Démenti formel du porte-parole du gouvernement, alors que 30 minutes plus tard après ce démenti, le site de la primature se fendait d’un communiqué pour rétablir les faits : cette cavalerie anti-terroriste de la Force multinationale aura pour siège Tamalé, et le Renseignement sera basé à Ouaga (lire communiqué page 2). Ainsi donc, voilà un sommet qui a accouché de quelque chose de tangible.
Avec ces 10 000 hommes, et l’aide du Royaume Uni, de la CEDEAO, de l’UE et de l’UA, la sous-région pourra faire face aux terroristes qui régentent des pans entiers du Burkina et du Mali. On peut aussi se féliciter du temps imparti pour la mise en place de ces «Warriors» anti-terroristes qui seront opérationnels d’ici un mois. C’est un pari, s’il tient la route sera à applaudir.
Car après la mise sur répondeur du G5 Sahel, le départ de Barkhane, et la désarticulation progressive de la MINUSMA, le Sahel et les pays des côtes du Golfe de Guinée, se retrouvent très vulnérables, exposés aux sporadiques attaques de Katibas qui traversent les frontières allègrement, porosité de ces dernières l’explique. Au moment ou se tenait d’ailleurs le sommet de l’initiavive d’Accra, une dizaine de VDP et civils ont été tués à Markoye (Oudalan) et Boala ( après Kaya) au Burkina.
Alors quand on constate qu’un pays comme le Nigéria est disposé à mettre ses forces aériennes et logistiques au service de ces 10 000 hommes qui seront jalonnés, on ne peut que dire qu’à Accra ce 22 novembre, la montagne a accouché. Mieux, les 550 millions de dollars pour opérationnaliser cette force, ont trouvé preneurs, du moins, sur le papier avec des promesses de la CEDEAO, de l’UA, l’UE et de la Grande Bretagne qui seraient prêts chacun à apporter sa quote-part.
Le cas du G5 Sahel incite pourtant à la prudence et c’est ce qu’a fait remarquer le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Kyélem de Tambèla qui explore d’autres pistes lorsqu’il a déclaré «qu’en prélevant par exemple rien qu’une petite somme sur chaque kilogramme de café, de cacao vendu, de coton vendu, de lingots d’or extrait, nous pouvons réunir les fonds nécessaires pour soutenir cette initiative».
Peut-être, pas la totalité, mais une partie, encore faut-il que chaque pays joue franc-jeu. Les producteurs de café, cacao se connaissent, ceux du coton aussi…
Et si le chef du gouvernement s’est montré aussi pratico-pratique, quitte à ne pas respecter les circonlocutions diplomatiques, et a parlé vertement en tençant des partenaires, c’est que ça urge au Burkina, «cela fait 6 ans que le Burkina Faso est attaqué et ça n’émeut ni les voisins, ni la Communauté internationale, l’heure n’est plus aux tergiversations, mais il faut agir». Et le Burkina Faso a commencé avec la conscription des 50 000 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP).
N’empêche que toute guerre a un coût, compter sur soi-même, c’est l’idéal, mais il faut aussi l’appui d’autrui. Ce que ne semble pas partager décidemment celui qui a adopté la logorrhée sankariste, le PM burkinabè, qui a lâché encore que «si cette initiative (d’Accra) ne donnait pas des résultats concrets, le Burkina se réserverait le droit de se retirer …».
Sommet du concret, de la vérité, de l’action, de la prise en main du destin sécuritaire que cette reunion de l’Initiative d’Accra ? Oui, si l’on s’en tient rien qu’à la mise en branle de ce corps expéditionnaire intramuros forte de 10 000 hommes !
Mais qui paie commande ! Les 550 millions de dollars viendraient en grande part d’où ? De la CEDEAO ? De l’UA ? De l’UE ? Du Royaume Uni ? C’est à l’aune des billes que chacun mettra dans la caisse que cette Force sera efficiente ou pas.