Moscou et puis Kiev, le périple russo-ukrainien du président de la CEDEAO, Umaro Sissoco Embalo, ces 72 heures lequel périple aura été marqué bien sûr par l’évocation de la guerre entre les 2 pays est un évènement. Même si «cette guerre n’est pas celle de l’Afrique» dixit Macky Sall, au Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité, le continent est en «plein dedans». Alimentairement n’eut été l’intervention onusienne pour faire cingler les bateaux remplis de blé arraisonnés aux ports baltiques pour cause de blocus russe, n’eut été cette intervention, la famine en Afrique aurait été plus désastreuse. En essayant «de rétablir le dialogue entre Kiev et Moscou» selon Embalo, le continent, cendrillon de la fable dans cette histoire joue sa partition, mais aussi joue pour ses intérêts.
Je parle souvent avec Zelensky, tout comme Emmanuel Macron d’ailleurs à ce sujet. «Je suis le deuxième chef d’État africain après le président Macky Sall, président en exercice de l’Union Africaine, à aller en Russie. Je vais non en tant que président de Guinée-Bissau, mais en tant que président en exercice de la Cédéao, pour expliquer à Poutine qu’il est important de parler de paix car le monde est très troublé», a expliqué le président en exercice de la CEDEAO, dira en substance Embalo.
Cette visite intervient après le dernier vote de l’Assemblée générale de l’ONU qui a connu des évolutions dans les choix de certains pays africains. C’est donc en messager de la paix qu’Embalo met les pieds au Kremlin pour tenter de faire plier le président russe. Colombe de la paix avec le Kremlin, mais aussi avec Kiev, car en plus des aliments (blé), il y a les hydrocarbures dont les prix ont d’ailleurs grimpé à cause de cette guerre, l’Afrique et surtout la zone CEDEAO ne peut ignorer qu’elle fait l’objet d’une guerre froide à travers Russie-Ukraine.
En rencontrant Volodymir Zelenski hier mercredi 26 octobre, Emablo sait qu’il croise un président transi par 9 mois de guerre, mais toujours debout. Il emboite d’ailleurs les pas de Macky Sall. Comme son homologue sénégalais l’avait fait, il y a quelques mois, il sait qu’il a la lourde responsabilité de porter la voix d’une partie de l’Afrique aux frères ennemis. Il s’agira aussi pour lui de défendre le continent qui ploie également sous les effets de cette guerre. C’est en somme une visite stratégique qu’il effectue dans cette partie du monde objet de toutes les attentions et inquiétudes. En effet, nul doute que le vote à l’ONU au cours duquel de nombreux pays se sont abstenus de se prononcer dans cette guerre Russe-Ukraine, a été aussi au cœur des apartés de Moscou et Kiev. Embalo a-t-il eu des oreilles attentives de part et d’autre ? Rien n’est sûr ; mais cette visite du président de la CEDEAO vient rappeler que pour la paix, aucun effort n’est superflu.