Dans le cadre la campagne « ma nourriture est africaine », l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (AFSA) a lancé, au cours d’une cérémonie ligne, le livre « Je mange africain », le dimanche 16 octobre 2022. L’objectif est d’amener le continent à bâtir des systèmes alimentaires basés sur les produits agricoles africains.
Consommer les produits agricoles africains est la seule voie pour l’Afrique d’assurer sa souveraineté alimentaire. Cette conviction est portée par l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (AFSA). Et pour traduire cette vision en acte concret, l’AFSA a lancé, au cours d’une cérémonie ligne, le livre « Je mange africain », le dimanche 16 octobre 2022. Cette activité qui entre dans le cadre de la campagne « ma nourriture est africaine », vise à mettre en valeur et à promouvoir les systèmes traditionnels africains basés sur les produits agricoles du continent.
Plus d’une centaine de personnes issues des quatre coins du continent ont pris part à cette cérémonie virtuelle.
D’un volume de 138 pages, subdivisé en huit chapitres, ce livre est un guide qui « emmène en voyage à travers les fermes, les jardins, les marchés locaux et les cuisines d’Afrique pour vous faire découvrir les aliments et les cultures uniques, délicieux et sains qui composent ce magnifique continent ». Ecrit par le collectif de rédacteurs du Guide aux pieds nus de l’AFSA sur les aliments naturels, l’ouvrage met l’accent sur la façon de cultiver des aliments et de manger sainement en Afrique.
Selon le coordonnateur général de AFSA, Dr Million Belay, la tenue de cette activité est d’une importance capitale pour l’Afrique. Elle donne l’occasion au continent de réfléchir à son avenir, aux voies et moyens pour sortir de sa dépendance alimentaire vis-à-vis de l’extérieur. Pour atteindre sa souveraineté alimentaire, il est urgent que le continent africain revienne à ses sources, à sa culture, à ses systèmes traditionnels, a soutenu Dr Belay.
Et d’ajouter que si l’Afrique fait face aujourd’hui à des défis climatiques, environnementaux, à la perte de sa biodiversité et à des nouvelles maladies (diabète, cancer, obésité, maladies cardiovasculaires, respiratoires, etc.) jadis inconnues du continent, cela est dû à la production et à la consommation des produits alimentaires industriels importées.
« Sortir du colonialisme alimentaire »
Pour le coordonnateur général de AFSA, la revendication d’une souveraineté alimentaire pour le continent est une question de droits humains, notamment les droits des consommateurs, des petits producteurs, des pasteurs, des pêcheurs africains.
C’est pourquoi il a appelé à mettre fin à l’injustice dans le financement climatique dont l’Afrique est victime. Pour lui, l’avenir radieux du continent, indépendant sur le plan alimentaire, réside dans le succès de cette compagne « ma nourriture est africaine ».
Pour John P. Wilson du Zimbabwe, pour atteindre cet objectif d’une alimentation africaine saine, résiliente et durable et de changements d’habitudes alimentaires, il y a lieu de réussir le pari de la mobilisation de tous les Africains. L’objectif de la campagne, a-t-il poursuivi, est de faire connaitre davantage les systèmes alimentaires africains, leurs vertus.
Pour l’activiste nigérian, Nnimmo Bassey, il est urgent que le continent africain sorte maintenant du colonialisme alimentaire, fait d’agriculture de rente et qui consiste à résoudre les problèmes internes par des solutions externes. Il faut abandonner les faux arguments consistant à faire croire que la monoculture industrielle est la réponse pour nourrir l’Afrique, qui connait une démographie galopante, a-t-il souligné. La promotion de l’agroécologie constitue le meilleur moyen pour le contient africain de s’assurer une alimentation saine, une souveraineté alimentaire, a insisté M. Bassey. Selon lui, l’alimentation n’est pas une question isolée ; elle a des implications sociales, culturelles, sanitaires, environnementaux.
Célébrer la culture africaine
Faire le choix des systèmes alimentaires traditionnels africains, c’est célébrer la culture du continent. C’est pourquoi, il appelle les Africains à sortir de la dépendance des engrais chimiques, des aliments importés, des fast-foods, des OGM.
Le professeur Cecilia Moraa Onyango, maître de conférences au département des sciences végétales et de la protection des cultures de l’université de Nairobi, a indiqué que le livre « Je mange africain », offre l’opportunité de former et d’informer les africains sur les systèmes alimentaires du continent qui sont une alternative aux systèmes alimentaires actuels, donne des outils pour produire des nourritures saines et diversifiées, pour aller vers des alternatives alimentaires durables. Rejetant la solution des OGM, elle a laissé savoir que les Africains veulent des solutions aux problèmes africains.
Dans la même veine, Gertrude Pswarayi-Jabson, a fait savoir que la campagne « ma nourriture est africaine » permet de comprendre que la nourriture est vivante, met en symbiose l’homme et sa nature. Ce projet vise à rétablir la connexion entre l’Africain, son environnement et sa culture, qui est différente de la compréhension capitalistique de la nourriture, a-t-elle poursuivi. Pour elle, la nourriture ne résume pas seulement à l’assiette mais toutes ces connexions qu’elle crée.
Tous les intervenants ont reconnu l’urgence pour l’Afrique de retourner aux systèmes alimentaires traditionnels africains, de sortir des idées reçues selon lesquelles les aliments d’origine africaine sont inférieurs aux aliments importés. Et cela passe à l’éducation, surtout des enfants pour les amener à adopter la nourriture du terroir africain.