Après les responsables des ONG exerçant au Faso, ce sont les membres du corps diplomatique qui ont été reçus par les autorités burkinabè sur la situation sécuritaire dans le nord du pays. En clair, le gouvernement a conseillé à ses partenaires la vigilance face aux risques d’enlèvements. Deux précautions valent mieux qu’une, dit-on. Depuis quelques mois, toute la région nord du pays fait l’objet d’une étroite surveillance militaire afin de parer à toute éventualité. Le Burkina Faso partage une frontière de plus de 1000 km avec le Mali et malgré un déploiement conséquent d’hommes, il n’est pas exclu qu’il y ait des infiltrations.
Les cibles potentielles sont donc averties. C’est tout à l’honneur des autorités d’anticiper et de communiquer sur les risques encourus par les expatriés, cibles privilégiées des preneurs d’otages. Avec les bruits de bottes qui se précisent pour une intervention internationale au Nord-Mali, il n’est pas exclu que les groupes terroristes multiplient les prises d’otages pour faire du chantage. Cependant, il n’y a pas encore lieu de paniquer et c’est tout le sens des assurances données par le ministre des Affaires étrangères aux diplomates accrédités dans notre pays. La situation serait donc sous contrôle. Il faut dire que bien avant le début de la crise malienne, le Nord du Burkina était déjà une zone militaire avec des missions de renseignements essentiellement. Depuis lors, les patrouilles de sécurité se sont multipliées et avec l’annonce de l’envoi de 1000 hommes supplémentaires, on peut dire que le Burkina préfère prendre les devants avant d’être débordé par les événements. Cette situation ne va pas manquer de jouer sur les activités de certaines ONG, voire de certaines unités minières installées dans le Nord et qui sont en train de limiter le déplacement des travailleurs expatriés en attendant que l’orage passe. Le risque d’un ralentissement des activités est réel. Il appartient au gouvernement de donner tous les moyens nécessaires aux hommes du général Traoré, afin de garantir la quiétude des populations et les conditions d’un fonctionnement optimal des unités de production et des actions de développement. Après l’afflux des réfugiés, le Burkina fait face à une menace diffuse, insaisissable parce qu’on ne sait ni quand ni où l’ennemi va frapper. La guerre au Mali a déjà commencé pour le Burkina qui doit sécuriser à tout prix ses frontières, en attendant un éventuel accord de paix ou l’assaut final contre les groupes terroristes. On en est encore loin mais, déjà, on est en plein dans la guerre des nerfs.