Koudougou : construit à plus 40 millions de FCFA entre 1963-1964, le palais présidentiel de Maurice Yaméogo tombe aux oubliettes

Publié le mardi 3 janvier 2023 | Libreinfo.net

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Koudougou : construit à plus 40 millions de FCFA entre 1963-1964, le palais présidentiel de Maurice Yaméogo tombe aux oubliettes

Dans la cité du Cavalier rouge située à près de 100 km de la capitale Ouagadougou, le palais privé du premier président de la Haute-Volta, Maurice Yaméogo, construit dans les années 60, est tombé aux oubliettes. Membres de famille, populations de ville assistent «indifféremment» à un délabrement de ce building qui a pourtant coûté plus 40 millions de francs CFA à l’époque. L’on se demande pourquoi cet immeuble, aussi symbolique qu’historique, est laissé pour compte. Pour les membres de la famille du président, il s’agit d’une question de moyens, car, « la réhabilitation de ce palais nécessite des milliards » .

Par Daouda Kiekieta

Érigé en 1965 au quartier Dapoya de Koudougou, le palais du premier Président de la Haute Volta Maurice Yaméogo brille aujourd’hui par sa vétusté. A l’époque, cette grande bâtisse qui se distingue par son originalité architecturale a coûté 44 millions FCFA à son propriétaire.

Une somme colossale à l’époque, qui a été acquise par un prêt bancaire contracté à titre privé par Maurice Yaméogo avec une institution financière française.

Une piscine située à l’extrême droite de l’entrée Ouest, une grande salle de conférence, une terrasse, la cour du palais avait tout ce qu’il faut pour offrir une « vie paisible » à un président destitué par une insurrection populaire le 3 janvier 1966.

Cependant, ce luxe d’antan a fait place à un dépotoir où tous les déchets y sont versés. De loin, on y voit une maison abandonnée avec des ouvertures et fenêtres enlevées. A l’intérieur du palais, on peut apercevoir des groupes électrogènes rouillés, des œuvres d’arts abandonnées.

Avec notre guide du jour, Guillaume Yaméogo, nous avons voulu, en cette matinée du 30 septembre 2022, toucher du doigt la réalité de ce qui reste de l’ancien palais du feu Maurice Yaméogo.

Mais certains coins de la cour dans laquelle trône le palais sont envahis par des herbes. C’est un euphémisme que dire que ce building est laissé aux oubliettes. Les espaces de loisirs comme la terrasse, la piscine sont inaccessibles à cause des herbes.

« Où se trouve la piscine ? » , interrogeons-nous curieusement à notre guide. « Vous voulez voir la piscine ? » . « Ce n’est pas prudent, il y a trop de reptiles sur le passage » , nous répond M. Yaméogo. « Effectivement, nous avons même tué deux reptiles ici la dernière fois » , renchérit une dame qui était parmi nous.

Les raisons du délabrement du palais
Pourquoi une telle résidence aussi symbolique qu’historique est tombée aux oubliettes ? Pourquoi la famille Yaméogo n’a pas entretenu ce palais après le décès de Maurice Yaméogo ? Autant de questions que nous nous sommes posées.

Pour certains, comme Guillaume Yaméogo, notre guide de ce jour, l’État devrait prendre en main la gestion du palais pour peut-être le transformer en un site touristique ou en faire une utilité publique. Car, « aux premières heures de la révolution, le palais a été confisqué par l’Etat avant de servir par la suite pour abriter un camp militaire » .

Pendant la révolution, la question était sensible. « Il suffisait d’être Yaméogo et vous êtes considéré comme réactionnaire », affirme Benjamin Yaméogo, neveu du président Maurice Yaméogo

Selon lui, « le palais a été rétrocédé à la famille par l’Etat dans un état de délabrement avancé ». C’est donc par manque de moyens que le palais n’a pas été réhabilité jusqu’à ce jour, dit-il.

Mieux, il explique que le remboursement du prêt contracté pour construire le palais a été fait par saisine d’un bien immobilier du Président Maurice Yaméogo, plusieurs années après sa construction.

Il révèle que, l’initiative de la construction du palais a été prise lors d’une visite de Maurice Yaméogo à Paris.

« Le palais devrait accueillir le président De Gaulle. Mais malheureusement, le président De Gaulle n’a jamais mis pied dans ce palais ». Néanmoins, d’autres présidents comme Félix Houphouët-Boigny, ancien président de la Côte d’Ivoire ont été reçus au palais.

Le palais reste quand même fréquenté, malgré son état
Malgré l’état dans lequel se trouve le palais, « des étudiants et des élèves viennent souvent réviser leurs cours » , nous confie Guillaume Yaméogo.

En plus de cela, le palais vétuste abrite un restaurant géré par une dame du nom de Lydie Eudoxie Semdé. Madame Semdé y fait de la restauration depuis 6 ans dans un bâtiment annexe situé juste à l’entrée Ouest de la cour du palais. L’espace lui a été donné par la famille Yaméogo.

Sous des arbres ombragés, aménagés autour de la salle de conférence, de dizaine de poulets sur des grillades, des marmites sur les foyers, le restaurant de madame marche bien.

Elle affirme recevoir chaque jour en moyenne 50 clients. Madame Semdé dit remercier la famille Yaméogo et tous ceux qui ont facilité les démarches pour qu’elle obtienne cet espace .

Quel avenir pour ce palais ?
Selon les membres de la famille, des projets sont en cours pour mieux exploiter le palais. M. Benjamin Yaméogo rassure « qu’il est prévu « la construction de boutiques tout autour. La famille a également un projet de “partenariat public-privé (PPP) ” concernant le palais ».
Pour l’instant, la famille dit ne percevoir « aucune centime » auprès de ceux qui ont des boutiques ou des locaux dans l’espace du palais.

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