Les discours de haine, les violences verbales et les campagnes de diabolisation prennent une proportion inquiétante dans la sphère médiatique et sur les réseaux sociaux au Burkina Faso. Le débat d’idées, la courtoisie et le respect mutuel ne sont plus les valeurs les mieux partagées. Cependant, il n’y a pas encore d’actions vigoureuses en face pour contrer ce mal qui ronge à petit feu la cohésion sociale.
Au Burkina Faso, personne n’échappe encore aux menaces verbales d’une certaine frange de la jeunesse. Pas les dirigeants, encore moins les leaders d’opinion.
Que vous soyez anciens, jeunes ou que sais-je, vous êtes facilement identifié et victime d’un langage ordurier, parfois d’incitation à la haine pour peu que vous donniez un avis contraire à celui des nouveaux « maîtres ».
Certains Burkinabè utilisent des avatars derrière les réseaux sociaux pour calomnier, ou appeler à la violence contre d’autres Burkinabè.
S’il était généralement admis que l’incivisme avait atteint son paroxysme dans le pays, on n’avait pas imaginé que cet incivisme allait se muer à de la haine. Progressivement, nous sommes en train de quitter le stade de l’incivisme pour celui de la bêtise humaine.
Malgré les efforts de la brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC) et les multiples procès qui ont abouti à la condamnation de plusieurs jeunes pour leur expression de haine sur les réseaux sociaux, le mal perdure et semble ne pouvoir être contrôlé.
Des procès en diffamation, on en a suffisamment eu ces dernières années, surtout depuis 2014. Malheureusement, il se trouve des Burkinabè tapis dans l’ombre qui tirent du plaisir à organiser des cabales contre d’autres Burkinabè. « Où allons-nous ? » sommes-nous tentés de nous interroger pour paraphraser l’artiste reggaman burkinabè Zêdess.
La propension de ce discours de haine avec son lot de menaces de mort, d’incitation à la violence, de calomnie risque de précipiter ce pays vers le « pire » si rien n’est fait.
Il faut renforcer la régulation dans les médias, audiovisuels surtout, particulièrement les émissions interactives. Il faut trouver, très rapidement, des mécanismes de régulation des réseaux sociaux pour ne pas le regretter un jour.
Il faut multiplier les campagnes de sensibilisation et renforcer la législation contre ce phénomène qui met à mal le vivre ensemble. Le risque d’une catastrophe sociale n’est pas loin.