Conférence sur le climat : « Les COP se répètent, les engagements se prennent mais très peu sont suivis d’effet », dixit Didier Molisho, du Parlement panafricain
Présent à la 27e Conférence des Nations Unies sur le climat qui se déroule du 6 au 18 novembre 2022, à Sharm el-Cheikh, en Égypte, le président de la commission « ressources naturelles, économie rurale, agriculture et environnement » du Parlement panafricain, Didier Molisho, et sénateur de la République démocratique du Congo, a appelé une justice climatique à l’égard de l’Afrique.
Le Parlement panafricain, en tant organe de l’Union africaine, veut jouer pleinement sa partition dans la lutte contre le changement climatique sur le continent.
« L’action parlementaire doit être de plus en plus importante dans le processus de négociations sur le changement climatique », a indiqué le président de sa commission « ressources naturelle, économie rurale, agriculture et environnement » du parlement panafricain, Didier Molisho, et sénateur de la République démocratique du Congo, lors d’un panel, le 12 novembre 2022, à Sharm el-Cheikh.
Et cela doit se faire dans le cadre d’une justice climatique à l’égard de l’Afrique. « Le message fort que nous lançons est que l’Afrique subit assez les conséquences du changement climatique mais ne contribue pas pour beaucoup au réchauffement climatique ; il est grand temps qu’il y ait de la justice. Tout le monde parle de transition mais cette transition ne peut pas être linéaire, elle doit être différenciée », a-t-il soutenu.
Pour lui, les pays africains doivent bénéficier de ressources suffisantes pour faire face aux effets du changement climatique, mais aussi pour lutter contre la dégradation de ressources naturelles, des forêts, de l’environnement, de la biodiversité. Il est urgent de mettre fin à l’injustice dont l’Afrique est victime. On a vu comment les pays du nord ont mobilisé des ressources pour faire face à la Covid-19, à la Guerre en Ukraine, a fait remarque M. Molisho.
Le temps de l’action
« Mais on a l’impression qu’il y a une sorte de discrimination quand il s’agit de l’Afrique. Certains pourraient même parler de néocolonialisme, d’esclavage. Car, on considère l’Afrique comme source de ressources et non comme un continent où les populations ont droit à la vie », a-t-il déploré.
Et d’ajouter qu’il est grand temps que les engagement pris lors des différents COP soient respectés pour que la réparation de cette injustice soit. « A la COP26, les pays du nord ont promis de doubler leurs engagements financiers en faveur des interventions d’adaptation. Mais ces engagements n’ont pas été tenus. Au niveau du Bassin du Congo, on a promis 500 millions à la République démocratique du Congo pour gérer ses forêts. Mais cet argent n’est pas venu. Les COP se répètent, les engagements se prennent mais très peu sont suivis d’effet », a regretté le parlementaire panafricain.
Pour le sénateur Molisho, sans une solidarité internationale véritable face à l’urgence climatique, l’humanité court à sa perte. « C’est le moment de nous considérer comme frères et sœurs du monde ; sinon, nous allons périr comme des idiots, si nous ne voulons pas être solidaires et considérer l’Afrique comme acteur de ce monde », a-t-il insisté.
En tout état de cause, le parlement de l’Union Africaine va jouer le rôle qui est le sien dans ce combat du continent contre les effets du changement climatique, à travers les processus législatifs des États membres. Car un cadre juridique propice aux actions au plan national, régional et continental est essentiel par la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat, a relevé Didier Molisho.
La création de l’Initiative africaine sur la législation climatique, traduit selon lui, l’engagement du Parlement panafricain de participer de manière efficace au processus de gouvernance climatique mondiale.