Sur les réseaux sociaux et un peu partout dans les villes du Burkina, une floraison de vente de « secret de femme » produit censé donner plus de « goût » au vagin voit le jour. Des femmes « soucieuses » de leur couple veulent surprendre leur mari, « pimenter » leur vie sexuelle de couple pour « empêcher » leur mari d’aller voir ailleurs. “Secret de femme” se vend visiblement bien et les vendeuses de ce produit « miracle » se frottent les mains grâce aux groupes WhatsApp, Facebook et autres boutiques louées à cet effet.
« Secret de femmes » est un ensemble de soins intimes supposé donner le maximum de plaisir aux hommes. Et elles sont nombreuses ces femmes qui utilisent les produits intimes malgré la dangerosité de ces produits chaque fois rappelée par les services de santé. Selon elles, ces produits sont utilisés pour retenir monsieur à la maison. La pratique est un mal nécessaire selon certaines femmes.
Les produits vendus sous des noms codés : « Pimenter le foyer », « V.. Serré » ou encore « Toto sucré », plusieurs noms de produits pour avoir un mari qui prend du plaisir à vous désirer. Cette pratique, on la retrouve partout dans le monde.
C’est devenu un business rentable et plusieurs femmes qui ont saisi l’occasion vendent « secret de femme ».
Auparavant, “secret de femme” était une gamme de produits qu’on pouvait avoir au marché chez les tradipraticiens mais aujourd’hui, ce produit se retrouve dans des boutiques spécialement ouvertes à cet effet et la vente en ligne sur les réseaux sociaux n’est pas en reste.
En fait, “secret de femme” se présente sous plusieurs formes notamment en kit ou en comprimé unique, et ce, en fonction des vendeuses. C’est devenu même une culture pour certaines catégories de femme dans certaines localités.
vente de “secret de femme”, un véritable business
Dans certains groupes communautaires, avant le mariage la jeune fille doit passer par des soins afin que sa lune de miel soit un succès. Un véritable business s’est créé autour de cette pratique. Et des femmes se frottent les mains.
Parmi elles, dame Ouédraogo, au quartier Cissin de l’arrondissement 6 de la ville de Ouagadougou. Dame Ouédraogo, elle fait ce business depuis un an.
« Je me suis lancée dans la vente des secrets de femmes l’année passée grâce à une amie. Comme je n’avais pas d’activité, cette dernière m’a proposé de l’aider à vendre ses produits, j’ai accepté et à force de vendre petit à petit j’ai pris goût et j’ai même trouvé un circuit de vente. Ce sont des produits qui aident beaucoup la femme dans son foyer et c’est vraiment rentable » m’a-t-elle confirmé.
Et contrairement à d’autres, cette vendeuse opère sur les réseaux sociaux. Et les commandes pleuvent dans la confidentialité. Sa clientèle est diversifiée et pour elle c’est une activité rentable.
« Je reçois beaucoup de clients ou clientes dans mon inbox. Des jeunes filles qui cherchent le mariage, des femmes mariées et même des hommes qui viennent chercher des kits pour leurs épouses. Je peux avoir surtout pendant les fêtes beaucoup de personnes. J’ai commencé avec 50.000f. Avec un tel budget en fonction de ta clientèle, tu peux avoir un bénéfice de 50 000f à 100.000f par mois » relate-t-elle.
Et de renchérir : « Moi je fais ma vente dans les kits. Un kit complet peut contenir plusieurs astuces à la fois, un kit peut comporter des produits tels que « petits bandits », les sirops appelés scorpions, des encens de bonheur et « bonbon sucré », cristaux de menthe et bien d’autres ».
Selon ses dires, pour passer une commande, c’est très facile : « Je publie mes produits sur ma page Facebook puis mes abonnées consultent le site, dès qu’ils ou elles perçoivent un produit qui les intéresserait, la personne me contacte automatiquement en priver et la transaction commence ».
Dans ce commerce, elle n’est pas seule raconte- t- elle : « Je me fais aider par un frère qui est chargé des livraisons. Dès que les commandes passent, il sort et procède à la livraison. Les livraisons vont de 500f à 1000f en fonction de la distance. Cela lui permet donc de se faire de l’argent. Je lui donne du carburant par mois et il encaisse les frais de déplacement. Ce qui lui permet de s’occuper et d’avoir une activité énumérée ».
Et d’ajouter : « je rêve d’ouvrir ma boutique et d’employer beaucoup d’autres personnes ».
« Vous savez, dit-elle, ce commerce me permet d’aider mon mari dans les dépenses et moi-même d’avoir de l’économie de côté ».
A des kilomètres de là, à la zone 1, nous allons à la rencontre d’une vendeuse du nom de Maya. Elle dispose d’un local très bien plein d’articles pour rendre la femme irrésistible à son homme.
Une boutique située aux abords de la route. Elle fait aussi sa vente sur les réseaux sociaux notamment sur Tiktok. Son envie de faire du business est un rêve d’enfance.
« C’est un rêve de petite fille qui s’est réalisé parce que j’avais ce projet en tête depuis belle lurette, en classe de CM1 ou CM2 dirais-je et j’étais pressée de grandir pour pouvoir mettre mon activité en place. J’ai grandi et je l’ai fait. Au départ, je faisais une vente en ligne 2014-2015. C’est autour de mai 2015 que j’ai quitté le virtuel au réel. Ma première boutique, je l’ai ouverte le 15 mai 2015 » confie à Libreinfo.net dame maya.
Aujourd’hui, elle expédie ses produits un peu partout et ouvre une boutique. « Nous expédions aussi. Nous avons des clients d’un peu partout notamment sur la côte d’ivoire, nous avons une boutique au Mali, nous expédions sur Dakar, Belgique etc. Il y a même de nouveaux arrivages de produit qu’on appelle mari pleure, nous avons des gels intimes nous avons des plantes pour rétrécir l’entrejambe de la femme ».
Et comme produit il y a n’en de toute sorte et chacun y va de sa préférence selon Dame Maya « c’est une boutique de divers articles qui est plus accentuée sur les secrets de femmes, le bien être intime de la femme et le bien être en générale c’est à dire corporel. Il y a les senteurs Deo, les parfums de maison et tout ce qui renforce la femme dans son foyer », explique dame maya
Avec la capacité de ces différentes boutiques, elle emploie des jeunes venus de Bobo Dioulasso et de la capitale Ouagadougou pour la bonne marche de son commerce de secret de femme.
« J’ai commencé avec deux filles, aujourd’hui je suis à six filles qui sont réparties selon les tâches de chacune. Certaines montent le matin et descendent vers 14h et un autre groupe prend le relais. D’autres sont chargés des livraisons. Pour la livraison, trois personnes sont là pour ça » poursuit-elle.
Ce travail créé de l’emploi et permet de réduire le taux de chômage selon ses propos. « Beaucoup d’entre elles n’avait pas d’activité rémunératrice. Avec ce travail, elles ont un salaire par mois qui va de 30.000f à plus. Dans ma boutique tout est coordonné, il y’a celles qui font la vente, celles qui livrent et moi, je m’occupe de la communication ».
A la question indiscrète de savoir combien dame Maya perçoit comme budget chaque mois ou à la fin de chaque année. Elle s’est donnée le droit de ne pas répondre à cette question.
Les articles de ces deux commerçantes viennent de partout, notamment du Burkina Faso, des arrivages du Sénégal et du Mali. Chez dame Maya nous avons eu l’opportunité de rencontrer une cliente qui nous explique son quotidien avec l’utilisation du secret.
Recourir à ses pratiques pour sauver son couple
Adjaratou, nom d’emprunt de la cliente, est une jeune mariée depuis un an. Mère d’une petite fille. Elle dit recourir à ses pratiques pour sauver son couple.
« J’ai commencé à utiliser ces produits parce que j’ai entendu dire que ça rend la femme bonne et sensuelle. Partout les filles comme les dames mariés l’utilisent et ne pas recourir à ça c’est comme si tu ne voulais pas le bien de ton couple » dit-elle.
« Mon mari dit souvent ne pas aimer ces produits pourtant quand je l’utilise il adore. Mais je le fais à son insu. Je dépense beaucoup d’argent dans ces secrets. Je ne peux pas vous donner une somme fixe mais toutes mes économies je les mets dedans. J’achète souvent des lots de 7.500f ou 15.000f. Quand j’ai de l’argent, je varie mes achats à chaque nouvel arrivage. Et cela a rendu mon couple plus harmonieux. Je le fais depuis mon mariage il y a 5 mois, je m’approvisionne à chaque fois que je sens le besoin ». a-t-elle déclaré
Quant à Nadia, une de nos connaissances depuis l’université, dit recourir à cette pratique. Selon elle, c’est une pratique inculquée à toute fille depuis son jeune âge dans sa communauté.
« Je suis malienne et je vis à Bobo Dioulasso, là-bas c’est notre quotidien. J’ai un budget destiné spécialement à ces produits. Moi je ne joue pas avec les secrets de femme, c’est une question de survie, je peux mettre la somme de 25000f sans problème. L’essentiel c’est être bien dans mon corps. Je suis toujours étudiante je prélève la somme dans mon argent de poche ou souvent c’est mon copain qui me le donne». Et de conclure: « il est important de se sentir bien dans son corps ».
Des produits efficaces
Le business des secrets de femmes est rentable selon les deux vendeuses, dame Ouédraogo et Maya. De plus en plus de femmes les utilisent et le business crée de l’emploi. Elles sont nombreuses ces femmes sur les réseaux sociaux à en faire la vente.
Rare sont ces gens qui se plaignent de l’inefficacité de ces produits. Et ces dames se ravitaillent un peu partout, notamment au Sénégal et au Mali et souvent même dans les pays arabes comme le Maroc et la Turquie.
C’est un business mais il permet de garder son foyer selon Dame Ouédraogo. « Beaucoup viennent me remercier, d’autres aussi disent que ça n’a pas marché. Mais je crois que c’est psychologique. Sur 10 personnes une seule peut venir dire qu’il a essayé et que ça n’a pas marché ».
Détérioration des parois vaginaux de la femme
Les utilisations des différents produits de secrets de femmes sont déconseillées par plusieurs spécialistes. Pour eux, la pratique de secret de femme est dangereuse sur la santé des femmes notamment, la détérioration des parois vaginaux.
Selon les écrits du gynécologue Yacouba Ouattara qu’on peut lire sur les plateformes « ces produits peuvent être sources d’infections et d’ulcération au niveau du vagin ainsi que de scléroses » a-t- il mentionné.
Ils sont nombreux ces gynécologues à alerter les femmes par des écrits sur la dangerosité des produits utilisés. Au titre de ces gynécologues, il y a la société de gynécologues et obstétriciens du Burkina (SOGOB).