réveillonner le 31 décembre avec leurs familles, d’autant que ledit accord a été paraphé en présence des 2 ministres des Affaires étrangères du Togo (Robert Dussey), malien (Abdoulaye Diop) et surtout du ministre de la Défense ivoirien et frère cadet du chef de l’Etat de Côte d’Ivoire, Téné Birahima Ouattara, alias «Photocopie». Un espoir grandissant en ce 31 décembre 2022, lorsque Assimi Goïta, s’apprêtait à dire ses vœux de Nouvel an.
Et si l’occasion était belle pour une grâce présidentielle de sa part ? Chacun était suspendu aux lèvres du président de la Transition du Mali, ce 31 décembre 2022, attendant la phrase qui soulagera.
Cette grâce présidentielle ne viendra jamais. Déception, colère et incompréhension du côté de la lagune Ebrié, car au même moment en ce 31 décembre, Alassane Ouattara, affirmait lors des mêmes vœux de 2023, qu’il était confiant que ses compatriotes militaires verront le jour rapidement. Hélas, il fallait se rendre à l’évidence, les 46 militaires ivoiriens ont été condamnés et apparemment, soit il y a eu un grain de sable qui a détraqué la machine diplomatique, d’aucuns parlent de l’ultimatum de la CEDEAO, qui aurait fouetté l’égo et la fierté de Goïta qui aurait décidé de n’en rien faire. D’ailleurs, dans la capitale malienne, on dit préférer la médiation togolaise à celle CEDEAO. Soit Bamako a décidé tout bonnement d’ignorer l’Accord, de faire un pied de nez à cette même CEDEAO avec laquelle, il a des comptes à solder.
La justice est donc passée par là, mais point de grâce présidentielle espérée. Hier donc, c’est en costume de sapeur-pompier des dernières flammes qu’a atterri Faure Gnassingbé qui a embarqué avec Assimi Goïta, cap sur la colline du pouvoir pour démêler le dernier écheveau de cette histoire.
Qu’ont abouti Faure et Goïta ? Derniers réglages avant la libération tant souhaitée ? Lesquels ? Qu’est-ce que Bamako exige avant que le stylo-bille de Goïta ne signe cette fameuse grâce présidentielle ?
En tout cas, tous ceux qui ont vu les 2 présidents émerger après leur cénacle, ont constaté 2 visages déridés, signe qu’enfin, les 46 militaires prisonniers respireront l’air de la liberté et qu’ils pourront rejoindre les leurs d’ici là ? Rien n’a filtré, et le médiateur Faure Gnassingbé n’a rien laissé paraître. Sous réserve de faire d’abord le point à Alassane Ouattara, qui se chargera d’annoncer la Bonne nouvelle, si c’est le cas. En attendant, c’est avec expectative et angoisse que les familles regardent et tendent l’oreille à la moindre info relative à leurs parents perclus dans une prison bamakoise.