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Le Pays N° 5217 du 15/10/2012

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Hollande au sommet de la francophonie : Un discours, des attentes
Publié le lundi 15 octobre 2012   |  Le Pays


14è
© Autre presse par DR
14è Sommet de la Francophonie à Kinshasa (République Démocratique du Congo)
Vendredi 12 octobre 2012. Kinshasa (République Démocratique du Congo)


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Kabila a eu son sommet de la Francophonie. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il était fier de compter parmi ses hôtes le président français, François Hollande, dont la présence à ce sommet était loin d’être un acquis à un certain moment. L’organisation de grand-messes de ce genre charrie des enjeux énormes. Cela est connu. Abriter des sommets internationaux et recevoir à l’occasion des présidents de pays dont la voix compte dans les grandes instances internationales, constitue, pour certains chefs d’Etat en crise de légitimité, une véritable occasion de redorer leur blason. Mais, la joie de Kabila semble avoir été de courte durée. Son illustre hôte français, lors de ce sommet, ne lui a pas jeté des fleurs. Certes, Kabila peut se réjouir du soutien de la France à son pays dans son combat contre les rebelles du M23 qui seraient soutenus par le Rwanda. Mais, à Kinshasa comme à Paris et à Dakar auparavant, Hollande a tenu un discours ferme en faveur de la démocratie et des droits de l’Homme. Dans cette logique, il a critiqué les manquements aux droits de l’Homme en République démocratique du Congo (RDC). Ce faisant, on peut noter qu’il a dit ses quatre vérités à un Kabila qui aurait probablement préféré un tout autre discours de son hôte d’un jour. En témoigne son air gêné au sortir de l’audience avec Hollande qui a également tenu sa promesse de rencontrer les opposants au régime Kabila. En somme, on aura noté une certaine froideur, en tout cas un manque de chaleur dans les contacts entre les deux hommes, des signes qui en disent long sur l’état de leur relation. C’est l’une des rares fois qu’un chef d’Etat français tient un discours public ferme à son hôte africain dont il décrie la gouvernance. Il est évident que dans ce jeu de rôles, François Hollande qui a, d’une manière ou d’une autre, porté le combat de l’opposition du pays, a su tirer son épingle du jeu. Par rapport à son discours depuis Paris sur la nécessité de l’assainissement des relations entre la France et ses ex-colonies africaines, on peut dire que le président français est resté droit dans ses bottes. Cela est tout à son honneur. C’est peut-être aussi une autre preuve qu’aux yeux du nouveau locataire de l’Elysée, la Françafrique, symbole du rôle sulfureux de la France dans les écarts de conduite, la mauvaise gouvernance de beaucoup de présidents africains, a vécu. Pour nombre d’Africains, c’est bien ce message qu’il fallait tenir non seulement à Kabila, mais aussi à bien des chefs d’Etat du continent. Mais, il ne faut pas se voiler la face. A Kinshasa, on aura vu un Hollande volontaire, aspirant à l’idéal en matière de démocratie pour les pays de la Francophonie. Seulement, son engagement a des limites objectives. Il y a les intérêts français qu’il n’aura probablement pas toujours la force de sacrifier à tous les coups. Il est notoire que dans un pays comme la RDC, qualifiée à juste titre de scandale géologique au regard de ses énormes richesses naturelles, il y a de bonnes affaires à faire pour les grandes puissances mondiales. Et il est bien évident que la France aura à cœur de ménager au mieux ses intérêts. De plus, comme on le sait, la France disposait d’un important moyen de pression sur les pays sous son influence du fait que ceux-ci avaient besoin d’elle comme caution pour l’obtention de financements auprès de certains organismes internationaux. Mais, la consistance de ce moyen de pression se réduit comme peau de chagrin. En effet, avec l’entrée en scène de certains acteurs moins ou pas du tout regardants sur les questions de démocratie et de droits de l’Homme et capables d’octroyer d’importants financements dont le plus emblématique, mais aussi le plus puissant est la Chine, les marges de manœuvre de la France s’en trouvent considérablement réduites. Il ne faut donc pas verser dans un optimisme béat, comptant sur la France seule pour instaurer comme par un coup de baguette magique, la démocratie réelle dans le Berceau de l’humanité envers et contre ses intérêts. C’est dire si les populations africaines, malgré tout le soutien qu’elles sont en droit d’attendre des grandes démocraties, ne doivent pas perdre de vue qu’elles sont et doivent rester les premières actrices des changements démocratiques qu’elles appellent de tous leurs vœux. C’est d’abord et avant tout aux Africains qu’il incombe de jouer à fond leur rôle dans la quête du mieux-être sur le continent, en imposant à leurs gouvernants la conduite à tenir, les vertus à incarner dans la conduite des affaires publiques. Cela, bien entendu, avec le soutien nécessaire de tous les démocrates du monde entier. En tout cas, pour cette première sortie sur le continent africain, Hollande a su faire bonne impression. Son discours brille par sa fermeté. Mais, les attentes restent énormes. Il faut espérer que cet engagement à promouvoir des relations saines, à tenir un langage de vérité dans les relations entre les pays sous influence française, soit sincère, qu’il se matérialise sur le terrain et s’inscrive comme il se doit, dans la durée.

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