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COP27 : Des pays africains partagent leurs expériences en agroécologie

Publié le mercredi 16 novembre 2022  |  Sidwaya
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© Autre presse par DR
Dr Million Belay, Coordonnateur général de AFSA
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En marge de la 27e Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, plusieurs pays ont partagé leurs expériences en matière d’agroécologie, au cours d’un panel organisé par l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (AFSA), en partenariat avec l’Agence du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), le samedi 12 novembre 2022 à Sharm el-Cheikh, en Égypte.

L’agroécologie est et demeure la solution pour l’Afrique d’assurer sa résilience face aux chocs climatiques et aux crises alimentaires qui la secoue. Cette conviction a été exprimée à Sharm el-Cheikh le 12 novembre 2022 dans le cadre de la COP27, au cours d’un panel organisé par l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (AFSA) en partenariat avec l’Agence du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD).

Selon le coordonnateur général de AFSA, Dr Million Belay, l’agroécologie est capitale pour l’adaptation et la résilience des producteurs africains au changement climatique.

La Covid-19, la guerre en Ukraine, les sécheresses et les inondations montrent à souhait que nous sommes dans un monde imprévisible, au point que l’on se pose la question si le système de production agricole convient à ce monde d’incertitude, a-t-il souligné. Pour Dr Belay, l’agroécologie est la solution à ce monde imprévisible. Pour preuve, au Zimbabwe, face à des catastrophes climatiques, l’expérience a montré que les fermiers agroécologiques ont été les moins affectés.

Le responsable de l’unité environnement et changement climatique à la direction de l’exécution et de la coordination des programmes du NEPAD, M. Ababio Kwame, a indiqué que face au changement climatique, l’humanité n’a pas encore trouvé de réponse définitive. Pour lui, la relation agriculture/changement climatique est centrale. L’Afrique doit trouver des réponses adéquates à ses besoins d’aliments pour ainsi assurer sa souveraineté alimentaire. Il n’est pas normal que le continent africain ne produise que 13% de ses besoins alimentaires.

« Ce sont des statistiques catastrophiques », a martelé M. Kwamé. Mais l’Afrique peut mieux faire, en comptant sur les petits agriculteurs, les pécheurs, les éleveurs. Tout le monde est unanime sur le rôle central de la production locale dans le développement. M. Ababio Kwame a dit être optimiste car l’Afrique est un contient solution, pour peu qu’il y ait des investissements pour soutenir les approches spécifiques africaines.

L’expérience de la République Démocratique du Congo (RDC) en matière d’agroécologie a été présentée par Josué Aruna de la Société civile environnementale et Agro-rurale du Congo (SOCEARUCO) et directeur exécutif de CBCS-Network.

Impact sur le pastoralisme

Les communautés locales congolaises ont vite compris l’importance de l’agroécologie et l’ont bien intégrée dans leurs pratiques agricoles, au point que des multinationales de production d’engrais chimiques qui étaient venues s’installer en RDC ont fermé boutique ; les agriculteurs préférant les intrants organiques aux fertilisants chimiques, a-t-il fait savoir.

Cet engouement des petits agriculteurs a influencé l’engagement des décideurs politiques en faveur de l’agroécologie. C’est ainsi que la RDC dispose d’une feuille de route qui est intégrée dans la Contribution déterminée au niveau national (CDN), a précisé le panéliste Aruna. Pour lui, la RDC, avec ses 80 millions d’hectares de terres arables dont seulement 1/10ème mis en valeur, ses 4 millions d’hectares de terres irrigables, ses réserves de biodiversité faunique constituées de 352 espèces de reptiles, 216 espèces de batraciens, 1086 espèces d’oiseaux, 421 espèces de mammifères, plus de 1000 espèces de poissons, ses variétés de produits forestiers non ligneux, constitue une solution à la fois pour l’Afrique et le monde.

Le Cameroun a aussi une bonne expérience agroécologique dans le domaine du pastoralisme qui a été présentée par Ali Aii Shatu, de la communauté des pasteurs et peuples autochtones du Cameroun. Selon elle, la variabilité climatique a des impacts négatifs sur la production animale.

Elle engendre une recrudescence des conflits agropastoraux, une migration massive du bétail causant la raréfaction des produits laitiers, la sécheresse prolongée entraînant une réduction des pâturages causant la mort du bétail. Le changement climatique provoque également source l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, la dislocation sociale et le déplacement de la population pastorale, la destruction des économies locales sur la chaîne de valeur de l’élevage.

Pour Mme Shatu, l’intégration de l’agriculture au pastoralisme permet une meilleure utilisation des ressources agro-pastorales disponibles, évite une nouvelle expansion sur de nouvelles terres ainsi que la dégradation des sols cultivables et améliore la gestion de l’agro-biodiversité.

Combattre l’agriculture industrielle

« En unissant des générations de connaissances indigènes, d’innovations scientifiques axées sur les agriculteurs et les processus naturels d’un écosystème, les systèmes alimentaires agroécologiques peuvent s’adapter à la crise climatique et même aider à la résoudre », a-t-elle souligné. Et d’ajouter qu’au Cameroun, les agriculteurs, les éleveurs, les pêcheurs, les peuples autochtones et les communautés locales utilisent l’agroécologie pour gérer leurs terres de manière durable, produire des aliments nourrissants qui célèbrent le patrimoine culturel et renforcer les marchés et les économies locales.

Mieux, le GIEC reconnaît que l’Afrique peut diriger le monde dans la transition vers des systèmes alimentaires durables grâce à l’agroécologie, a soutenu Ali Aii Shatu. C’est pourquoi, elle recommande de donner la priorité à l’agroécologie, de l’inclure dans les négociations climatiques de la CCNUCC et d’impliquer de manière significative les petits producteurs alimentaires et les communautés autochtones, y compris les femmes et les jeunes, dans les négociations de la COP27 et au-delà et d’orienter le financement climatique vers l’agroécologie.

Dans la même veine, Mamy Hunga de Pelum (Kenya) a souhaité que des financements soient alloués aux petits producteurs, que l’agroécologie soit promue au niveau national et local, avec un accent sur la recherche, le renforcement du mouvement social des petits fermiers. Elle reste convaincue qu’en dehors de l’agroécologie, l’agriculture ne peut répondre efficacement à la crise alimentaire qui secoue le continent.

En tout état de cause, AFSA a été créée pour combattre l’agriculture industrielle en Afrique, a souligné son coordonnateur général. Pour ce faire, elle mène les actions de plaidoyer auprès des acteurs étatiques, des communautés de base, effectue des recherches pour produire des évidences scientifiques sur l’agroécologie et travaille à ce que l’agroécologie soit dans l’agenda des prochaines COP.

En saluant le rôle joué par AFSA, M. Kwame a soutenu que la mobilisation de la société civile africaine est essentielle pour réussir la transition agroécologique.

Mahamadi SEBOGO
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