Le désamour est acté entre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui ont suspendu ce jeudi 22 décembre dernier leur participation à la commission de suivi du tétraplégique Accord du 15 mai 2015.
Il y a 7 ans, devant la communauté internationale était paraphé cet aggiornamento au forceps que d’aucuns auguraient d’Accord mort-né. Ils n’avaient pas tort ces cassandres, car depuis 7 longues années, cet accord demeure poussif, certains signataires ayant un pied dedans, un autre dehors, pour ne pas dire sabotent cette paix des braves.
Après donc un septennat, les ex-rebelles ont adressé une missive à l’Algérie qui assure la présidence de cette commission de suivi, correspondance dans laquelle ils reconnaissent que de nombreuses concessions ont été faites, mais il n’y a toujours pas d’actes concrets. En clair, les 5 piliers qui soutiennent la voûte de cet accord demeure fragile. Il s’agit notamment de : l’introuvable Etat dans de nombreuses localités du Mali, la décentralisation de l’Etat est inexistante, le DDR (désarmement démobilisation et réinsertion) reste un vœu pieu, le développement du septentrion épicentre du terrorisme, et le retard dans l’avènement des réformes institutionnelles, notamment une nouvelle Constitution.
Pour ces ex-rebelles qui se sont retirés momentanément du suivi de cet accord, les militaires au pouvoir après le double coup d’Etat tardent à poser les jalons d’un véritable processus à l’application intégrale de l’Accord d’Alger. Et si tous les acteurs signataire dudit consensus ont suspendu leur participation, c’est qu’ils veulent un endroit neutre pour redéfinir un Accord consensuel viable et applicable rapidement.
A la vérité, depuis 2015, CMA, Bamako et Gatia (mouvement armé pro-gouvernemental) s’accusent mutuellement du non-respect de cet armistice, chacun accablant l’autre de souffler sur les braises de la violence.
C’est un caillou dans les pataugas du président de la Transition Assimi Goïta qui hérite certes d’une situation qui date d’IBK, mais le fait qu’il ait justement perpétré son double putsch sur cette faiblesse insigne sécuritaire, ce constat en partie que le terrorisme était statique et l’inertie qui caractérisait la gouvernance, il prend en même temps comme legs ce brulant dossier de l’Accord d’Alger.
Il doit le gérer avec tact, d’autant que Barkhane parti, la MINUSMA malmenée et les Kalibas étant toujours actifs et l’absence de l’Etat prégnante dans des pans entiers du territoire, avec ce qui fait ce qu’ils peuvent les FAMA et Wagner, avec ce maestrom sécuritaire, cette nouvelle posture des ex-rebelles n’est pas un bon signe pour la transition militaire au Mali.
Si d’aventure tous ces groupes devaient retourner sur le sentier de la guerre, ce serait encore un souci majeur supplémentaire pour les maîtres de Koulouba dont la mission première justement est de sécuriser le territoire. Quel territoire neutre pour redéfinir un nouvel Accord entre les frères ennemis maliens revendication matricielle des ex-rebelles ? Quelle solution disposent les militaires maliens pour apaiser ce front qui n’a jamais véritablement cessé d’être incandescent ?