Dans cette déclaration, Harouna Dicko, celui qui se présente comme « un citoyen épris de paix et de démocratie, qui opine inlassablement pour l’amélioration de la société Burkinabè » suggère au capitaine Ibrahim Traoré d’annuler les Assises des 14 et 15 octobre 2022 et de légiférer par voie d’ordonnance conformément à l’article 5 du nouvel acte fondamental.
« Monsieur le Président,
Je ne suis ni opposant, ni partisan de quelque ancien ou nouveau pouvoir politique que ce soit. Je suis simplement un citoyen épris de paix et de démocratie, qui opine inlassablement pour l’amélioration de la société Burkinabè.
Le chiffre historique de la superficie du Burkina Faso est 274 222 km2.
Mais le 24 octobre 2020, par la Décision n°2020-001/CC/EC le Conseil Constitutionnel a constaté que 17,70% du territoire (soit 48 537 km2) étaient hors du contrôle de l’Etat. Je me suis alors opposé sans succès à la tenue de toute élection avant que le Burkina Faso ne recouvre l’intégrité de son territoire national.
Le 22 novembre 2020, toutes les autres forces vives se sont alors accordées pour tenir des élections sur les 225 685 km2 que l’Etat semblait contrôler. Ces élections au rabais n’ont pas permis l’amélioration de la situation sécuritaire, et le 24 janvier 2022, par une désobéissance militaire, une fraction de notre armée se faisant appeler MPSR, s’est emparée du pouvoir d’Etat en se donnant comme priorité, la restauration de l’intégrité de territoire national.
A la sortie du Conseil des Ministres du 22 juin 2022, le Porte parole du gouvernement MPSR a affirmé que 2/5 (soit 40%) du territoire étaient à reconquérir. Ce qui veut dire qu’à cette date, l’Etat ne contrôlait alors que 164 534 km2.
A la veille du bilan de l’ancien Président du MPSR sur sa mission de reconquête du territoire, une source sécuritaire révélait que les 2/3 (soit 66,66%) du territoire échappaient au contrôle de l’Etat. Donc, lorsque l’ancien Président du MPSR faisait son discours-bilan le 04 septembre 2022, l’Etat ne contrôlait plus que 91 408 km2 sur les 274 222 km2.
Monsieur le Président
Le 30 septembre 2022, le MPSR a démis son ancien Président en vous nommant comme nouveau Président. J’avoue que vous m’aviez rassuré par la pertinence de vos premières décisions contenues dans le communiqué n° 3 et, par la clarté de vos premières déclarations le 1er et le 02 octobre 2022 sur les antennes d’Oméga FM et de RFI.
Cependant, je l’avoue aussi, je me pose aujourd’hui la question légitime du comment faire sereinement l’unité nationale nécessaire au combat pour recouvrer l’intégrité du territoire, cela à cause :
* de la signature le 05 septembre du 2ème acte fondamental du MPSR qui pèche en son article 11, et dont l’article 4 ne dispose pas dans le même sens que vos premières déclarations.
* de la convocation d’assises nationales précipitées pour adopter une 2ème charte de transition les 14 et 15 octobre 2022.
* et, de la présence supposée ou effective publique à vos cotés de certaines personnalités qui se sont négativement illustrées dans l’exclusion.
Afin d’éviter des flottements dans les décisions comme en 2014-2015, je souhaite qu’étant déjà proclamé Chef de l’Etat, Chef suprême des armées nationales, vous vous assumiez pleinement pour réunir toutes les autres fractions de l’armée en vue de faire en trois mois ce qui aurait dû être fait en huit mois comme vous l’avez prétendu. Pour cela je vous suggère entre autres :
- de donner le pourcentage exact du territoire hors du contrôle de l’Etat, afin de pouvoir dans les trois mois, faire un bilan précis de la mission de reconquête du territoire ;
- d’annuler les assises des 14 et 15 octobre 2022 ;
- de légiférer par voie d’ordonnance conformément à l’article 5 du nouvel acte fondamental ;
- d’éviter la restauration d’un quelconque ordre ancien au risque de vous mettre à dos les partisans de tous les autres ordres anciens, comme votre prédécesseur qui a tenté une réconciliation nationale aux forceps ;
- de convoquer un Dialogue National inclusif de vérité dans les trois mois, en vue de la refondation du Burkina Faso.
« Le changement qualitatif de l’ordre politique consiste à établir un nouvel ordre de façon consensuelle, et non rétablir un ancien ordre »