Le 14 novembre 2021, le détachement militaire d’Inata a été la cible d’une attaque terroriste. Une attaque qui avait fait 57 personnes tuées dont 53 gendarmes selon le gouvernement. Plusieurs mois après, beaucoup de personnes veulent savoir ce qui s’est réellement passé, à travers la publication du rapport. C’est notamment le cas de l’unité d’action syndicale qui a été reçue en audience par le chef du gouvernement le lundi 26 septembre 2022.
La deuxième version du rapport sur le drame d’Inata a été remise à l’ancien Président Roch Kaboré le 14 décembre 2021. Depuis lors, c’est silence radio. Pourtant plusieurs voix se sont levées pour demander à ce que l’on situe les responsabilités sur ce qui s’est passé.
En effet, plus de six mois après l’attaque du détachement militaire de cette localité, aucune suite n’a encore été donnée.
Le lundi 26 septembre 2022, le Premier ministre, Albert Ouédraogo, s’est entretenu avec une délégation de l’Unité d’action syndicale (UAS). Plusieurs sujets ont été abordés à cet effet dont la question de la publication du rapport du drame d’Inata.
Le porte-parole de l’UAS, par ailleurs secrétaire général de Force ouvrière, El hadj Inoussa Nana, a fait savoir qu’ils ont profité de cette rencontre pour demander une copie du rapport du drame d’Inata. « Nous avons demandé à avoir une situation sur le rapport du drame de Inata. Même s’il y a des choses qui ont été dites là-dessus, nous avons souhaité qu’on puisse publier ce rapport-là », a-t-il indiqué.
Cette demande de l’UAS vient après l’intervention du Président de la Transition Paul-Henri Damiba, lors de sa rencontre avec les Burkinabè résidents à New-York aux États-Unis. Répondant à une question, le Président a affirmé que le rapport en question montre que le détachement qui a subi l’attaque était ravitaillé en vivres.
« Les gens qui sont allés après l’attaque pour enquêter ont vu le repas là-bas », a déclaré le chef de l’Etat qui soutient qu’«il y avait à manger, il y avait du poisson sec, il y avait des sardines ».
Selon le Lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, dans cette affaire, « tout le monde est coupable ». Et d’ajouter que le commandement, les hommes qui étaient sur la position et ceux qui devaient les relever sont tous coupables. « Tous ces gens peuvent être sanctionnés », poursuit le chef de l’État.
S’adressant à ceux qui s’interrogent sur sa responsabilité dans l’affaire, le Président Damiba a laissé entendre que « ce n’est pas la vérité ». Pour lui, ceux qui citent son nom dans l’affaire d’Inata, « vont fouiller 1000 fois, ils ne vont pas trouver mon nom là-bas ».
Dans un communiqué rendu public en mai 2022, le Tribunal militaire annonçait que « 13 personnes ont été entendues en qualités de témoins, pour des faits susceptibles d’être qualifiés de mise en danger de la vie d’autrui, abstention de porter secours à des personnes en péril, refus d’obéissance ou tous autres infractions que l’instruction viendrait à découvrir ».
Il faut rappeler que le drame d’Inata avait suscité l’indignation au sein de l’opinion publique. Un premier rapport d’enquête sur l’affaire avait été transmis au Président Roch Kaboré. Il avait en son temps rejeté le document pour insuffisance d’éléments en vue de situer les responsabilités. Le rapport a finalement été accepté, le 14 décembre 2021 quelques semaines avant sa chute à la suite au coup d’État du 24 janvier 2022.
Et certains responsables de la hiérarchie de la gendarmerie avaient même été relevés de leurs fonctions, avant d’être rappelés par les autorités actuelles.
Notons qu’après le drame, 22 gendarmes avaient répondu à l’appel et 16 autres étaient toujours introuvables selon une source à libreinfo.net.
Inata est une localité située à environ 70 kilomètres de Djibo, province du Soum dans la région du Sahel.