Les pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont décidé, le dimanche 4 décembre 2022, de la création d’une force régionale pour lutter contre le terrorisme. Pourtant, quelques jours plutôt, des pays ouest-africains, membres de cette même CEDEAO, s’étaient réunis dans la capitale ghanéenne pour un sommet dit de l’Initiative d’Accra afin d’opérationnaliser une force conjointe censée lutter contre le terrorisme. Deux forces contre le terrorisme créées dans un même espace, avec les mêmes acteurs pour quelle efficacité ?
L’Initiative d’Accra repose, principalement, sur trois axes : le premier axe est le partage d’informations et de renseignements, le second porte sur la formation du personnel de sécurité et de renseignement et le troisième et dernier axe concerne la conduite d’opérations militaires conjointes transfrontalières.
L’Initiative d’Accra réunit des pays côtiers et sahéliens (Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, et Togo d’un côté et Burkina de l’autre côté) tous membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Elle entend mettre en place une force antiterroriste conjointe de 10 000 hommes avec un budget de 275 milliards de F. CFA. Des pays comme le Nigéria, l’Algérie, le Royaume Uni ont déjà manifesté leur soutien financier et matériel à l’Initiative d’Accra.
La CEDEAO elle-même a annoncé la mise en place d’une force régionale pour lutter contre le terrorisme et les coups d’Etat. Le projet a été adopté le dimanche 4 décembre 2022 à Abuja au Nigeria à l’occasion du 62e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement. Il s’agit de prendre en main leur « propre sécurité » et non plus de s’en remettre à des acteurs extérieurs, avait expliqué Omar Touray, président de la Commission de la CEDEAO.
Dans un contexte où les pays de la sous-région connaissent, individuellement, des difficultés pour répondre efficacement au défi sécuritaire des populations, avoir deux ou plusieurs forces de lutte contre le terrorisme dans le même espace communautaire ne manque pas de susciter des interrogations, notamment celle de la soutenabilité financière et en ressources humaines de celles-ci.
L’accroissement des menaces terroristes contraint plusieurs Etats africains à annoncer le retrait de leurs soldats au sein des contingents onusiens basés, au Mali notamment, pour renforcer la sécurisation de leurs territoires. C’est le cas, par exemple, du Bénin et de la Côte d’Ivoire.
De plus, les moyens financiers constituent un défi pour rendre opérationnelles certaines forces comme celle de l’Initiative d’Accra. Dans ces conditions, les Etats peuvent-ils disposer des ressources humaines et financières suffisantes pour s’engager dans deux ou plusieurs forces conjointes à la fois ?
Les chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest ne gagneraient-ils pas à fédérer les énergies dans un cadre unique pour plus d’efficacité et de soutenabilité ?