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Prestation de serment du capitaine IB devant le Conseil constitutionnel : Un fort parfum de sincérité et de Sankara …

Publié le lundi 24 octobre 2022  |  aujourd8.net
Ibrahim
© Autre presse par DR
Ibrahim Traoré investi Président de la Transition
Vendredi 21 octobre 2022, Le Conseil constitutionnel a officiellement investi le capitaine Ibrahim Président de la Transition
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Deux semaines après sa révolution de palais qui a emporté le lieutenant-colonel Damiba, le capitaine Ibrahim Traoré a prêté serment devant le Conseil constitutionnel le 21 octobre 2022.

Une prestation marquée du sceau de la solennité de rigueur en pareil instant et la sobriété … devant un parterre réduit de personnalités, exigüité de la salle exige.

Deux discours ont ponctué la cérémonie notamment celui du président par intérim de cette Haute juridiction, Bouraïma Cissé et celui qui est désormais oint du titre de président de la Transition, chef de l’Etat, Ibrahim Traoré.

1) D’abord, la mercuriale de Bouraïma Cissé a été limpide : la pacification du Burkina, le retour des 1,7 million de Personnes déplacées internes (DPI) dans leurs localités, la réconciliation nationale, la cohésion sociale, sans oublier les élections, autant de travaux herculéens posés sur les épaules du jeune capitaine de l’armée burkinabè.

Lequel a eu le jarret ferme pour s’emparer du pouvoir les 30 septembre, 1er et 2 octobre, un discours dans lequel l’ombre de Thomas Sankara a transpiré puisqu’en guise de conseil-avertissement, il a dit à l’endroit du président de la Transition une tirade de cet illustre autre capitaine qui rebaptisa l’ex-Haute-Volta en Burkina Faso : «Si vous ne faites pas mieux que votre prédécesseur vous n’aviez rien fait».

2) Quant au jeune nouveau président de la Transition, il a dû laisser son discours convenu, pour en improviser du tréfonds de lui-même. Cela ne vous rappelle rien ? Si ce héros dont IB se réclame, même s’il ne le proclame pas aimait les improvisations, comme ce 2 octobre 1987 à Tenkodogo, à 2 semaines de son assistanat, Sankara qui y était pour commémorer le Discours d’orientation politique (DOP) fut contredit (avant même son discours) par Jonas Somé, représentant des étudiants. Sankara qui n’était jamais à l’aise qu’en ces moments, fera un discours au pied levé, pour répondre à cette impertinence estudiantine.

L’Histoire ayant ses façons de se répliquer à certaines dates et certains évènements : 2 octobre 87 Sankara à Tenko- 2 octobre 2022 IB au siège du Conseil Constitutionnel à Ouaga.

D’abord, par les propos venus de son «cœur» devant les grands juges et les personnalités rassemblées pour la circonstance en ce 21 octobre 2022, IB fait du Sankara sans Sankara : pas un pas sans le peuple ! Ensemble, le terrorisme sera vaincu ! «Je me battrai jusqu’au dernier souffle pour mon peuple », laissera-t-il entendre, tout comme Sankara, qui était prêt et même s’est sacrifié pour le Faso. IB terminera d’ailleurs son mot par «La patrie ou la mort, nous vaincrons !».

Ce 21 octobre dans la salle de cette juridiction suprême flottait donc un parfum sankara. Un discours d’IB qui fut d’ailleurs applaudi. A l’inverse de Damiba qui avait affirmé qu’il n’était pas révolutionnaire, IB ne fait pas mystère de son tropisme pour les idéaux de Thomas.

IB semble vouloir emboîter le pas de celui qui disait que la «Révolution est un changement qualificatif de toutes les statistiques». Au demeurant, le même jour du 21 octobre, il bomberdait premier ministre l’avocat Me Appolinaire Kyélem de Tambela, qui lui est notoirement connu comme un Sankariste, il en revendique même l’héritage, et dès sa nomination, une photo de lui sur la tombe de Sankara a circulé sur la Toile, de même qu’un ouvrage sur l’auto-développement prôné et pratiqué par celui qui utilisait la rustique Renault comme… Limousine présidentielle.

Un Premier ministre qui a déjà donné le ton, lors de sa première interview sur les ondes d’une radio de la place, en avouant son caractère «sankarien», en affirmant que le Burkina Faso ne peut pas se développer en dehors de la ligne tracée par Sankara». Le retour à un Etat frugal, avec baisse des salaires des ministres, le nombre de ministres arrêté à 25 par la Charte, «n’atteindra pas ce nombre», foi du nouveau Premier ministre Kyélem, car lui et le président IB se sont déjà accordés sur tous ces aspects, dira-t-il en subtance.

Le MPSR II paraît donc être coloré en rouge. 35 ans après la disparition du père de la Révolution burkinabè, ses idéaux semblent être de retour. Comme en 2014 beaucoup qui sont sortis le 30 septembre, les 1er et 2 octobre, à commencer par IB font du Sankarisme sans avoir connu le président du CNR.

Attention tout de même à vouloir répliquer et appliquer mécaniquement un sanakarisme, désuet et désincarné en certains de ses aspects. 1987 est différent de 2022, les aiguilles du Burkina Faso, ne sont pas vielles de 37 ans. A l’époque, le pays comptait 7 millions d’âmes, il n’y avait pas la Toile, ni Facebook, ni Whatsapp, bref, la Révolution numérique n’existait pas, il n’y avait pas le terrorisme, …

Il est à parier que Sankara vivant et au pouvoir en 2022 aurait changé lui-même et recadré beaucoup de choses. Qu’est-ce qui prouve qu’il ne se serait même pas converti à la démocratie, en passant par le feu du suffrage universel ? L’exemple de son alter ego ghanéen, Jerry John Rawlings est très illustratif : Révolutionnaire, le Flight captain est devenu démocrate, en veillant à mettre le Ghana sur les rails de l’Etat de droit, et depuis plusieurs décennies, le pays connaît des alternances civiles réussies.

C’est pourquoi, si les «fondamentaux» de Sankara (produire ce que nous consommons, et consommer ce que nous produisons, refus de l’impérialisme, refus de mettre le Burkina Faso sous tutelle, compter sur nous-mêmes …), si ces idéaux sont bons à prendre, il faut savoir les contextualiser et ne pas vouloir calquer à l’aveuglette ce qu’il prônait.

C’est à l’aune de cette adéquation entre ces idéaux et les réalités actuelles du Burkina Faso, que l’attelage IB-Kyélem pourra faire bouger les lignes. Tout autre comportement ou discours drapé du Sankarisme plaira, mais ne produira pas de résultats escomptés. Car ces balbutiements de l’Histoire qui semblent frapper le Burkina, CSP1, CSP2, CNR, Rectification, MPSR I et MPSR II ne sont pas toujours source de progrès. Loin s’en faut.

La REDACTION
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